En fait, Charly, je crois qu'on oubli souvent que la vie est plus simple qu'on l'imagine. Quand on se sent exclu, qu'on se demande ce qu'on fait sur Terre, on préfèrerait être mort. Et cela, parceque nous ne voyons pas ( par exemple ) quel rôle on pourrait jouer dans la société. Mais je trouve que ceci n'est pas une bonne raison de vouloir mettre fin à ses jours. En réalité, nous sommes là, sur Terre, et si c'est le cas, c'est bien parceque la Terre nous accepte. La vie ne se limite pas à celle des êtres humains. Ce n'est pas parceque la société semble ne pas vouloir de nous que nous n'avons pas le droit d'exister. Les urgentistes le savent bien. Il faut porter secours à tout coeur qui bat. ça peut paraître évident, mais on peut l'oublier soi-même, à certains moments.
Evidemment, la douleur psychique, plutôt que le manque de reconnaissance, peut nous pousser au suicide. Mais c'est une autre question. La prise en charge médicale est là pour remédier à ce problème.
J'ai aussi posé une question de société dans ce message, en essayant d'y répondre. Mais il est vrai que c'est un peu confus. Je me pose beaucoup de questions. C'est le but de ce message finalement: se poser toutes sortes de questions et essayer de les mettre en relation avec le titre du message.
En fait, je crois que pour vivre sereinement sa maladie, il ne faut pas seulement l'accepter soi-même mais aussi qu'elle le soit par la société. Les gens nous voient comme des malades. C'est bien. Mais ils nous voient aussi comme des personnes qui travaillent, ont une vie de famille et relationnelle. Quel regard la société porte t-elle sur nous au juste ? Nos proches savent, je le souhaite pour tout le monde, faire la différence entre nos comportements pathologiques et normaux. Prenons un exemple: quand je fais une crise, mes parents s'inquiètent pour moi. Je peux lire dans leur regard qu'ils ne se préoccupent plus que de ma maladie. Mais quand je vais au travail et que mon patron est satisfait de moi, son regard est tout autre. Et là, je réalise que je suis vital pour lui, que je suis utile à la société et que donc j'ai ma place en elle. Voilà, certaines personnes ne nous identifient pas uniquement comme des handicapés qui ne savent rien faire. C'est bien.
Mais les mesures prisent par le gouvernement ( sans vouloir faire de la politique ) pour soi-disant nous rendre la vie plus heureuse sont-elles efficaces ? C'est la question que je me suis posée en second lieu.
Sur le plan administratif, on doit cataloguer les gens pour pouvoir appliquer les lois ( dans le monde du travail, de la santé... ). Il faut faire simple, car il y a beaucoup trop de monde sur Terre pour s'occuper du cas par cas ( sur le plan administrarif, j'entends ! ). Alors, qui sommes nous pour ceux qui ne nous connaissent pas personnellement ? Des handicapés, des schizophrènes, affirment-ils. Heureusement, le discours actuel a évolué. Nous sommes aussi des personnes qui peuvent avoir une vie normale. Et pourtant, ce discours ne nous est pas toujours favorable. C'est mon avis.
A partir de là, je demande à tous ceux qui ont ce sentiment de donner leur avis, librement.
Moi, je pense qu'un des problèmes est que les gens ne savent plus ( ou pas ) entretenir leur intimité. C'est difficile à expliquer. Nombreux sont ceux qui se comportent un peu comme des exhibitionnistes ou des voyeuristes ( TV-réalité, sortie en boîte de nuit pour se montrer à des inconnus souvent, appels téléphoniques abusifs avec le portable: on s'appelle pour un rien et on trouve anormal que la personne qu'on appelle ne réponde pas... ). Les gens n'ont plus de vie privée, en gros. Ils se dispersent plutôt que d'engager des relations stables. Mon avis est qu'il faut savoir prendre des risques dans une relation. En amour, pour réellement faire connaissance, on doit s'engager, construire des choses ensemble, quitte à les perdre si on réalise qu'on n'est pas fait pour s'entendre. Or, beaucoup de gens préfère juger de ce qui leur apportera du bonheur à partir d'idées préconçues. Les médias ont leur part de responsabilité à ce sujet. Mais l'émancipation des femmes y est pour quelque chose aussi ( je développerais une autre fois, si vous le voulez bien ). On a tous besoin d'intimité. Mais celle-ci n'existe pas dans la solitude. En effet, l'intimité n'est autre que des sentiments que l'on veut préserver du monde extérieur. Et si le monde extérieur n'existe pas, il n'y a plus rien à préserver. Autre chose: cette intimité a besoin de s'exprimer, sans quoi une part de nous même nous échappe. Nous avons besoin de nous exprimer pleinement ! Et pour exprimer cette intimité, il faut être deux au minimum. Confier sa vie à quelqu'un est tout de même préférable que de la laisser à un espace "matériel". Bien, voilà, les gens n'osent plus s'engager dans des relations durables et enrichissantes. C'est mon opinion, bien sûr. Mais du coup, je trouve qu'ils ne vivent pas leur vie, qu'ils projettent dans leur existence des formes de vie qu'il n'ont pas vécues puisqu'elles proviennent, par exemple, de la télévision.
J'en arrive donc à cette idée que tout est idéalisé, et non pas vécu. La relation avec quelqu'un qui est très peu représenté dans la sphère médiathique ( un malade ) ne peut qu'en être altérée. Si une grande partie de la population ne sais pas juger par elle-même des caractéristiques intrinsèques à tout individus, comment peut-elle comprendre un shizophrène ?
Bon, c'est un peu confus tout ça. Désolé Charly. J'espère que d'autres s'exprimeront à ce sujet, librement.
Pour finir, je dirais que le travail consistant à faire accepeter à la population les personnes handicapées est un problème de fond. Quel statut donc, pour les shizophrènes ? ...
Felipe.