Voilà pourquoi il faut signer. L’interdiction doit être absolue pour les psychiatres.
Premier passage à l’acte sexuel le 30 juillet 1998. C’était il y a 20 ans… mais pour moi, c’était hier ! C’est toujours hier ! Malheureusement. J’avais débarqué trois ans plus tôt, à 24 ans, dans le cabinet de ce psychiatre. Déprimée. Surprise !… ce médecin m’a écoutée près d’une heure. Cela ne m’était jamais arrivée. Pensant que j’étais désormais soutenue, je me suis laissée aller à exprimer mon vécu dépressif. La prescription d’antidépresseurs a donc été immédiate, quelques jours plus tard. Cette prescription était accompagnée d’une carte professionnelle avec un bref message d’encouragement. Je me suis dit : en plus d’être sérieux, il est humain…. Durant trois années complètes (je vais vite), à raison d’une séance hebdomadaire pendant 2 ans et de deux séances ensuite (je n’ai jamais su pourquoi, j’ai fait confiance), ce psychiatre a tout appris de moi, de mon mari, de ma famille. Il connaissait bien mes forces et mes faiblesses. Il sait mon combat contre l’antisémitisme et le racisme : sa peau noire est un atout de ce point de vue (il est du bon côté de l’Histoire ; il me fait lire « Peau noire, masques blancs » de Franz Fanon). De lui (plus âgé que moi), en revanche, je ne connaissais rien. J’ai supposé qu’il était marié avec enfant(s) et épanoui dans sa vie : il donnait des conseils (ex : « vous aurez un enfant quand vous serez prête à le perdre »), je n’imaginais donc pas qu’il puisse être un homme seul et déséquilibré. Ma confiance s’est renforcée au fil du temps, aidée en cela par une croyance partagée par le plus grand nombre « les médecins ne peuvent vouloir détruire leurs patients ». J’irais mieux, c’était sûr. Voilà pourquoi quand sont venus les tests (que je n’ai pas alors perçus comme tels – ne sachant que le salopard suivait un scénario précis). Premier test. Juin 1998. Lors d’une séance, il me montre à sa gauche le sol et me dit « j’aimerais vous avoir là, accroupie, pour voir si vous mouillez »… Je me suis tue. J’ai pensé qu’il avait simplement dérapé et je me suis sentie aussi humiliée (être ainsi accroupie… franchement, j’y avais jamais pensé). Pas de quoi remettre en cause 3 ans de suivi. La séance suivante, ce psychiatre s’est montré normal. Deuxième test : une tape sur la fesse jusque au moment de quitter la salle de consultation. Le dossier médical (que j’ai récupéré à l’automne 2015) mentionne que la séance suivante, nous en avons discuté. Il y est noté que je me suis sentie humiliée. Eh oui, je me suis dit « il veut voir si j’ai la fesse ferme » et pouvoir pouffer de rire. Au lieu de remettre en question sa déontologie, je n’ai vu que mon nez au milieu de la figure, mes défauts, etc. Comme auparavant, il est revenu à la normale. Nous arrivons au mois de juillet 1998. Ce psychiatre sait que je suis angoissée en l’absence de mon mari (c’est mentionné dans mon dossier médical), que je n’envisage pas la fin de ce suivi avant la soutenance de ma thèse (1999-2000) ni avant de pouvoir me présenter à l’agrégation de droit public (soit pas avant 2002 !!!!) ; il sait que j’aime mon mari et que je veux des enfants avec lui (25% des consultations sont consacrées à la maternité ; et j’aurai 3 enfants). Bref, il sait que je ne souhaite pas tromper mon mari, que je ne suis pas une aventurière. Ah, certes, je suis une sensuelle qui rêve de sexualité épanouie. Comme beaucoup de jeunes femmes de 27 ans (c’est mon âge en juillet 1998). Que fait-il alors ?? Il attend que mon mari quitte Paris (et que j’y sois seule) et passe à l’attaque. Le mardi 28 juillet 1998 (je précise qu’il n’a pas d’assistante), alors que je venais de lui dire que j’avais passé une excellente semaine de vacances avec mon mari à tous points de vue (c’est écrit dans le dossier médical), ce psychiatre s’est soudain levé, sans un mot ni un regard (hormis un bref coup d’oeil à sa fenêtre – il y a un vis-à-vis en raison d’une cour intérieure), m’a rejoint et a attrapé mon visage avec ses deux mains, m’a embrassée et est retourné s’asseoir. Mes mains sont restées le long de mon corps. Assis à nouveau à son bureau, je n’ai pu articuler que les mots suivants (mais pas anodins) : « qui est-ce que je viens d’embrasser ? ». Il a répondu sans égard et d’un ton ferme « moi »…, puis, chèque et feuille de soins échangés, il a dit « on va laisser reposer ; on se voit jeudi ». Avec le recul, je comprends qu’il n’a pas obtenu ce qu’il pensait obtenir. Les garçons que j’avais embrassés (avant mon mari), je les avais tous embrassés en mettant mes mains derrière leur cou. Malheureusement pour moi, au lieu de reculer devant ma réaction, le psychiatre a aggravé la pression et achevé la déstabilisation amorcée le jeudi suivant – 30 juillet 1998 – en me disant d’emblée « compte tenu de ce qui s’est passé, je ne peux plus être votre médecin ». Il avait tout prévu : il a immédiatement ajouté qu’il avait prévenu une collègue de Sainte-Anne, exerçant en libéral, qu’elle prendrait le relais. C’est bien simple, j’ai eu l’impression que tout mon sang partait dans mes pieds. Pour utiliser une image : imaginez-vous dans un avion, le pilote appuie sur un (...)