MISTY (3 messages)
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16-04-04, 12:05 (GMT)
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36. "RE: mon mari est schizo" |
Chère Nora Tout d'abord merci pour votre soutien et pour l'attention que vous portez à notre histoire… Je vous avais écrit un long message, mais que s'est-il passé, il a disparu… Je tentais d'expliquer ce long parcours… A 17 ans Julien faisait des crises violentes que tous autour de moi expliquaient par une crise d'adolescence un peu plus forte chez lui que chez les autres, j'étais la seule à prétendre qu'il y avait quelque chose de plus grave mais quoi , je ne le savais pas… nous n'avons jamais eu de souci dans notre famille… pas à ce point là… Julien n'a jamais fumé, ni même bu, … De 18 ans à 21 ans, des crises et des crises, nous l'avons mis à la porte à plusieurs reprises… puis à 22 ans son état a empiré… violence, toujours mais harcèlement vis à vis de son ex petite amie, croyance en dieu, presque fanatique, il n'a pas été élevé dans une tendance religieuse, ma seule croyance étant en l'être humain… Comme son état m'inquiétait de plus en plus, j'ai prévenu en janvier 2002 le cmp de son quartier à Paris… ils ont reçu julien avec nous et ont constaté son état, ils nous ont fait la promesse de le prendre en charge… et nous ont affirmé que s'il ne venait pas à ses rendez vous, ils viendraient le chercher… je pouvais donc lâcher prise… mais ce n'était qu'un rêve, car la réalité… au mois d'avril, Julien se clochardisait, ne mangeait plus, devenait de plus en plus violent, dépensait un argent qu'il n'avait pas, perdait, tout ses clefs, tout… avait fait un scandale dans un théâtre… bref, je suis allée de nouveau les rencontrer au CMP pour savoir, là, j'ai appris que depuis le mois de février ils ne l'avaient plus revu… et qu'ils avaient noté qu'il était à un carrefour… son état était jugé d'inquiétant… mais ils n'avaient pas bougé pour aurant… Julien avait sympatisé avec un curé qui m'avait à l'époque téléphoné pour me dire qu'il était inquiet, car il montait sur le toit de son immeuble (8 étages) jamais il n'a voulu appelé le centre pour les avertir, cela aurait aussi apporté du poids à ce que je disais… je vous passe le harcèlement, moi aussi, dont j'ai fait preuve auprès du cmp de l'époque pour qu'ils se bougent… par chance, et c'est dingue de dire cela, il a été arrêté par les flics, en train d'escalader l'immeuble de son ex petit copine, à qui il voulait déclarer son amour… il ne l'a pas fait en cachette mais à la vue de tout le monde… bref, il s'est retrouvé au commissariat, le commissaire a fait preuve d'intelligence, et ne l'a pas mis en garde à vue mais m'a écouté, Julien devait se faire soigner, il a donc été envoyé au service d'hygiène mentale de la police ou le lendemain on m'annonce qu'on va le libérer, car il est très calme… (derrière la vitre floue, j'ai vu le visage de mon enfant, il avait l'air totalement ébêté) j'ai pété les plomps devant les médecins, même mon mari n'a pu m'arrêter, et je leur ai dit, le premier qui me le remet dans la rue et s'il arrive quelque chose à mon fils ou s'il commet un acte grave contre autrui, et notamment vis à vis de la jeune fille, je le fais suspendre du conseil de l'ordre… le calme est alors revenu, et comme ils ont eu quelques inquiétudes du fait de mes menaces, ils l'ont donc adressé à st anne… a st anne, même problème, tout le monde le trouvait calme et peut-être allait-il ressortir… fort heureusement j'avais apporté un journal dans lequel il parlait de nous au cours de ses délires, si cela avait été la réalité, j'aurais à mois seule mérité 50 ans de prison… fort heureusement une psy en "extra" a accepté de parcourir quelques pages, et c'est ainsi qu'il a pu être réellement hospitalisé… au bout de trois jours, le psy du cmp nous annonce, c'est grave, votre fils est dans un état grave, je ne sais pas si il va en ressortir… il nous a dit, pour imager, son angoisse à l'intérieur de lui c'est du béton… même les piqures médicaments n'y font rien; quelques jours plus tard, julien a repris pied… ils l'ont gardé un mois et l'ont fait ressortir parce qu'ils avaient des problèmes de lit…… uniquement… la seule chose que nous ait dit le psy, c'est que Julien avait plus de côtés positifs que négatifs, je vais sans doute faire rire beaucoup de monde, mais moi j'ai pris cela à la lettre et j'étais contente mon fils avait plus de côtés positifs… c'est plus tard, en poussant l'investigation plus loin, en allant chercher des réponses sur internet, et des psy du Québec, que j'ai compris ce que signifaient ces termes, directement liés à la maladie de la schizophrénie… une fois dehors, ils l'ont renvoyé chez le psy qui s'en occupait et qui était une véritable catastrophe… malgré nos supplications… piqure retard pendant trois mois, puis solian 200 mg… à partir du mois de février 2003 julien ne prend plus son traitement, le