Finalement, n’est-il pas difficile de parler d’un sujet uniquement en tournant autour ?
Notre système ne fonctionne plus correctement. Il doit changer en profondeur. Tout le monde le sait et personne ne le dit. Peut-être la dynamique du changement est-elle trop difficile à vivre ?
Et puis, qui parmi la profession aurait réellement envie de tout changer ? Prendre le risque de perdre une situation relativement confortable bien que très variable pour l’inconnu ?
Les médecins ne sont-ils pas tombés de leur pied d’estale la première fois qu’ils sont descendus dans la rue pour demander des sous ? C’était il y a bien longtemps déjà. Ne sont-ils pas devenus ce jour là des citoyens normaux, aux yeux de la population et surtout des tutelles ?
Pourquoi cette incapacité à imaginer un système sans paiement à l’acte ? Mais, l’ensemble des subtilités actuelles des tarifs praticables ne ressemble-t-il pas à s’y méprendre aux différents systèmes de primes agricoles qui permettent aux agriculteurs de survivre ? Initialement le C avait un sens. Aujourd’hui qui pourrait l’expliquer ? Ce système n’est-il pas archaïque ?
Pourquoi toujours associer médiocrité et système à l’anglaise ? Est-ce si évident ? Par ailleurs, ce système est démocratique dans la mesure où le choix de mettre peu de moyens financiers est décidé par les députés, représentants du peuple. C’est un choix national. Avec ses atouts et ses défauts. Notre système est-il davantage démocratique ? ou tout simplement démocratique ?
Il peut sembler évident pour le ministère qu’un système de type vraiment libéral (tye USA) permettrait de régler définitivement le déficit chronique. L’assurance privée pour tout le monde sauf la partie des indigents qui bénéficirait d’une CMU plafonnée (donc prévisible budgétairement) avec des soins dans des dispensaires ou des hôpitaux. Et vogue la galère. Plusieurs mérites à cela. Tout d’abord, être en harmonie avec la doxa libérale européenne. Ensuite, en finir un bonne fois avec les l’hydre de la sécu. Enfin, renvoyer les médecins à leurs responsabilités. Et là, pas certain qu’ils soient gagnants. Car le système vraiment libéral est avant tout économique. Tout dépend des priorités des financeurs privés. Et la mauvaise qualité se paie cash.
Alors, l’aube de la nouvelle année n’est-elle pas propice aux voeux ? Pourquoi ne pas entamer une vraie réflexion sur l’évolution nécessaire de notre système ? Avec tous les acteurs, sans exception. Sans tabous ni dogmes. L’Etat uniquement en tant que modérateur de la réflexion. De vraies questions : qui veut quoi ? Quels moyens est-on disposé à mettre ? Quel type de système : libéral - mais vraiment libéral , solidaire - mais vraiement solidaire ? Du temps pour la réflexion. Avec un moratoire le permettant. Un maximum de rencontres et de débats éclairés à tous les niveaux (et pas seulement au niveau syndical ou ordinal, qui n’est ni représentatif, ni démocratique)... Bref ! l’idéal quoi ?
Et pourquoi pas en réaffirmant un principe pour les médecins : revenir aux fondamentaux. Le rôle du médecin n’est-il pas le diagnostic médical ? Un temps intellectuel majeur qui demande des compétences à mettre à jour en permanence. Tout le reste peut être délégué, encadré, supervisé, partagé. Et en particulier, tout ce qui relève du fonctionnement et de la logistique. Mais le temps médecin est irremplaçable.
Notre culture du conflit et de l’affrontement ne risque-t-elle pas à nouveau de briser dans l’oeuf cette possibilité de responsabilité et de démocratie ?