Sur le fond, ce projet (me) paraît bon.
L’"hospitalo-universitairo-centrisme" est une réalité. Déplorable. Laquelle pour une part contribué à fossoyer la médecine générale (l’autre part étant la CPAM, avec ses commissions paritaires, et paradoxalement l’Ordre des médecins ainsi que les médecins eux-mêmes).
Sur la forme, le côté "usine à gaz" reste difficilement contestable.
En synthèse, c’est une vraie révolution à laquelle ce projet (nous) invite.
Ca va être un vrai chantier.
Ce n’est donc hélas pas pour demain la veille.
Dans l’immédiat, peut-être y aurait-il à imaginer, créer et implanter des "solutions intermédiaires".
Palliatives, peut-être...
Mais qui urgent.
Connaissant un peu la nature humaine
’et sa caricature lorsqu’il s’agit de gérer le collectif...)
je prédis malheureusement une aggravation du scénario actuel :
Âge moyen de la population médicale : 58 ans.
Celle-ci prend à peu de choses près un an d’âge par année civile
D’ici 7 ans, les cabinets libéraux vont continuer à fermer, en priorité dans les zones rurales
Pour 10 "sortants", 1 seul sera succédé (chiffres du CON)
Vu la "subtilité" avec laquelle est "gérée" cette situation actuelle
(montée en pression de l’obligation "déontologique" des gardes sur des secteurs de plus en plus démesurés, concentration des patientèles sur les derniers dinosaures en poste, "obligation" institutionnalisée du "médecin traitant" oblige, débauche de tracasseries paperassières, pression de la CPAM selon des "standard de qualité" ramenés à la moyenne sans cesse nivelée vers le bas, etc.), je suis prêt à parier que ce phénomène va subir dans les 3 ans à venir une accélération exponentielle.(qui dit mieux ?)
Bref.
Bilan des courses : le désert.
Mettant une "petite" expérience antérieure à contribution, j’ai commencé pour ma part à tester sur le terrain une "solution intermédiaire" qui pourrait s’avérer plus "soft".
J’ai un passé antérieur, entre autres expériences, d’ex-médecin territorial (salarié de la fonction publique). Sur des postes, "bien sûr" non prescriptifs, comme vous pouvez l’imaginer. En PMI par exemple. ("Madame, votre enfant a une otite." "Ah, docteur, que faut-il faire ?" "Eh bien, aller voir votre médecin traitant." "Comment ???" "Oui, madame, je n’ai pas le droit de prescrire.") Bref, vous êtes payé(e) à "rien" f... et augmenter encore la surcharge de travail de ce pauvre rameur de généraliste (qui creuse le trou de la Sécu, "lui").
Mais j’ai également une expérience des dispensaires à Mayotte, en Polynésie...
Je me suis souvent demandé pourquoi il y avait un financement salarié possible, hors hôpital, de la médecine générale dans les DOM-TOM, alors qu’en métropole, c’est le modèle unique de la MG libérale qui est imposé, marche (ou plutôt rame) ou crève. Bref.
L’idée serait donc la suivante :
Salarier à mi-temps des médecins sur un statut territorial, déjà existant et parfaitement codifié dans les textes (une mairie ou une Communauté de commune peut-être soit empoyeur unique, soit co-employeur avec le Conseil Général)..
Statut "non-prescriptif" certes mais ouvrant les droits à l’arrêt maladie, la couverture accident de travail, maternité, etc. Plus une petite retraite complémentaire, à ne pas négliger de par les temps qui courent...
ET autoriser les dits praticiens à cumuler un temps dit "libéral" (prescripteur)...
Le tout durant 35 heures hebdomadaires, ni plus ni moins, comme tout le monde,
Dans des "maisons médicales" mises à disposition (gracieusement, comme pour n’importe quel secrétaire de mairie par exemple) par les communes ou Communautés de communes (l’intercommunalité pourrait financer ça).
Sans obligation de garde(s), ou avec des solutions "intelligentes" pour ça (un box de consultation mis à disposition de 20 heures à minuit dans l’hôpital local, zéro déplacements, tout ceux qui ne peuvent se déplacer et qui finiront de toute façon aux urgences sont déblayés via le 15).
J’ai testé cette proposition (cf mon blog http://www.dralbol.fr ) à toute petite échelle.
J’ai réussi à "intéresser" un maire d’une commune rurale, commune qui avait "déjà" fait le bel effort de construire une magnifique "Maison médicale" (en facturant le loyer aux prix fort et au prorata de l’occupation aux quelques "rameurs" locaux :-)
Celui-ci a exposé posément le projet devant son Conseil municipal, soulevant la question cruciale du financement de cette option...
Réactions des "conseillers" en poste :
"On ne va quand même pas aider un médecin !"
Comme vous le voyez, mes chers confrères, la conscience collective est encore engourdie dans l’illusion que notre "service" est un dû, remboursé gratos et sans contrepartie :-)
Y a du boulot :-) !
Salutations,
Michael alias "Doc (...)