psy nous prévient, il y aura rechute… rien n'est fait autour de lui… les choses se dégradent… et tout repart comme l'année d'avant… les mêmes troubles, son grand amour lui revient en tête, la violence, la clochardise, les dépenses… la parano… cette fois je suis entourée par toute ma famille qui a enfin compris… j'ameute toute le monde car sa violence est montée d'un cran… mais personne ne bouge, un jour j'appelle le samu à 9 h du matin, et c'est le soir à 19 qu'ils m'appellent pour me dire qu'ils ne peuvent pas venir, d'ailleurs me disent ils, vous devez surement savoir faire face… je fonce à l'hopital qui est près de chez moi, hopital de son secteur, on me répond qu'on ne pourra pas le prendre, il y en a deux au service d'urgence, un autre au service rumato, un autre je ne sais plus… mon fils délire de plus en plus, il se promène dans la rue avec une barre de fer… a maigri, c'est affreux… entre temps j'étais rentré en contact avec un psy du canada, sa manière de voir les choses et la maladie m'avait motivée à le contacter, à la suite de cela, il m'a donné quelques noms de psy à paris qui avaient le même point de vue… j'ai donc rencontré une psy, mais il était trop tard pour elle, il fallait de toute urgence l'hospitaliser… elle nous a parlé d'une maison de santé de banlieu et nous a donné le nom d'un psy qui y travaillait… il y avait une quinzaine de personnes en liste d'attente… ne me demandez pas comment j'ai fait, parce que je ne sais pas comment j'ai réussi ce tour de force, j'ai obtenu que ce médecin le prenne… Il a donc été hospitalisé d'abord dans mon hopital de secteur, renvoyé à st anne, ou pendant trois jours Julien était totalement bourré de médicaments et avec beaucoup de difficultés d'élocution me disait au téléphone, je vais me foutre en l'air si tu ne me sors pas de là… Enfin j'ai pu le transférer… Julien voulait s'évader de l'hopital, et c'est incroyable, mais pour le transférer il voulait juste lui faire prendre une petite ambulance avec seulement un chauffeur et lui assis à côté… là encore il a fallu leur dire qu'ils déconnaient sérieusement les responsables… Enfin à la maison de santé, il n'était que 160 malades, un cadre fort joli, un respect pour tous et toutes et surtout un changement radical pour la médication, julien n'était plus shooté… très vite il a accepté sa place ici… et le psy qui s'en est occupé a fait un travail remarquable aidé de ses collègues… Après deux mois et demi d'hospitalisation, il est ressorti, depuis aout, il est sous haldol 10 mg… deux fois par jour… pendant trois mois, puis 5 mg, suivi par un psy du cmp de banlieu là ou j'habite, un médecin franchement bien, carré, clair… il a très vite dit à Julien qu'il pouvait envisager un jour arrêter tout traitement, lui a parlé de la schizophrénie en lui disant que si moi sa mère j'étais venue avec ses symptômes je prendrai des médicaments toute ma vie, mais que lui avait beaucoup de possibilité de les arrêter, je me souviens d'ailleurs ce psy a joint ses deux mains vers mon fils et lui a dit faites moi confiance, Julien, prenez votre traitement jusqu'au bout… Julien a donc bien accepté… Au mois de février, c'était formidable, une renaissance, le psy lui avait encore baissé ses médocs, 2 mg en lui disant on arrête tout traitement en juin… mais c'est à partir de cette période que Julien a commencé à ne plus prendre régulièrement son traitement… j'ai apporté à la preuve au psy devant julien, je le sentais tellement à deux doigts d'y arriver… malheureusement… aujourd'hui j'ai des craintes qu'il ne replonge… et je vois ce spy qui était formidable pourtant ne pas pouvoir plus agir, la raison est bien simple, il n'a pas les moyens… et sa seule possibilité c'est attendre l'effondrement de julien, mais quelle connerie? et cela c'est notre système français de soins qui est en cause, si ce psy pouvait l'accueillir plus souvent, mais combien sont-ils dans l'état de mon fils… combien ? c'est tout cela qui me met en colère Nora, car je reste persuadée, que bon nombre de malades si tout était réellement fait autour d'eux pour les sortir de là, et bien on les sortirait de là… oui c'est pour cela qu'ils ne faut pas se laisser endormir… il faut qu'on se batte… vous savez Nora, souvent l'on dit des personnes qui souffrent de schizophrénie qu'ils ne parviennent pas à entrer en contact avec les autres, n'êtes vous pas étonnée quand vous lisez tous ses messages de ces personnes qui soi-disant ne peuvent rentrer en contact… non seulement ils communiquent fort bien, et certains m'épatent, je me sens toute petite petite moi qui suit dite "normale" mais en plus ils ont une objectivité par rapport au monde qui parfois me laisse sur bouche-bée… Ma lettre est longue je m'en excuse, mais je voulais, puisque vous avez fait preuve d'attention à mon égard, vous expliquer un peu mon parcours Bien à vous Nora… Misty
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