Bonjour,
Le caractère transitoire n’est pas dû au changement de virus, mais à la faible stimulation antigénique, c’est la raison pour laquelle l’AMM précise que cette immunité est brève et que même en cas de souche identique d’une année sur l’autre, une revaccination est nécessaire.
En revanche, votre hypothèse d’un effet additif de ces vaccinations répétées est plausible, bien que ne non prouvé.
Le virus a été très virulent cette année, le H3N2 étant le plus "méchant" des virus grippaux. Le vaccin a été particulièrement peu efficace, du fait de la circulation majoritaire d’un clade différent (Bolzano) de celui inclus dans le vaccin http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=22714 Il existe des doutes importants sur l’efficacité du vaccin sur ce clade pourtant très proche de la souche vaccinale.
Je ne nie en aucun cas la gravité de la grippe, surtout celle lié au H3N2. J’ai vu des jeunes patients avoir des difficulté respiratoires inhabituelles.
Mais il est inenvisageable de vacciner tous les ans des individus jeunes et sans facteurs de risque.
Vous n’adhérez pas au principe d’une immunité durable et puissante liée à une infection grippale. C’est pourtant une donnée peu contestée, qui explique notamment la quasi absence de mortalité gériatrique pendant la pandémie H1N1 de 2009. Et ce n’est pas "une bonne fois", mais en moyenne tous les 15 ans pour chaque type de virus.
Dans les études, l’efficacité d’une vaccination des soignants est subordonnées à la suppression des visites et à une extension de la vaccination à tous les personnels hospitaliers. C’est pourquoi cette efficacité n’a été observée qu’en EHPAD.
L’immunité de groupe est utile pour les virus et bactéries non mutants (polio, rougeole, coqueluche). Au contraire, pour les virus grippaux, elle risque de créer un pression sélective qui aboutit à la circulation de clades non contenus dans le vaccin, et paradoxalement de diminuer son efficacité chez les sujets à risque. C’est en tout cas ce qui s’est probablement passé cette année, et qui risque de se reproduire l’année prochaine car la vaccin ne contiendra pas le clade H3N2 Bolzano.
Enfin, si vous voulez parlez d’argent, le coût social de la maladie est nul, voir négatif : si l’on raisonne purement économiquement, la mort d’un retraité est une économie considérable pour la société. Une année de vie coûte des fortunes en retraite, prestations sociales et soins.