Forum Médical

Attention : cette archive du forum est en lecture seule.

"Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Envoyer ce sujet à un(e) ami(e)
Format d'impression
Mettre en signet (membres seulement)
Précédente | Suivante

Accueil Général des Forums
Forum : Schizophrénie (Protected)

Message d'origine

catoue (1 messages)
18-01-04, 08:43 (GMT)

"Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Bonjour à tous et merci pour ce forum que vous faites vivre avec beaucoup de sensibilité et de sincérité.
Nous sommes parents d’un jeune homme de 18 ans schizophrène. Il entend des voies ( depuis longtemps ), a des hallucinations visuelles de violence où il est acteur, est paranoïaque ( les gens dans la rue, le gouvernement …. ), se ressent comme une double personnalité, le gentil et le méchant, et cela par période ( période de stress intenses ). Il sait que les voies et les hallucinations ne sont pas réelles, par contre lors des crises de paranoïa, impossible de le raisonner. D’une manière générale, il ne supporte pas qu’on le touche, qu’on le maintienne ( lors d’un anniversaire, un copain bien arrosé l’a agrippé et il a fait une crise…tout cassé, une fureur meurtrière démesurée ( qui est-il dans ces moments là ? ) ses copains ont eu bien du mal à le faire revenir à la réalité, se sent très vite agressé lors d’une discussion même banale ( sentiments, logique, sens des mots altérés ), certaines choses les plus simples sont toute une histoire ( aller chez le dentiste alors qu’il hurle de douleur ). Dans sa relation avec les autres, cela va jusqu’à ce qu’il fasse une fixation sur la personne qu’il ne supporte plus ( il a essayé la colocation sans succès et est donc revenu vivre à la maison). Bien sûr, échec scolaire ( ne supporte pas les profs ), ne cherche pas de travail car il dit qu’il ne supportera pas les réflexions, l’autorité, a toujours des tas de projets qu’il abandonne, ment souvent, fuit la réalité….bref, il ne fait rien de constructible, se couche à des heures impossibles et se lèvent à des heures impossibles. Il dit qu’il est bien ainsi dans sa bulle, son monde, sa réalité et n’aime pas du tout lorsque nous essayons de le remettre face à la réalité ou que nous ayons des exigences ( faire une formation, suivre des cours, chercher un boulot…bref se prendre en charge et se responsabiliser ). A sa demande, nous l’avons inscrit au cned en 2d et c’est toute une histoire pour arriver à avoir deux devoirs par semaine ( je suis obligée de faire du chantage et je sais que je ne le responsabilise pas ainsi ), il s’énerve, tempête qu’il n’y arrive pas ( à s’y mettre ), que c’est un truc de « ouf », qu’il n’est pas un intellectuel, qu’il ne comprend rien au vocabulaire….et parfois nous surprend par un travail de qualité..
Il a eu du solian qu’il a arrêté au bout de quinze jours, puis dans la foulée a fait un séjour en HP de qq jours après avoir agressé son père ( ITT de plusieurs jours), erré, tenu des propos incohérents ( gendarme, chambre d’isolement ).
Il en a gardé une peur panique et dit qu’il n’y retournera pour rien au monde même s’il doit tuer qq pour cela ( ?). Il sait qu’il est schizophrène. Il ne veut pas suivre de traitement médicamenteux, ni voir de psy ( il en a vu plusieurs depuis l’age de 12 ans et ça n’a rien donné …trop peu de temps )…son médicament dit-il c’est l’herbe(qu’il fume depuis l’age de 14 ans plusieurs fois par jour), la seule chose qui le calme et que son médicament à lui au moins est naturel ( ?). Il dit qu’il se gère, qu’il gère ses problèmes. Le fait que toute la vie familiale souffre aussi de devoir constamment s’adapter à lui, que nous nous inquiétons de son devenir, que nous vivions en nous demandant quand la prochaine crise arrivera ( elles sont toujours très violentes ) ne lui pose aucun problème. Il recherche constamment ma protection ( j’entends par là que je le cocoone ).
Là où nous sommes perplexe…c’est qu’il a une vie sociale active ( des copains, il sort, fait un peu de sport, fait partie d’un groupe de musique ), qu’il s’est bien débrouillé pour acheter son matériel de sono ( pour ses « teufs » ) et qu’il sait se lever tôt pour trouver son herbe !!!
Comment avez vous vécu cette période d’adolescence, quelle est la limite entre les problèmes inhérents à l‘adolescence et ceux liés à la maladie ? Que pouvons nous accepter ? Nous pensons que notre fils n’avancera pas, et que les choses risquent de rester en l’état tant qu’il ne suivra pas au moins une thérapie. Devons nous l’y obliger ? Il s’y refuse de façon très forte et se met en colère ou fuit la conversation.
Merci de votre écoute…pour ce message un peu long.

Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

Liste des réponses à ce message

Envoyer ce sujet à un(e) ami(e) Format d'impression Mettre en signet (membres seulement)	Précédente \| Suivante
Accueil Général des Forums Forum : Schizophrénie (Protected)
Message d'origine

Lobby | Retour au Forum | Précédente | Suivante

Texte des réponses

amairyxiv (46 messages)
18-01-04, 15:04  (GMT)

1. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Bonjour.
A ce que vous racontez, force est de constater que votre fils est non seulement malade, mais tres malade. Je crois personnellement qu'il a besoin, au moins dans un premier temps, de se consacrer entierement a sa sante. Je suis surpris qu'acun medecin ne vous aie fait part de la becessite d'une prise en charge lourde. Il est pour moi evident que votre fils a besoin d'etre suivi tres regulierement par le corps medical psychiatrique.
Pour ce qui est de l'adolescence, on ne peut pas faire de generalite. Visiblement, la maladie de votre fils se declare tres tot, ce n'est pas le cas de tout le monde. Nombre de schizophrenes ont vecu une adolescence qu'on peut considerer comme parfaitement normale. Je crois que chaque malade un son propre vecu, et l'adolescence en fait partie.
Une petite parenthese en ce qui concerne le cannabis. Pour ce qui me concerne, le cannabis m'apparait comme ayant ete un facteur declenchant de bouffees delirantes. Je ne sais pas s'il faut en faire une generalite, peut-etre le docteur Dupagne pourra-t-il nous en dire quelques mots. Mon experience du cannabis me pousse donc fortement a inciter votre fils a s'en sevrer. Je considere qu'il ne peut qu'empirer les cjoses.
Pour conclure, j'insiste, et je pense que d'autres opinions iront dans ce sens, j'insiste sur le fait qu'a mon sens, votre fils a un besoin urgent d'etre suivi de tres pret medicalement; je repete qu'a mon avis, la priorite des priorites n'est pas ses etudes, ni qu'il essaie de se prendre en charge, mais sa sante.
En esperant vous avoir ete utile, je vous souhaite bon courage, avous et votre fils.

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

amairyxiv (46 messages)
18-01-04, 15:04  (GMT)

2. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Pour ce qui est du cannbis, peut etre ce document vous intéressera-t-il:
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/mag_2003/mag0829/ps_6958_cannabis_troubles.htm

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

Laurence2 (702 messages)
18-01-04, 15:04  (GMT)

3. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Bonjour Catoue,
une thérapie est un travail sur soi-même, ça demande de l'investissemnt, de la motivation. Je ne vois pas comment on peut obliger quelqu'un à suivre une thérapie, c'est une démarche personnelle que personne ne peut faire à la place de quelqu'un d'autre.
Ce qui ne veut pas dire que vous pouvez en parler avec votre fils, lui dire que vous pensez que ça lui ferait du bien et que vous seriez heureuse qu'il se soigne.
Si votre fils est agressif, c'est sans doute parce qu'il ressent le monde et les autres comme agressifs.
Par exemple, l'aggriper alors qu'il ne supporte pas qu'on le touche, c'est violent. Ca vous paraît sans doute banal, mais pour lui c'est une violence et il faut qu'il l'exprime d'une façon ou d'une autre.
Quand on est schizophrène, le monde extérieur est souvent insupportable. C'est pour ça qu'on se réfugie dans une bulle, on essaye de se protéger du monde comme on peut, chacun à sa façon. Moi je retourne l'agressivité du monde et des autres contre moi-même (dépression, auto-mutilation, isolement), votre fils la retourne contre les autres mais je pense qu'à la base la souffrance est pareille.
Cordialement,
Laurence

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

abracadabra (6 messages)
18-01-04, 23:03  (GMT)

4. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

bonjour,
personnellement j'ai trés mal vécu mon adolescence. Beaucoup de violence.
Je confirme que l'usage du cannabis était bien un facteur agravant les bouffées délirantes.
C'est un peu comme si toute ma vie avait été une sorte de montée en puissance jusqu'à l'internement et aux "premiers soins" ))
Il n'est peu être pas nécessaire d'attendre... mais je crois que chacun doit avoir son parcours personnel.
Bon courage et tenez nous au courant
Lucien

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

nora (293 messages)
18-01-04, 23:03  (GMT)

5. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Bonjour Catoue,
Mon fils a aujourd'hui 22 ans et sa maladie s'est déclarée vers dix huit ans. Il a eu une enfance et une adolescence tout à fait normale et n'a pas posé de problèmes particuliers jusqu'à cet âge. Il s'est ensuite progressivement retiré de la vie sociale, en abandonnant ses études, ses amis et a coupé toutes communications avec nous. Il vivait replié dans sa chambre et nous rejoignait seulement pour le repas du soir.
Nous avons eu des conflits importants avec aggressions verbales de sa part (jamais physiques), quand nous essayions de lui faire comprendre qu'il avait besoin de soins et quand nous avions essayé de le remotiver pour ses études. Finalement nous avons compris qu'il était dans un autre monde et qu'il avait une activité délirante importante. Nous avons alors pris conscience qu'il était très malade et qu'il n'était pas du tout dans l'état d'étudier ou de travailler. Quand nous lui avons dit que nous comprenions qu'il ne pouvait pas étudier, que ce n'était pas de la paresse, et qu'il n'était pas responsable de ce qui lui arrivait, la tension a nettement retombé et nous avons pu petit à petit renouer le dialogue. Il a fallu pourtant deux années pour qu'il accepte un suivi psychiatrique. A cette époque nous ne savions pas encore qu'il était schizophrène.
Notre expérience est plutôt différente de la votre et je ne peux pas vous donner de conseils. Votre fils a besoin d'un suivi, c'est certain mais faut-il l'obliger à se soigner ? Le mieux serait d'arriver à déclencher chez lui l'envie de se soigner et pour cela il faudrait qu'il prenne conscience de sa maladie. Par contre je ne crois pas que vous devez le laisser commettre des actes de violence et que s'il y a une limite à ne pas dépasser c'est sans doute celle-ci.
Je regrette de ne pas pouvoir vous apporter plus mais je sais combien on souffre et combien on est démuni dans votre situation.
Nora

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

catoue (VNI) (0 messages)
19-01-04, 19:39  (GMT)

6. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Bonsoir et merci de m'avoir répondu.
Nous sommes conscient que notre fils est malade et qu'il a besoin d'un suivi et nous comprenons aussi que cette décision doit venir de lui avec le temps probablement. Comme vous l'avez dit d'une manière générale, il doit faire son propre chemin. Son état dure depuis longtemps,avec des hauts et des bas et des période de calme, et nous devons convenir que nous ne savons pas ce que sera demain, comment il va évoluer.Il s'est structuré avec la maladie et a donc appris à vivre avec.C'est vrai qu'actuellement, c'est moins lourd à supporter qu'il y a deux ou trois ans où c'était très violent( nous ne comprenions pas ce qui se passait et c'était très angoissant...beaucoup de culpabilité et de remise en question, beaucoup d'erreurs aussi, et lui n

