J’entends bien les objections ; certaines sont valables. Mais, quand on a subi les assauts de son psychiatre et que celui-ci a fait ce qu’il faut pour assurer son impunité, que fait-on ? L’exercice de la profession de psychiatre offre à ce dernier une fenêtre unique sur ses patientes. Unique. Quel pouvoir ! Il sait tout (quand la patiente ne sait rien ; elle croit qu’elle parle à un médecin et n’imagine pas que le cabinet est un décor de théâtre...). Il sait tout, il en use sur le moment et en usera si, d’aventure, la patiente se plaint auprès des autorités compétentes. Il dira qu’elle est folle (et pour cause, elle consultait pour dépression) ou qu’elle était consentante (eh oui, il n’a pas eu besoin de lui mettre un pistolet sur la tempe). Et il profitera du fait que policiers et magistrats ne connaissent pas suffisamment la spécificité de ce qui se tisse entre le psychiatre et sa patiente, qui s’appuie en toute confiance sur ce dernier pour soigner ses traumatismes et créer les conditions d’un futur heureux. Triste de constater, à la lecture de nombreux commentaires, l’ignorance crasse de beaucoup. La délinquance sexuelle a de beaux jours devant elle. L’impunité aussi. Pensez un peu aux victimes qui doivent alors, en toute solitude, trouver un modus vivendi sans justice rendue, ni soins (car, après cela, consulter un médecin est inenvisageable). Ces victimes ont des enfants, un métier, une utilité sociale, un cerveau, un coeur. Elles avaient surtout un avenir quand elles ont poussé la porte du cabinet de leur psychiatre hors-la-loi ; un avenir qui a tout bonnement été méchamment abîmé par un praticien sans scrupule.