La judiciarisation est juste une régulation à postériori quand la régulation à priori n’a pas eu lieu. C’est la pire des régulations car elle est réparatrice et non préventive. Elle survient quand les dégâts ont déjà eu lieu.
Les Etats Unis sont un modèle, car en même temps le pays de la libre entreprise, celui où régulation est un gros mot, celui où on dépense le plus par habitant pour se soigner, celui où il ya probablement le plus de décès iatrogéniques, environ 225 000 d’après une estimation dans un article du JAMA http://silver.neep.wisc.edu/ lakes/iatrogenic.pdf dont 106 000 seraient dus à des effets indésirables de médicaments à l’hôpital http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=187436 sur quelques 2 700 000 décès annuels, c’est-à-dire environ 8% des décès, et celui où la judiciarisation des erreurs médicales est la plus forte et est même devenue un énorme business.
Mais je pense qu’il ne faut pas tomber dans la paranoïa et considérer les patients comme des plaignants potentiels. Un patient avec qui on établit une relation de confiance, à qui on explique pourquoi on prescrit un médicament et ses effets indésirables possibles, à qui on explique les limites de ses propres connaissances, ne sera pas tenté de porter plainte. D’autre part l’indemnisation des victimes est limitée en France et les honoraires des avocats plus encadrés. Cela évite aussi que la raison principale des plaintes soit l’appât du gain. Car aux Etats Unis ce sont souvent les avocats qui incitent les patients à porter plainte.