Désolé, mais vous n’avez pas le droit d’écrire que le cancer de la prostate est rare ! C’est le premier cancer chez l’homme (71500 nouveaux cas en 2010 en France) et la troisième cause de mortalité par cancer après le poumon et le côlon/rectum, avec 8790 décès en 2010 (source Institut National du Cancer). Je conseille aux patients et aux médecins qui vous lisent et suivent vos recommandations de ne pas croire aveuglement ce que vous écrivez. Vous manquez manifestement d’informations sur le sujet du cancer de la prostate !
Par ailleurs, vous avez, je trouve, une vision très curieuse et surtout réductrice du rôle des urologues en matière de cancer de la prostate.
En effet, dans la très grande majorité des cas, en France, les urologues suivent les patients qu’ils opèrent de prostatectomie radicale pendant 5 voire 10 ans, au rythme d’une à deux fois par an. Contrairement à ce que vous affirmez, les urologues savent donc très précisément quel est le devenir fonctionnel de ces patients. C’est aussi le plus souvent aux urologues que ces patients s’adressent lorsqu’il faut prendre en charge d’éventuelles séquelles (injections intra-caverneuses, pose de bandelettes pour l’incontinence). Nous ne faisons donc pas que les opérer sans nous soucier du reste.
D’autre part, la plupart des études récentes (<= 10 ans) sur les résultats des traitements radicaux du cancer de la prostate (prostatectomie radicale, radiothérapie) prennent en compte la qualité de vie des patients et en particulier la continence urinaire et la puissance sexuelle. Vous stigmatisez ces éventuelles séquelles en les qualifiant de "mutilations" ce qui tend à faire croire qu’elles sont systématiques et incurables, ce qui est totalement faux. Il existe en effet des traitements très efficaces tant pour l’incontinence urinaire que pour la dysfonction érectile. Et pour replacer ces conséquences dans leur contexte réel, je vous rappelle que les études récentes révèlent qu’à 12 mois de l’intervention, 78 à 97% des patients opérés sont totalement continents (l’Institut National du Cancer indique que moins de 3% des patients gardent une incontinence définitive) et que 54 à 75% d’entre eux ont des rapports sexuels sans traitement lorsque les nerfs érecteurs ont été préservés lors de l’intervention. Or ceci n’est possible que si la maladie a été détectée à un stade précoce.
Cet échange confirme ce que je pense : vous ne connaissez pas le cancer de la prostate et n’avez que très peu d’expérience de cette maladie. Malgré cela, vous écrivez des articles très orientés et vous vous octroyez le droit de mener une campagne anti-dépistage, sans aucune forme de nuance, ni de prudence. En tant que médecin, cette démarche me choque de la part d’un confrère. Je ne pense pas que mes arguments vous feront changer d’avis. Je souhaite simplement qu’ils feront réfléchir vos lecteurs.