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Globalement, sous une diversité apparente (repas plus variés, meilleur accès aux protéines animales), notre alimentation s’est beaucoup appauvrie avec le temps, en termes nutritionnels.
Il y a eu une augmentation de la part des lipides dans la ration calorique, analyse l’INSERM, mais aussi augmentation de la part des « sucres rapides » parmi les glucides.
Le problème se pose dans les termes suivants : nos besoins caloriques quotidiens ont beaucoup diminué par rapport à un demi siècle en arrière, où les gens avaient, par nécessité, une activité physique bien plus importante. Lorsque l’on dépasse les besoins caloriques quotidiens, le surplus est stocké sous forme de graisse. Le problème qui se pose est donc désormais de pourvoir aux besoins caloriques sans les dépasser, tout en comblant les besoins en aliments essentiels nécessaires à notre maintien en bonne santé. Autrement dit la boite calorique est devenue plus petite et il faut arriver à y faire entrer tout ce qui nous est essentiel, de préférence sous forme d’aliments complexes, et non de substituts.
Or, en raison d’une alimentation de plus en plus industrialisée, notre consommation de calories vides a beaucoup augmenté. Les calories vides sont les calories qui n’ont aucun intérêt nutritionnel car elles n’apportent rien de ce dont l’organisme a besoin pour bien fonctionner (sauf des calories), c’est-à-dire, ni fibres, ni micronutriments, ni acides gras essentiels, ni acides aminés essentiels, ni vitamines. Le problème des calories vides c’est qu’elles ne se contentent pas d’être vides. Elles sont souvent aussi néfastes pour la santé. Présence d’excès de sucre, de sel, présence d’acides gras trans en raison de l’hydrogénation industrielle des graisses, d’additifs en grand nombre, que les allergologues suspectent d’être en cause dans les allergies alimentaires…
J’avais fait, il y a une dizaine d’années, un petit topo pour des enseignants, dans le cadre de mon travail.
En voici un passage : » C’est ainsi qu’il y a une cinquantaine d’années la répartition calorique des différentes catégories d’aliments était plus proche de l’idéal , à savoir :
• 12-15% de protéines
• 30-33% de lipides
• 50-57% de glucides
Les français consommant désormais moins de pain, de légumes secs et de féculents et plus de viande et de produits industriels, la part des glucides a diminué au profit des lipides qui représentent 42% de la ration calorique en moyenne, proportion bien supérieure à celle de 33% maximum préconisée par les nutritionnistes. Ces lipides sont de plus constitués majoritairement par des graisses cachées saturées (viandes et produits industriels) et favorisent à la fois l’augmentation des hypercholestérolémies et de l’obésité. De même, la part des glucides constituée par des sucres rapides (produits sucrés) a augmenté en même temps que celle des sucres complexes baissait ce qui favorise la survenue du diabète et de cancers du colon entre autres [Les fibres sont des sucres complexes qui protègent contre le cancer du colon]. Les japonais ont conservé une alimentation plutôt traditionnelle et un taux faible de cancers du colon. Or, une étude a montré que le taux de cancers du colon des japonais de deuxième génération ayant migré aux USA, devenait semblable à celui des américains, ceci étant dû au changement de régime alimentaire. »
Au sujet du PNNS (plan national nutrition santé), les industriels y ont été associés d’emblée. Quand je dis industriels il s’agit de très grosses multinationales comme Danone ou Nestlé, qui disposent de moyens, de fondations etc.
A mon avis l’effet de cette association des industriels au PNNS a été de déplacer le curseur du message : moins mettre l’accent sur l’équilibre alimentaire, sur le rôle délétère des produits industriels pour la santé et plus mettre l’accent du côté de l’activité physique. Autrement dit mettre l’enfant et les parents en situation d’assumer la responsabilité des dérives alimentaires et du surpoids tout en minimisant le rôle des incitations publicitaires extérieures. Une forme d’ « empowerment » souvent utilisée pour déplacer la culpabilité que devraient ressentir les industriels à promouvoir des aliments néfastes pour la santé, et les pouvoirs publics à les laisser faire, du côté des consommateurs.
Pour le rôle joué par les politiques je vois deux hypothèses. Nos dirigeants sont souvent des personnes très éduquées, qui sont passées par les grandes écoles alors je ne leur ferai pas l’affront de penser qu’ils sont totalement idiots. Vincent Peillon est lui-même le fils d’une ancienne directrice de l’INSERM, professeur agrégé de philosophie, connaît le commerce, l’ayant pratiqué, et est un vieux routard de la politique .
Alors de deux choses l’une :
Soit il est totalement sous l’influence des lobbies et n’arrive plus à discerner les intérêts de ces lobbies de ceux des enfants dont l’Education nationale à la charge, et cela démontrerait à quel point il est irresponsable de remettre l’éducation des enfants en matière de nutrition entre les mains de personnes qui ont de telles capacités de manipulation
Soit il est passé du côté (...)