Olivier,J'ai connu (je connais) les mêmes moments que toi et je les ai d'ailleurs décrits dans ce forum.
Tu dis que cette période de remise en cause te rappelle la crise d'adolescence et je crois que tu as parfaitement mis le doigt sur le fond du sujet. Nous vivons une crise, certes, mais c'est avant tout une metamorphose, un peu comme une mue. Indépendamment de la clope, cette métamorphose aurait eu lieu, et semble être relativemet commune aux alentours des quarante ans. Je pense que l'arrêt du tabac fait partie de cette démarche de métamorphose. Le problème, c'est tout simplement que la clope fournissait une dose régulière de "calmant" qui a retardé cette transformation. En arrêtant la nicotine, le processus met les bouchées double ou même triple! Et ça fait mal.
Beaucoup sont passés par là. Quand on s'interesse un peu à la philosophie et à l'histoire, on s'apperçoit que ce sujet est traité avec énormément de constance . Le thème de la "resurrection" est omniprésent. Pourquoi l'homme souffre-t-il ? Pourquoi ces démons qui nous habitent ? Sommes-nous tous blanc et noir et voué à vivre un enfer sur terre ? Bref, l'être pensant qui se pense lui-même souffre. C'est normal ! (sic).
En fait, il me semble que voir les choses sous l'angle de la metamorphose nous donne bien plus d'espoir que de constater que les démons nous habitent. La metamorphose sous entend qu'on est dans un processus qui a un début et bien évidemment une fin. Ce qui n'est pas le cas quand tu parles d'avoir "réveiller la bête". Tu n'as pas réveillée la bête. Ton être profond change comme il a changé en passant de l'enfant à l'adulte. Maintenant tu passes du stade du jeune adulte à celui de l'homme mûr. Dans mon expérience propre que je ne prétend pas être universelle, ça correspond à passer de la phase "maître du monde" à celle de l'adulte "qui intègre sa mort".
Aujourd'hui nous sommes donc dans ce processus de transformation. Quoiqu'on fasse il est en marche et je me demande si la souffrance n'est pas proportionnelle au degré de resistance que nous lui opposons.
Si je m'écoute vraiment, il me parait nécessaire de changer de métier, de changer de mode de vie, d'accorder plus d'importance à ma famille, à mes enfants, et de bâtir un projet d'avenir.
Est-ce réellement hallucinant de changer de métier et de mode de vie ? Nous n'avons pas la même vision du monde qu'il y a vingt ans. Nous avons eu des enfants depuis. Nos idéaux ont changé. Nous ne poursuivons pas les mêmes rêves. A mon sens, il me parait normal de remettre en cause le boulot et les priorités dans notre vie. Plus nous résistons à cela, et plus cette voix à l'intérieur nous dit: "Regarde comme tu te fais du mal".
Je livre là mes reflexions du moment. Je n'ai pas de vérité à transmettre et je ne me permettrais pas d'asséner des vérités universelles. Chacun son chemin, mais seule la communication nous permettra l'entraide.
JC