Bonjour A Toutes et à Tous,
J’aime beaucoup cet article de DDD sur les limites de l’évaluation et la suite des débats sur la critique des ROSP...
Ma modeste contribution est d’optimiser nos interrogations sur la place et le rôle de cette évaluation dans nos pratiques, et la nécessaire évolution de celles-ci, ce qui pourrait peser dans les contraintes imposées par nos décideurs sur des objectifs dits de santé publique, ceux-ci restent,de ce qu’on peut en constater pour l’instant, les outils de régulation de notre exercice, la mesure objective de l’impact sur l’amélioration de la santé de nos citoyens en est discutable...
La question des indicateurs : Oui, comme DDD, je pense que l’indicateur le plus pertinent sur l’évaluation de la « qualité » ou de la « performance » est le fruit d’un subtil retour d’expérience des résultats finaux de l’activité des praticiens, jugés par eux-mêmes ou leurs pairs :
Le rhumatologue qui choisit le chirurgien pour la fracture de hanche de sa veille mère est à décliner :
On peut parfois observer ( exemple vécu ) :
D’un côté un chirurgien d’un établissement X à proximité, très bien noté par les évaluations de son service ( indicateurs CLIN, Commission des usagers, de l’ARS ; des IPAQS etc...) qui est très sympa, disponible, très cool, ne prenant pas de supplément d’honoraires,politiquement correct...
D’un autre côté un chirurgien d’un établissement Y éloigné, très mal noté car il ne remplit pas ses évaluations, ça l’emmerde, caractériel, surbooké, très cher, politiquement discuté, mais obsessionnel sur la rigueur de l’exercice technique de son métier et très fin opérateur...
Qui croyez vous que le rhumatologue va choisir ?...le second, bien entendu, car l’évaluation se juge au résultat et que sa notoriété fait que les malades opérés se plaignent de ses défauts mais sont globalement satisfaits des résultats !...Et les rhumatologues revoient la quasi totalité des patient(e)s revenir en marchant !..
La question des ROSP :
J’ai eu l’expérience de participer à des réunions préparatoires lors des préparatifs de ces programmes auto commandités par la CNAMTS dans le début des années 2000 ( ces projets existent dans les cartons depuis la réforme JUPPE de 1996 !...)...
La demande implicite de la CNAMTS était surtout de pouvoir garder la main sur la régulation des professionnels de la santé que la création des ARH menaçait de même que les instances de régulation d’État comme les DDASS qui semblaient vouloir occuper le champ de la santé publique...
Le nerf de la guerre était la possibilité de construire des programmes dits de santé publique sans en avoir les moyens !...
Les experts en santé publique avait vite fait remarquer qu’en absence de données fiables sur l’état de santé des populations étudiées, tous ces programmes étaient sans objet et dénués d’efficience, or, les donnés médicales pertinentes sont détenues par les professionnels de la santé, dont 80% par la médecine ambulatoire libérale !...
Tous les programmes ont donc tenté de contourner cet écueil majeur au détriment de l’efficience, la CNAMTS imposant ses arguments car elle disposait des bases de données de la liquidation des prestations, l’État n’ayant à opposer que des données mineures des statistiques des causes de mortalité et morbidité, de l’INSERM, de l’INVS, à partir de données très peu fiables comme les SAE ( statistiques de l’activité des établissements ), les analyses des déclarations de décès, le PMSI, et les quelques registres de pathologies très limités...
La CNAMTS se faisait forte d’utiliser comme données les déclarations d’affections à longue durée ( ALD ) remplies à 99% par les médecins libéraux, comme source de données...
C’est comme cela que les premiers programmes dit de santé publiques ont été organisés, contrôle de la prescription du dosage de l’Hb glyquée chez les diabétiques, consommation des statines, dépistage de masse des cancers du sein et du colon,dispositif SOPHIA, etc...
Les objectifs de la CNAMTS étaient bien d’évaluer, mesurer et réguler l’activité des professionnels de la santé, les mesures de la modifications positives de l’état de santé des citoyens suite à ces programmes qui restent impossibles à mesurer et controversés
( Cf déremboursement en ALD de l’HTA)...
Les ROSP sont la suite logique de ces programmes qui sont construits par les mêmes hauts fonctionnaires experts qui n’ont aucune expérience du soin et toujours sans aucune base de données fiable, car les médecins libéraux conservent leur données les plus pertinentes...cad les données de l’état de santé réel des populations soignées...
Je suis médecin libéral spécialiste secteur 1, j’ai bénéficié de près de 1000€ de ROSP car ma consultation est informatisée, je n’ai pas de patientèle propre qui est celle des médecins omnipraticiens qui me confient les malades, mais je suis persuadé qu’avec ou sans cette rémunération le niveau de santé de mes patient(e)s n’aura pas été modifié par cette mesure !...
Par contre j’ai eu la désagréable expérience d’être accusé d’actes abusifs suite à l’observation d’un nombre de consultations de médecine interne dans le bordereau de remboursement d’un (...)