La cigarette VenèreBon.
C’est bon !
Okay !?!
Une fois encore, je me rends à l’évidence…
Inutile de jouer les autruches, de se mettre la tête sous l’oreiller en geignant.
Cinq heures (heure locale) et je suis complètement réveillé. Les brumes matinales se sont dispersées, je ne les ai même pas vues. Le soleil se lève sur la savane et il va encore faire chaud pour les antilopes et les zèbres moyens…
De plus, pour arranger le coup, cette nuit, je partage ma couche avec Manu le Manouche, mon pote, le grand singe blanc, mon « plus que frère». Il est arrivé hier, pov’ petit Caliméro perdu dans la capitale, et il a oublié les clefs de chez le pote où il dort d’habitude…
Je l’ai donc recueilli chez moi… Je n’ai qu’une chambre, on partage mon futon…
C’est un fait connu de tous, Manu ronfle.
Quand je dis Manu ronfle, c’est peu comme dire le pape est catholique. Manu a gardé un coté « homme des cavernes » impressionnant et même en plein sommeil, il ronfle à faire fuir des hordes d’hyènes affamées. Ce n’est pas le ronflement régulier du scieur de bois, ni le chuintement discret de la sinusite chronique. Non, Manu le Manouche ronfle comme le philharmonique d’Edinburgh attaque une symphonie… Avec gusto, avec des crescendi vertigineux, des reprises musclées, des codas tumultueuses…
Bref Manu ronfle…
Ajoutez à cela quelques pintes de cidre la veille, (Ne me demandez pas pourquoi, mais Manu ne bois que du cidre ou de la Vodka) et vous pouvez dire au revoir à Morflé, qui se casse, complètement dégoûté sans dire au revoir…
Pourtant hier a bien commencé…
J’ai fait mes vocalises le matin à partir de 7 heures,
A 9 heures et demi j’étais en studio pour enregistrer un commentaire sur la construction du dernier bateau des chantiers de St Nazaire et comme j’y suis né, ça me faisait plaisir…
Bonne session, je cours ensuite à mon test pour le jeu vidéo. Un grand merci pour les ondes, je les ai senties !!! Je galope ensuite chez le coiffeur, avant de retrouver Manu et Olivier pour une Pizza sur le pouce dans Soho. Café avalé, je file au Actors Center dans Covent Garden, pour un rendez-vous de production pour la pièce que je veux mettre en scène au Tristan Bates Theatre. Je vends bien mon truc et il me reste 10 minutes pour me rendre à Leicester Square pour une séance de doublage du film Vanity Fair. Je sors à 18 heures et donne rendez-vous à mon bon Manu dans un pub de Soho. Jusque là tout va bien, très bonne journée…
Des compliments de partout. Toute la journée…
Au premier boulot, la secrétaire :
« Oh, Stéphane, mais quelle bonne mine tu as…»
Le metteur en scène, en allumant une goudronneuse pendant la pause : « Moi aussi il faut que je retourne à la gym »
Les autres acteurs : « Oh, mais tu es en pleine forme, tu as vraiment l’air en pleine santé. Mais quel est ton secret ? »
Moi : « Il n’est a pas de secret, je ne fume plus et je vais à la gym de temps en temps… »
Entre nous, il ne faut JAMAIS dire que l’on passe 2 heures par jour à la gym, ça ne se fait pas…
Tous de s’exclamer : « Oh… »
Plus tard dans le pub, je sens bien qu’il y en a plus d’un que je ne laisse pas indifférents…
Et c’est toujours agréable…
Vous sentez venir la chose ? La grosse descente ? Le poing dans la tronche ? Vous avez raison, il arrive…
Manu, en bon straight récemment marié, vient dans les lieux gays pour me faire plaisir, vu que moi, mon petit cœur est encore à prendre… mais en attendant, le reste aussi…
Après notre troisième pinte, je remarque un jeune indien qui, me semble t’il, commence à nous brancher. Manu n’aime pas qu’on le cherche de trop près et celui-là le rend visiblement mal à l’aise. Il nous fixe tous les deux et s’installe contre le mur juste à coté de nous… Il mate… « C’est bon », je dis à Manu, « c’est la rançon du succès » et je commence à le charrier du style : « Il te veut. Sois pas si cruel, fais un effort… » et autres plaisanteries hilarantes. Et on ignore le gars…
Dix minutes plus tard, le mec a disparu et mon portefeuille aussi…
Ce n’est pas une coïncidence…
Il n’était pas après nous, comme ma vanité pouvait me le faire penser, non, il en avait à mes gros sous, pas à mes gros bras…
Je suis bien énervé et si je le chope, le petit indien, il va passer un mauvais quart d’heure, comme le mec qui avait piqué mon sac à Rome et que j’ai rattrapé à la course trois kms plus tard et à qui j’ai filé une rouste, dont il doit se souvenir encore. Bref, je descends avec le petit serveur pour passer un coup de téléphone dans le bureau du pub et faire opposition à mes cartes… Je suis vénère, complètement dé-saoulé.
Et pourtant…
Pourtant, quand le petit serveur m’a sorti son paquet de clope et m’en a proposé une… J’ai automatiquement répondu, enrobé d’un grand sourire, car il est plutôt mignon : « No, Thank-you, I don’t smoke.»
Il y a trois mois, j’aurais été incapable de faire face à la situation sans une goudronneuse dans le bec… Plus maintenant… Merci.