Monsieur
Je suis comme vous aussi titulaire des mêmes diplômes de grade master en droit, en droit de la santé et en économie de la santé.
Toutefois, je suis aussi docteur en médecine.
J’alterne régulièrement les missions tous les 3 ans entre fonction administrative de niveau ministériel (conseiller et chargé de mission) et les fonctions de médecin salarié, chef de service.
J’ai aussi une activité juridictionnelle hors domaine de la santé.
Permettez moi humblement, de ne point reconnaître mes enseignements en économie de la santé dans vos dires.
Avant toute chose, un des problèmes des médecins est en fait un problème plus large, c’est un problème des coûts qui pèsent sur les entreprises, les artisans et les libéraux coûts qui permettent certes notre protection sociale mais nuisent à notre compétitivité.
Je passe aussi sur la déconsidération du métier et les agressions physiques dont elle fait l’objet. Du soutien de la part des institutions, si peu.
La France est un des Etats qui dépense le plus pour sa santé mais un des états qui payent le moins ses médecins généralistes et spécialistes avec peu d’acte techniques (source OCDE).
Combien d’agent pour la sécurité sociale, 186000 agents, presque aussi nombreux que les médecins. Le rapport « OCDE 2010, “Améliorer le rapport coût-efficacité des systèmes de santé” » montre que la France enregistre des performances très inférieures à la moyenne de l’OCDE pour les coûts administratifs. Je passe sous silence le nombre ubuesque d’agences de santé qui assument la gouvernance.
Néanmoins, ce rapport souligne aussi que « La France se classe en première position parmi les pays de l’OCDE du point de vue de la mortalité évitable, c’est-à-dire de la mortalité pouvant être évitée grâce à des soins rapides et efficaces. »
En droit de la Santé, Je passe aussi empilement des textes ou on cherche encore une cohésion juridique .
Je reviendrais, pour éclairer ma position vis-à-vis des vos affirmations, prendre comme exemple vos dires sur l’augmentation des contentieux qui serait une légende urbaine.
« Malgré la mise en place d’une responsabilité (juridique civile et pénale) accrue des Médecins envers leurs patients, le nombre de recours n’a ni explosé ni même augmenté de façon disproportionnée »
La sinistralité des médecins libéraux toutes spécialités confondues, est en hausse globale depuis 1986 (<1%/an/médecin) jusqu’à un pic à 2% en 2000, (c’est-à-dire que pour 35 ans de carrière c’est 70% d’avoir un jour contentieux), puis une diminution progressive sur les années 2008, 2009 et 2010.
A contrario sur ces 3 années, il y a une augmentation nette de 14% de la procédure impliquant les CRCI.
En outre, le SHAM précise que l’année 2010 confirme la tendance inflationniste de la responsabilité civile médicale engagée depuis plusieurs années. Le sham précise aussi que jamais les réclamations pour préjudices corporels enregistrées sur un an n’ont été aussi importantes en termes de fréquence ou de coût.
Enfin bref, pour conclure, bonne médecine (quelques points de faiblesses), des médecins généralistes (mais aussi pédiatre, endocrinologue etc..) mal payé, profession agressée et déconsidérée, des contentieux qui ont plus que doublé en 20 ans mais des coûts administratifs supérieur aux autres pays de l’OCDE, une administration pléthorique , un corpus juridique mille feuille et je ne parle même pas de la gouvernance de la santé.