Elles sont mon plus constant plaisir,
m'animent et me raniment,
me ravinent et j'en suis ravi.Elles font monter l'adrénaline,
m'apaisent et puis m'inspirent,
m'accompagnent jusque tard dans la nuit.
Elles me font vivre alors au jour de crever,
j'espère qu'elles seront à mon chevet
pour les en remercier.
Bonjour,
Ma vie, c'est l'écriture. J'ai publié 4 romans et sur mon site, où je propose de nombreux inédits, j'ai écrit fin 2003 le poème que vous venez de lire.
Bon, le décor est planté, voilà un parfait cliché d'écrivain : clope et café, j'en passe et si je m'arrêtais là, ce message aurait tout d'une provocation gratuite. Mais ce n'est pas mon genre, et même si je suis nihiliste sur les bords, je vous soumets ce poème parce que j'ai à mon tour décidé d'arrêter de fumer... C'était le 11 juin dernier, à la veille de mon 35è anniversaire, en me couchant je me suis dit : "tu as trop fumé, tu as mal au ventre d'avoir enfilé ces 4-5 cigarettes nocturnes, derrière ton écran sans savoir pourquoi, fumer est ta plus vieille habitude, essaie de voir quelle différence cela ferait si tu t'arrêtais." En fait, voilà : je me suis lancé ce défi de voir si cela change réellement quelque chose. Au corps et au coeur, au moral et au mental. Je me suis donné 3 mois pour faire le bilan : le 11 septembre, je ferai le point.
J'ajoute que je jogge 2 fois par semaine depuis 3 ans, et qu'à ce niveau-là, le changement a tout de suite été perceptible : je tousse beaucoup moins à l'arrivée ! Le matin également, je ne tousse plus. Le plus dur, évidemment, c'est le soir. C'est la nuit. En ce moment, je n'écris pas, le vrai test, pour moi, aura donc lieu à la rentrée, où j'ai prévu de replonger dans un roman. Puis-je concevoir d'écrire sans fumer ? C'est assurément là que cela promet d'être le plus difficile. Nous verrons bien, j'ai prévu, éventuellement, de reprendre avec "2 à 3 cigarillos par soir", histoire de... Histoire de rendre la vie à nouveau un peu plus "wiiiz !" Wizzzz.... Car quoi, le plus frappant, quand on arrête de fumer (j'ai arrêté du jour au lendemain, sans substitut ou patch ou rien, je fumais 20 clopes roulées/jour), c'est l'ennui... La longueur des journées ! Un comble pour moi qui n'avais jamais le temps pour rien. Vais-je avoir l'impression d'avoir du temps en plus, lorsque j'écris (c'est là qu'il fait le plus défaut, le temps) ? Je ne pense pas, mais ce qui manquera, qui manque déjà : c'est le petit mécanisme "plaisir", voire "récompense". Vous savez, quand on a accompli quelque chose, et qu'on s'accorde une pause bien méritée. Pour souffler, pour se détendre. Egalement, je ne sais pas pour vous, mais ce qui me surprend également, c'est la fatigue... Sans rire, cloper maintient réellement éveillé. Aide à écrire loin dans la nuit et ça, pour moi, c'est vital. Je ne puis me passer d'écrire. Alors, pour toutes ces raisons, je verrai bien. Evidemment, la maison qui sent bon, ma femme et ma fille qui me remercient, la liberté par rapport à tous ces objets qu'avant, il fallait emporter partout avec soi, tout cela sont des avantages indubitables. L'haleine, les dents, oui oui. Mais faudrait pas que la vie devienne encore plus triste et absurde, les créateurs s'il y en a parmi vous, comprendront ce que je veux dire. Bref : je tiens bon pour le moment, seules les 4 premières nuits ont été difficiles physiquement, j'avais une boule dans le ventre, à présent disparue. J'ai prévu de prendre jusqu'à 5 kilos à cause des sucettes et de bonbons, que je reperdrai avec le jogging mais pour le moment, ma ligne ne souffre pas trop... J'ai fait un peu long, pardon, je ne me suis pas relu (pour un écrivain c'est pô bien), simplement j'ai eu envie de témoigner, spontanément, à mon tour sur ce forum plutôt bienveillant.
Sincèrement,
Christophe
http://www.spielberger.net