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

catoue (1 messages)
20-01-04, 07:14  (GMT)

7. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

( suite ) et lui aussi ne comprenait pas ( à 15 ans, il m'a dit un jour "maman, tu ne comprends pas, je ne suis pas comme les autres " ).
En ce qui concerne le cannabis, nous nous y sommes opposés de toutes nos forces, sans succès. Rien à y faire. Et cela aussi prouve son mal-être. C'et sa première préoccupation.
En ce qui concerne la violence, nous ne l'avons jamais accepté et d'ailleurs, nous pensons qu'il sait quelque part se contrôler puisque depuis ces 18 ans, il fait attention car il ne veut pas prendre le risque d'être en rupture familiale.
Lorsque il vivait en seul, en appart, il trouvait des ressources à l'intérieur de lui-même ( faire ses courses, gérér ses relations avec les autres, des démarches....) même si cela l'angoissait, cela avait au moins le mérite que c'est la seule fois où il a fait la démarche de voir un psy ( il n'y est plus retourné ). Peut-être devrions nous le remettre en apart ?
Cette maladie est difficile à accepter par tous malade et entourage et c'est peut-être pour cela que je me raccroche à ses cours.
Merci Laurence pour votre infos, je crois que notre fils ressent ce que vous décrivez.
Nora, si je peux me permettre, comment avez vous acceptez et reconnu, en tant que parents, les difficultés de votre fils, ces deux années. J'espère qu'il va mieux.
Merci à tous,
Catoue amicalement

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

nora (293 messages)
20-01-04, 22:46  (GMT)

8. "RE: Adolescence et schizophrénie, votre experience"

Bonjour Catoue,
C'est difficile de vous dire aujourd'hui comment s'est faite cette prise de conscience. Je garde de cette période un souvenir d'horreur, comme si nous avions été pendant tout ce temps en marge de la vie normale et que nous ne savions plus nous mêmes qu'elles étaient les limites de la normalité. Je sentais que mon fils dérapait mais il y avait une partie de moi qui se refusait à analyser son comportement. J'avais trop peur de ce que je pressentais. J'avais des prises de conscience par flash et tout de suite après je cherchais des explications rationnelles. Nous avons cherché de l'aide auprès du généraliste, auprès de la famille mais personne finalement n'a compris la gravité de ce qui lui arrivait et c'est pour cela qu'il a fallu tant de temps pour mettre en place un suivi psy.
Aujourd'hui je ne regrette pourtant pas d'avoir traversé ces longs mois de souffrance, d'isolement d'incertitude, car ils ont permis à mon fils d'accepter sa prise en charge et il a été hospitalisé avec son consentement. Cette hospitalisation a été un grand traumatisme pour lui et pour nous et je me demande comment nous aurions pu supporter une hospitalisation contre son gré.
Lorsque le diagnostic a été confirmé nous avons été desespérés et cela a été un grand choc pour nous même si nous l'attendions. Puis nous avons commencé à nous renseigner mieux sur la maladie, c'est à ce moment que j'ai commencé à lire les messages sur le forum et cela m'a été une aide précieuse. Aujourd'hui bien que nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi il a fallu que cela tombe sur lui, nous avons bien intégré qu'il est malade et nous nous employons de toute notre force à soulager sa douleur.
Il a été reconnu invalide à 80% par la COTOREP pour deux ans mais nous condidérons cette étape comme une période transitoire et nous gardons fermement l'espoir qu'il pourra réaliser plus tard les études qu'il souhaite. Le temps n'a plus d'importance, ce qui compte c'est qu'il arrive à se sentir mieux.
Je crois que j'ai été un peu longue...
Amicalement
Nora

Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

Fermer | Archiver | Effacer

Lobby | Retour au Forum | Précédente | Suivante