C’est exactement ce qu’on m’a renvoyé en tant que mère : mon gamin était turbulent, je ne savais pas le tenir, c’était moi qui projetais mes angoisses sur lui, gnagnagna... Un maximum de culpabilisation/tranquillisation bêbête.
Moi, depuis qu’il était né, premier enfant, je le trouvais un peu "bizarre" et surtout épuisant : très peu de sommeil, n’avait pas l’air de retenir les consignes données 3 secondes avant, opposition systématique, ne tenait pas en place et poussait de temps en temps des cris d’angoisse, comme quelqu’un qui ne parvient pas à maîtriser son corps. Le summum était atteint en cas de fièvre : avec 39.5, il pouvait ne pas fermer l’oeil pendant 24 h d’affilée à moins de 2 ans.
J’en ai parlé très vite à différents généralistes, qui m’ont conseillé d’attendre que les années passent, qu’il allait se calmer. La vie était tellement difficile au quotidien que j’ai hésité à avoir un autre enfant, persuadée que je ne savais pas y faire et que le problème serait le même.
Et puis, naissance de ma fille et révélation : les choses se passaient différemment avec elle, donc je pouvais élever un enfant correctement.
A 6 ans, à l’entrée au CP, problèmes en rafale : tout le temps puni car n’obéissait pas et ne tenait pas en place, grosses difficultés d’apprentissage, convocations régulières, limite si l’école n’aurait pas fait un signalement... Nous ne savions plus quoi faire et envisagions son avenir de plus en plus sombrement. Il a totalement perdu confiance en lui, est devenu très déprimé et ça dure encore.
Et puis, un jour, je lis un article sur le TADH et c’est la révélation : tout ce qu’on décrit s’applique parfaitement à mon fils. Reste à savoir où consulter pour avoir de l’aide et c’est un autre parcours du combattant. Service trouvé, batteries de tests qui confirment le diagnostic. Il est décidé de prescrire de la Ritaline et là, c’est presque le miracle : enfin un enfant de 9 ans qui réussit à retenir une leçon, à lire une consigne de 2 lignes sans oublier la 1ère, avec qui on peut jouer normalement.
La vie de famille devient à peu près supportable, mais le retard scolaire accumulé est tel qu’il ne sera jamais rattrapé. Il a pris ce médicament pendant 7 ans puis a arrêté car il se sentait mieux sans, plus "lui-même". Depuis, il maîtrise un peu mieux son impulsivité (mais il a 25 ans), mais est gravement handicapé sur le plan apprentissage intellectuel. Il est intelligent, peut reproduire à la perfection des gestes techniques délicats, mais le passage du code pour le permis a été un calvaire et sa phobie scolaire est telle qu’il ne veut plus suivre aucune formation ("Plus jamais je ne m’assiérai derrière une table avec un stylo."). Ca tord le coeur d’entendre ça.
Heureusement que nous avons pu rencontrer à l’époque Danièle Rapoport qui nous a un peu rassurés sur nos capacités respectives et, aussi, que je suis issue d’une famille avec enfant autiste dont la mère a été gravement culpabilisée lors de l’éducation de notre soeur. Sans cette rage due à mon enfance et ma défiance vis-à-vis des "psys" de tout poil, j’aurais sans doute baissé les bras et n’aurais pas continué à chercher.
Alors, comme vous dites, on n’a pas le cul sorti des ronces...