Bonsoir Claire,
Les recommandations officielles ne peuvent s’appuyer que sur des indications documentées par des essais cliniques randomisés positifs.
Pour de nombreux médicaments anciens, l’expérience des cliniciens a développé de nouveaux usages qui n’ont pas fait l’objet d’essais randomisés. Cela ne signifie pas que ces usages sont infondés. Par exemple, l’aspirine n’a pas l’indication "péricardite", mais est notoirement utile dans cette indication. De même, le naproxène n’a pas d’indication officielle dans la colique néphrétique ni dans la crise hémorroïdaire, alors qu’il est très efficace dans ces pathologies. Et je passe sur le baclofène...
En bref, il ne faut jamais oublier que les essais randomisés ne sont qu’un des piliers de l’EBM, à côté de l’expérience du clinicien et des préférences du patient. Réduire l’approche scientifique de la médecine aux seuls essais randomisés et indications officielles serait à mon sens très dangereux. C’est la pente glissante du fondamentalisme qui menace Prescrire, la revue allant jusqu’à recommander la prescription de placebos http://www.prescrire.org/fr/3/31/49187/0/NewsDetails.aspx
Personnellement, je tente la dompéridone à 10 ou 20 mg par jour chez les patients chez qui un IPP seul n’est pas suffisamment efficace pour traiter leur reflux. En cas de succès, je ne crains pas de prescrire ce médicament au long cours, car je ne crois pas une seconde à l’existence d’une risque à cette dose chez un patient dont l’état cardiovasculaire est satisfaisant. Pour moi, l’âge n’est pas un problème, c’est l’état général qui compte. Je ne prescrirais pas ce médicament chez un insuffisant cardiaque ou rénal, notamment avec un traitement hypokaliémiant.