Bonjour à tous ! J'ai parcouru attentivement vos messages. Lecture enrichissante.
Je vais vous faire part de mon histoire.
L'an passé, au mois de décembre, j'ai été hospitalisée pendant un mois en HDT pour une bouffé délirante aïgue. La crise n'a pas duré très longtemps - 4/5 jours. Mon père, qui par chance est médecin, a trè vite détecté le problème .
Mon délire a été qualifié de "mégalo-maniaque".
Ca a commencé lorque j'ai rencontré un homme dont j'étais très amoureuse. Mais il habitait au Québec, notre histoire n'était pas possible. Nous nous sommes beaucoup écris et il m'a raconté sa vie. Il a vécu l'inceste et s'en est sorti grâce à une psychothérapie. Il m'a parlé de la "résilience". Son expérience m'a fait beaucoup (trop !) réfléchir sur ma propre vie et mes propres douleurs. J'étais surexcitée, je ne m'alimentais plus, je ne dormais plus. Un matin, je me suis réveillée et j'ai "senti l'amour de ma mère". En deux mots, ma maman souffre de dépression depuis toujours, et a souvent recours à l'alcool pour s'échapper. J'ai vécu dans un climat tendu toute mon enfance et adolescence. A 17 ans, j'ai quitté la maison pour mes études et j'ai décidé de tirer un trait sur toutes ces douleurs passées. Seulement, elles m'ont ratrappées. J'ai eu des souvenirs fulgurants de ma petite enfance. Je me suis souvenue de secrets de famille, de choses qu'on m'avait toujours cachées... Comme ça, d'un coup ! C'était assez impressionnant. Mon premier réflexe a été d'écrire des lettres à mes parents, pour leur expliquer ce qu'il se passait dans ma tête. Ces lettres les ont beaucoup touchées. Tout était cohérent (la seule chose bizarre c'est comment ces souvenirs sont remontés alors qu'ils dataient de ma plus tendre enfance...). Ensuite j'ai voulu faire la "justicière", venger ma mère en quelque sorte. J'ai mis un bordel pas possible dans la famille !
Puis je suis tombée dans le délire. Je ne me souviens plus. Selon mes proches, j'envoyais des messages du type "laissez-moi seule avec mes démons"... plus aucun souvenir des démons (et heureusement d'ailleurs).
Bref. Après quatre jours d'appels continuels à la maison (je téléphonais environs 20 fois par jour), mon père a décidé de venir me chercher (j'habite à 400KM de chez eux). Pour pouvoir apprécier mon état et me soigner. Nous avons fais l'aller-retour dans la nuit. Puis j'ai eu l'impression de dormir. Le lendemain matin, j'ai voulu reprendre le train car j'avais un réunion importante au boulot. Mon père a refusé et m'a conduit à l'hôpital. C'est seulement une fois arrivé là-bas qu'il m'a dit que je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit et que j'avais déliré... S'en suit une semaine de sommeil forcé. Les médecins, qui avaient détecté du THC dans mes urines, m'ont d'abord traité comme une droguée (j'étais suivie par une toxicologue). Quand j'ai retrouvé ma tête, j'ai beaucoup parlé avec mes parents. Ils m'ont dit que mes souvenirs étaient réels. Ma mère m'a même dit que je l'avais "cruellement vengée".
J'ai vite demandé à sortir, mais le régime de l'HDT est assez stricte et même si j'allais nettement mieux, ils ne voulaient pas prendre le risque de me laisser libre. Ils me croyaient toujours droguée...
J'ai eu une autorisation de sortie. J'en ai profité pour récuperer les lettres que j'avais écrites à mes parents. Je les ai donné au médecins en leur disant que je refusais de leur parler tant qu'ils n'auraient pas lu ces courriers. Deux jours plus tard, je n'avais toujours pas de nouvelles d'eux. J'ai alors fais ma "tête de mule" en leur disant que je refusai de m'alimenter tant qu'ils n'auraient pas lu. Bingo ! Une heure après j'étais convoqué dans le bureau du médecin. Elle m'a dit "mais vous n'étiez pas sous l'emprise de drogues quand vous avez écris ça !" et a levé l'HDT sur le champ, dix jours avant la date prévue. Le lendemain, je quittais l'hôpital en leur promettant de bien prendre mon traitement et de me faire suivre par un psy. Ce que j'ai fais. J'ai pris du Zyprexa pendant 6 mois et me suis fait suivre par un des meilleurs psychiatres de la ville.
Au mois de juin, j'ai arrêté les médicaments.
Au mois de septembre, j'ai arrêté le psy.
Au mois de décembre, j'ai connnu quelques insomnies auxqelles je n'ai pas vraiment prêté d'importance. Et depuis la semaine dernière, suite à un choc émotionnel important, j'ai de nouveau des insomnies et du mal à me nourrir. J'ai revu une personne dont j'ai été très amoureuse (encore !) et que je n'avais pas vu depuis 6 mois, après une rupture très douloureuse. Cet homme, pour lequel je nourrisais encore de la colère et de la rancoeur, je l'ai trouvé très triste (il venait de se faire quitter). Il pleurait (je ne l'avais jamais vu pleurer). Il m'a bouleversé. Et mon cerveau s'est remis en surchauffe.
Je suis allée voir mon généraliste qui m'a examiné. Tension très élevée, rythme cardique trop rapide...
Selon lui, je suis comme une "cocotte-minute, sous pression, et qui rique d'exploser".
Il m'a prescrit un somnifère et 25mg de Tercian à titre préventif.
Voilà mon histoire. Trop d'émotions me conduisent à un état de surexcitation incroyable.
Mais maintenant, j'arrive à le détecter. C'est déjà ça, non ?
Bonne soirée à tous.
Anna