L'irruption du Viagra, premier médicament permettant d'agir efficacement et simplement sur une érection défaillante, a conduit le Comité Consultatif National d'Ethique a prendre position sur l'impact des traitements de la sexualité sur notre société.http://www.ccne-ethique.org/francais/avis/a_062.htm
http://www.ccne-ethique.org/francais/pdf/avis062.pdf
Le CCNE conclue notamment :
"Toute amélioration des troubles de la vie sexuelle concourt au bien-être de l'individu. Cependant, la vie sexuelle diffère d'autres fonctions individuelles car elle n'est pas vitale, elle fait appel à l'interaction complexe de facteurs physiques et mentaux et renvoie souvent à la complémentarité d'un autre. C'est dire que cette complémentarité peut signifier au plan thérapeutique que l'on dépasse la simple prise d'un médicament.
Le CCNE a déjà formulé des recommandations sur un projet de loi sur la prévention et la répression des atteintes sexuelles contre les mineurs et a rendu un rapport sur la stérilisation des handicapés. Ce sont autant de précédents d'une médicalisation de la sexualité qui paraît désormais irréversible."
S'il estime légitime que la société puisse aider au remboursement du Sildénafil dans les cas où il est évident que la dysfonction érectile est organiquement perturbée (affection chirurgicale ou médicale), en revanche, il ne considère pas que la société doive prendre en charge toute perturbation de la vie sexuelle d'un individu ou d'un couple, en l'absence de pathologie identifiée connue, l'âge ne devant pas être assimilé à une pathologie.
Si le CCNE reconnaît dans un contexte pathologique déterminé le statut de médicament au Sildénafil et aux futurs produits proches en cours de commercialisation, il rappelle que la prescription doit toujours rester médicalement encadrée, et insiste sur le fait que le rôle du médecin ne peut, dans ce domaine, se réduire à une simple réponse technique. Au contraire, la médecine doit aider, en tant que de besoin, à une meilleure prise en charge de la vie sexuelle dans toute sa complexité."
En pratique, le CCNE ne considère donc pas que la société doivent prendre en charge une dysfonction érectile lorsque celle-ci n'est pas liée à une maladie organique. Pourquoi valoriser autant la souffrance psychique, histologique, par rapport à la souffrance morale ?
Dans le même ordre d'idée, le traitement médicamenteux de l'anxiété devrait-il être réservé à l'anxiété généralisée, endogène ?
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Dr Dominique Dupagne