Bonjour
Un élément essentiel à mon sens n’a pas été évoqué.
La T4 (lévothyroxine) doit être considérée comme un pro-médicament, ce qui signifie qu’elle n’est que très peu active en elle-même, elle doit être transformée en T3 pour être active.
Par conséquent c’est moins la lévothyroxine qui est à l’origine de l’effet pharmacologique que la T3, qu’on parle de l’effet voulu en clinique ou des effets indésirables.
Ce qui signifie que le lien (facile à faire mais erroné) entre les effets et l’exposition à la lévothyroxine , n’a pas de sens pharmacologique, car l’effet clinique mesuré n’est pas directement corrélé à la concentration de T4. C’est la raison pour laquelle on suit le traitement principalement avec la TSH qui reflète plus précisément l’effet du lévothyrox que le dosage du lévothyrox en lui même (je raccourci un peu)
Un niveau supérieur de complexité réside dans le fait que seule la fraction libre de la T4 appelé T4 libre, peut être transformée en T3.
Or cette fraction de la T4 totale représente moins de 0.05% de la quantité de T4.
La fraction libre, également appelé fraction non liée, est la proportion de lévothyrox qui circule librement dans le sang sans être "accrochée" à d’autres molécules. c’est ce que l’on mesure lorsqu’on fait un dosage de T4 libre
Dans l’article ces 2 aspects ne sont pas étudiés :
on ne cherche pas à mesurer l’effet de la T4 : elle n’en a pas ou très peu
on n’étudie pas la transformation de la T4 en T3 : c’est pas l’objectif de l’étude
pas plus que l’on mesure la fraction de T4 disponible pour être transformée T3 à savoir la T4 libre pour preuve (un peu technique)
si on regarde les courbes à 72h sur l’article : la concentration en T4 est de l’ordre de 80 ng/mL soit 80 000 ng/L, alors que les concentration "normales" en T4 libre sont de l’ordre de 7 à 15 ng/L : soit 10 000 fois moins
Cette étude, comme pour toutes les études de bio-équivalences, n’est pas faite pour se projeter sur ce qu’il devrait se passer dans la vraie vie mais de véritablement voir comment se comporte le nouveau support de la molécule que l’on administre.
La bioéquivalence impose de respecter des normes qui comme beaucoup de normes sont bêtes et méchantes : elles indiquent que la bio-équivalence est considérée comme atteinte lorsque la concentration maximale et l’aire sous la courbe de la molécules administré (ce que j’appelle l’exposition) ne diffèrent pas plus de +/- 10%.
si ça rentre on est bio-équivalent, sinon on cherche un autre "véhicule" pour la molécule. Ce n’est ni une étude pharmacocinétique ni une étude pharmacodynamique.
Tout ca pour dire que même si on a les datas brutes des données publiées dans cet article, je doute fort que l’on puisse s’approcher d’une réelle évaluation de la variabilité intra-individuelle des effets entre les 2 formes...