Bonsoir,
Tout est dans la façon de présenter les chiffres. Le nombre de cancers de la prostate ne veut pas dire grand chose : du fait d’un important surdiagnostic, beaucoup de ces cancers n’en sont pas vraiment. Depuis la généralisation des PSA en France, le nombre de cancers diagnostiqués a quadruplé.
En terme de mortalité, le cancer de la prostate représente 3% des causes de décès chez l’homme. C’est peu, et surtout cela touche essentiellement des hommes très âgés, souvent en fin de vie. Le cancer ne fait que hâter un décès qui était souvent proche. Donc, je maintiens que le cancer de la prostate n’est pas un problème de santé publique majeur, et je le constate dans ma clientèle comme la majorité de mes confrères généralistes.
Lorsque le diagnostic est fait à partir de métastases osseuses, vous savez comme moi qu’un traitement médical simple et bien supporté permet de contrôler parfaitement la maladie pendant de longues années.
Vous affirmez que les patients continuent à vous consulter après le traitement et que vous avez une vision précise de leur devenir. Ce n’est pas ce que je constate dans ma pratique, où les patients les plus touchés par les séquelles de la chirurgie finissent pas rejeter les urologues et se débrouillent avec leur généraliste. Mais bon, ce sont des ressentis subjectifs.
Pour ce qui est des séquelles, je suis désolé si j’ai pu laisser penser qu’elles étaient systématiques. Ce n’est bien sûr pas le cas. Vous donnez un chiffre de 3 à 22% pour les troubles de la continence résiduels. La fourchette est large et la réalité se situe sans doute au milieu. Ce n’est pas rien.
Il semble y avoir un malentendu sur cet article : si j’ai mené par le passé des campagnes critiquant ce dépistage, je parle ici d’une décision de l’organisme américain d’évaluation des politiques de prévention sanitaire. Je n’ai pas modifié ni interprété cette recommandation qui confirme, il est vrai, les informations que j’apporte sur internet depuis 10 ans. Il ne s’agit pas d’un billet d’opinion, mais du résumé de ce qui est désormais un consensus international. Je sais qu’il vous déplaît, ainsi qu’à la majorité des urologues (pas tous), mais ce n’est plus moi qui en suis l’auteur.
En matière de nuances et de prudence, je serai toujours mieux pourvu que l’AFU et de ses campagnes pour la "Journée de la prostate" qui ont atteint des sommets en matière de désinformation et de vulgarité.
Les urologues sont bien sûr les mieux placés pour parler du cancer de la prostate, de ses différentes formes et de ses traitements. En revanche, l’expérience m’a montré que leurs connaissances en santé publique et en évaluation des dépistages souffrent de lacunes importantes. Je me sens sur ce point précis tout aussi compétent que la majorité d’entre eux.