Bonjour Dominique,
je suis une grande sceptique. La catastrophe imminente est le plat qu’on nous sert à tous les repas depuis...je dirais une bonne vingtaine d’années maintenant et qui est censé faire passer toutes les pilules et justifier des sacrifices très inégalement répartis. Finalement la catastrophe imminente permet un transfert inédit de richesses. Je reste donc sceptique car j’ai toutes les raisons de croire que le cas est le même ici.
Plus pragmatiquement et pour info, ceci.
Je m’aperçois que les conclusions que je tire, malgré tous mes "poncifs ", se rapprochent beaucoup de celles du groupe de travail du sénat présidé par un UDI, Hévéa Maurey, intitulé "déserts médicaux, agir vraiment" dont le rapport a été rendu en février.
Ce rapport constatait l’inadéquation du recrutement et de la formation des étudiants en médecine par rapport aux besoins de santé dans les territoires notamment en médecins généralistes. Inadéquation due à la sélection favorisant très fortement de jeunes urbains de milieux très favorisés et à la formation hospitalo-centrée. Dans la séance du 20 juin au sénat des amendements proposés par le groupe UDI ont été présentés. http://www.senat.fr/seances/s201306/s20130620/s20130620023.html
Trois propositions d’amendement au code de l’éducation ont été faites. Instaurer des stages obligatoires en médecine générale pour tous les étudiants, remplacer les examens classants nationaux affectant les étudiants dans les différentes spécialités par des examens classants interrégionaux tenant compte des besoins régionaux en médecins, et le troisième était une injonction faite au gouvernement de réformer les études de médecine afin de diversifier l’origine sociale et géographique des étudiants et d’améliorer la qualité de la formation.
La ministre de l’enseignement supérieur , G Fiorasso, consultée au sujet de ces amendements, les a rejetés. Dans son allocution les termes "sujet sensible" et concertation revenaient souvent. En langage français courant cela signifie : "nous ne voulons surtout rien faire qui puisse contrarier l’establishment médico hospitalo spécialiste universitaire, même si cela doit mettre une bonne partie des Fraçais dans la mouise".
Au final l’amendement instituant les examens classants interrégionaux a été mis aux voix et adopté par le sénat. Cela pourrait signifier pas mal de changements si cela passe au niveau de l’assemblée nationale. Cela pourrait obliger les petits parisiens qui représentent quelques 10% des étudiants en médecine à se dépayser un peu.cette réforme , petite réforme, pour assurer une meilleure répartition des généralistes sur le territoire, correspond parfaitement aux intérêts de 90% des Français qui n’habitent pas le centre des grandes villes, de 90% des élus locaux et sénateurs et de 90% des généralistes.
Car il faut savoir que 60% des généralistes , d’après une étude de 2005, sont des généralistes à forte activité, à 80% des hommes, travaillant surtout en secteur à faible densité médicale et déclarant quelques 100 000 euros de revenus annuels presque sans dépassement d’honoraires, revenu que bien des cadres supérieurs leur envieraient. Pour les spécialistes qui pratiquent des dépassements 40% de leur revenu provient de ces dépassements.
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/revaind09f.PDF.
Leur problème n’est donc pas une augmentation du C mais bien de voir arriver du renfort de jeunes médecins. Or, tous les MUST du monde ne seront pas assez attractif pour donner envie à un jeune citadin aisé d’aller vivre dans une petite ville à la campagne.
Bien que le sens de l’intérêt général soit on ne peut plus clair dans cette histoire il n’est pas du tout certain qu’il l’emporte face aux intérêts particuliers de l’establishment.