Modifié le 03-02-04 à 14:58 (GMT)Bonjour? J'espère...
Rien à faire. J'ai beau me tourner, me retourner, mettre une jambe au-dessus du drap, me placer sur le coté gauche, l’autre jambe au-dessus du drap, rechanger de jambes, essayer le coté droit, frapper mon oreiller, il faut bien se rendre à l’évidence : Il ne reste pas le moindre petit grain de sable et le marchant est déjà trop loin pour me faire rembourser…
Alors je réfléchis, je passe en revue la journée d’hier et me prépare mentalement à celle d ‘aujourd’hui. Et une question se présente à mon esprit : Pourquoi ai-je toujours envie d’aller aux toilettes quand je rentre dans une banque ? Suis-je le seul à souffrir de cette affliction ?
Je m’explique. Hier, je déambulais le long d’Oxford Street. Pour les nostalgiques d’un lointain séjour à Londres, je sors du « tube » à Oxford Circus, je remonte Oxford Street pour rejoindre Centre Point à Tottenham Court Road.
Dès que je sors du métro, le besoin immédiat d’un Numéro 2 se fait sentir… Rien d ‘anormal à cela bien sûr. J‘étais dans un endroit chaud. Je sors dans le froid. C’est tout à fait compréhensible. Je scanne donc l’horizon pour trouver les toilettes publiques les plus proches et ayant jeté mon dévolu sur Mac Donald, je me précipite à l’intérieur. Là, je prends l’air bien décidé de celui qui n’achètera son Burger Frite qu’après avoir assouvi un besoin pressant, j’esquive deux ou trois porteurs de plateau amateurs et je m‘engouffre dans les toilettes.
Je ne connais pas bien la cuisine de Monsieur Mac Donald, mais il faut dire à sa décharge, (c’est le mot) que ses toilettes sont propres. Ses toilettes sont plus que propres, ses toilettes scintillent, ses toilettes sont un monument de marbre à la gloire des besoins assouvis et des ablutions diverses. Des rangées d’urinoirs d’un blanc immaculé vous accueillent dans une haie d’honneur symétrique, des lavabos creusés dans des blocs de granite, portes après portes s’ouvrent sur de petits résidus délicieusement cloisonnés, tandis qu’une musique légère nous berce et nous prépare à la tache. C’est toujours du Vivaldi. Chacun connaît les vertus diurétiques de Vivaldi. Vivaldi est d’ailleurs plus joué dans les toilettes et dans les combinés de téléphone que nul part ailleurs… Toutes les trois minutes exactement, une petite machine, discrètement placée au mur éjecte un nuage de brume parfumé…
Une question se pose alors à mon esprit. Pourquoi n’y a t’il que rarement des publicités au dessus des urinoirs ? C’est une question justifiée pour plusieurs raison. Une publicité si judicieusement placée bénéficierait d’un public captivé pendant 4 à 5 minutes. En effet, observons le comportement du male moyen dans cette situation :
Il apparaît satisfait, soulagé, donc dans un état de réception optimum. S’il est seul, il aura tendance à jeter autour de lui un regard bonhomme, attendri de soulagement. Par contre, s’il est entouré, il regardera en face de lui avec ferveur, cherchant avant tout à éviter le moindre malentendu avec un autre male de l’espèce. Il aura le regard légèrement figé, parfaitement horizontal, un double menton à cause de la proximité du mur, et un besoin intense de se concentrer sur la disposition des carreaux de carrelage…
C’est un fait qui en dit beaucoup sur notre espèce : Un homme sur deux a du mal à uriner en présence d’un autre homme. Donc un encart publicitaire judicieusement placé sera non seulement rentable au plus haut point, mais aura aussi l’avantage de rendre un service appréciable à 50 % de la population male. Un texte publicitaire sur des huiles de moteurs ou le dernier quatre roues motrices, agrémenté de diagrammes avec des mots comme « fluide », « lubrifier », « échappement » fera tout à fait l’affaire.
Enfin je ne suis pas là pour le plaisir et après m’être lavé les mains, je prends l’air de celui qui vient de savourer son burger frite, reviendra bientôt, merci Monsieur Mac Donald, surtout ne changez rien au maquillage c’est très seyant et j’émerge dans Oxford Street, soulagé.
Je triche ? Oui je triche, mais la fin justifie les moyens.
Un lundi nuageux, vu la vitesse de croisière du touriste moyen, il faut environs 10 pour remonter Oxford Street. Une veille de Noël, ce même trajet risque de vous prendre entre 30 et 45 Minutes. Comme pour les saumons, tout est lié à la puissance du courant contraire.
Après un arrêt rapide à HMV, pour voir leurs dernières soldes sur les DVDs, j’arrive enfin devant Lloyds Bank, ma banque et je rentre. Et bien, croyez-moi si vous voulez, dès que je franchis le pas de la porte, j’ai envie de retourner aux toilettes. Est-ce une réaction pavlovienne à la vue de tous ces petits guichets ? Est-ce que le parfum ambiant de ma banque me rappelle un déodorant de toilette ? Je l’ignore, mais l’envie qui me prend est telle que je suis obligé de serrer les jambes en écrivant le montant sur la souche du carnet… J’ai du mal à me concentrer pour faire la somme et quand le Monsieur du Guichet appelle enfin, je déborde de reconnaissance avant de m’enfuir à toute jambe vers la sortie.
A peine ressorti de la banque, l’envie disparaît…
Vu mon esprit Cartésien, je dirai même scientifique, je suis entré et sorti plusieurs fois pour vérifier. A chaque fois, c’est la même chose, dès que je franchis la porte, l’envie me reprend, dès que je sors, elle disparaît…
Je ne peux pas rester plus de cinq minutes dans ma banque…
Je vais sans doute en changer…
Je ne sais pas comment leur dire…
Bonne journée à la bande à noël et à tous les défumés du forum...