Voici le témoignage que je peux apporter pour alimenter votre forum et votre réflexion sur la drogue dite douce qu’est le cannabis.
Je suis consommatrice de cannabis depuis 21 ans, en moyenne 6 joints par jour.
J’ai fait la connaissance de cette « merde », que j’appelais de toutes sortes de noms rigolos et sympathiques, lorsque j’ai fait la connaissance de mon mari, qui m’a initié, et j’étais consentante.
Depuis nous avons essayé divers autres substances (y compris des dures qui auraient pu nous détruire plus vite que prévu), toujours à la recherche d’un plaisir artificiel, ou à la recherche d’une thérapie personnelle pour lutter contre notre mal-être.
Nous avons connu grâce à ces substances des plaisirs forts agréables, et des souffrances terribles.
Mais aujourd’hui, à 45 ans, le constat est lamentable, mais bien prévisible, et nous n’avons que ce que nous avons semé : mon mari souffrant de pathologie cardiaque a failli mourir en un week-end, à la suite d’un infarctus aggravé par le tabac, et aussi par le hashish et les autres drogues qui n’ont jamais épargné son cœur. Auparavant, il a fait un séjour en HP, à la suite d’un pétage de plombs lié au hash.
Je suis suivie depuis 5 ans pour dépression nerveuse.
Notre fille âgée de 18 ans a eu une adolescence faite de souffrance.
Nous avons fumé en 20 ans la moitié d’une maison que nous n’avons jamais pu acheter.Loin de mettre sur le compte du cannabis la liste de tous nos ennuis (le mot est mince), je dis qu’il en a été un facteur aggravant, voir le catalyseur et le déclencheur. Il ne nous a aidé en rien, sinon à nous enfoncer dans une gangue qui était déjà bien marécageuse, et qu’il aurait fallu au contraire réagir violemment contre cette toxicomanie.
Lorsque nous déprimions, nous fumions pour oublier, car le hashish (en ce qui nous concerne) nous grise, pas tout à fait comme l’alcool, mais c’est de cet ordre. Mais le plaisir apporté par le H est très fugitif, et oblige à un consommation régulière, et qui va en augmentant.
Biensûr, il n’y a pas de dose létale. Je peux fumer 50 pétards à la suite, au pire je dors ou je gerbe, mais jamais je ne meurs. Sauf, sauf… si j’ai par ailleurs une pathologie grave que ma léthargie va masquer.
Mon mari souffrant de pathologie « maniaco-dépressif-agressif », a fini par voire l’effet explosif de ces mélanges de substances (drogues + antidépresseurs et anxiolytiques), de comportements, de façon regrettable pour toute la famille.
Moi-même j’ai perdu mon boulot (dans la publicité) il y a un an, et je pense honnêtement que la prise de h. a été néfaste et ne m’a permis d’être lucide, prudente et d’éviter le licenciement.
Aujourd’hui, nous sommes dans la galère de fric, (revente de la voiture, épargne transformée en peau de chagrin), nous ne sommes pas plus heureux, et nous sommes toujours dépendants. Nous savons que nous ne pouvons plus acheter de h. d’ici la fin de l’année, sinon c’est la survie de la famille qui en dépend.
Nous sommes incapables de procéder à un sevrage, étant donné que nous nous encourageons mutuellement à fumer, même lorsque nous prenons la résolution de réduire simplement notre consommation. Nous sommes dépendants, toxicomanes. Et nos psychiatres respectifs ne peuvent malheureusement pas remplacer le h. par une autre substance étant donné qu’il savent que nous sommes susceptibles de mélanger avec les médicaments.
Et comme l’état français ne donne pas la possibilité aux toxicomanes du H. de se désintoxiquer aux frais de l’état comme il le fait pour d’autres toxicomanie (tabac par ex.), et qu’on ne peut pas pénaliser d’un côté et aider de l’autre, messieurs dames, démerdez-vous. Vous vous êtes mis dans ce pétrin, fallait pas !
Alors voici le conseil que je donne, et il n’engage que moi :
Ne touchez pas aux drogues, ni aux douces, ni aux dures. Ne croyez pas qu’une consommation légère ou épisodique est inoffensive. Votre organisme, votre psychisme peuvent réagir à ces substances de façon différente d’un individu à l’autre et vous ne pouvez pas être prudent dans ce domaine autrement qu’en vous abstenant d’y toucher.
Il n’est pas nécessaire de faire l’expérience d’une chose pour en être convaincu, on peut écouter aussi la parole des vieux sages (ou singes comme vous voudrez).
Alors, me direz-vous, et ceux qui sont dépendants et jeunes, comment les aider ?.
Bien sûr grâce aux psychothérapeutes qui vous entourent. Ils vous aideront à modifier votre comportement vis à vis de la société, des autres et de la drogue. Par cela ils vous aideront à trouver la volonté d’arrêter, malgré le stress et l’horreur du sevrage qui vous attend.
Mais ils vous aideront simplement, ils n’ont pas de remède miracle.
(Il n’ont pas à leur disposition de centres de désintoxication, et pour cause on condamne le consommateur, alors on ne va pas l’aider à s’en sortir.)
Il ne faudra pas leur en vouloir si avec eux, vous n’arrivez à rien.
En tous cas, pour les fumeurs de longue date, pas d’issue, pas de structure en place pour lutter, bonne chance et on espère que les dégâts ne seront pas trop collatéraux.
Salut.