Salut Sergi, content de te retrouver 
Bonjour rose-noire,Lorsque je me pose la question de savoir ce qu'est l'amour, je réalise que je ne suis pas capable d'aimer, souvent. Pourquoi ? Parce qu'il y a ce que nous ressentons et ce ce que l'on attend de nous. Si, dans la plupart des cas, je manque d'empathie, j'aime moi aussi mes parents et j'ai aimé passionnément une femme pendant 3 ans. Et cet amour était certainement plus chaleureux que celui d'un mari alcoolique qui bat sa femme ( par exemple ). NON, il n'y a pas de stéréotype de l'amour. Je parle de l'amour en tant que relation, et non pas en tant que ressenti personnel. Nous croyons ( ou certains croient ) que nous ne sommes pas capables d'aimer, mais en réalité, nous ne sommes pas capables d'aimer au même rythme que tout le monde et nous aimons d'une manière qui est peu connue. Pour reprendre l'exemple du mari qui bat sa femme, beaucoup vous dirons aujourd'hui qu'il l'aime malgré tout. C'est vrai, je pense. Mais ce que jen retiens, c'est que la violence n'exclue pas l'amour. Un autre exemple est celui du mec barraqué qui fait peur mais que l'on sait qu'il peut se montrer plein de tendresse. Dans certains cas, l'amour se manifeste de manière atypique, mais on admet qu'il s'agit d'amour. Dans notre cas, les discussions portent encore trop souvent sur notre capacité mentale à aimer qui, selon moi, ne devrait pas être remise en question. Nous savons aimer, la preuve, nous aimons, tout bonnement. Mais notre amour a un autre visage que celui de la majorité des couples. Pour moi, il reste sain du moment que nous ne manquons pas de respect envers notre partenaire. Ce qui se dit à ce propos manque généralement de clarté. Il y a ce que nous ressentons, qui peut être très ambigu et aléatoire, et il y a la vie de couple que nous menons, qui peut elle aussi être très différente des modèles de relations amoureuses les plus connus , mais qui constitue malgré tout une relation amoureuse.
En fait, j'ai été capable d'aimer et je suis sûr que je pourrait l'être à nouveau. Mais mes émotions ne traduisent pas explicitement cet amour, il est là le problème surtout. Dire que les schizophrènes ne sont pas capables d'aimer, c'est d'abord reconnaître son incapacité de comprendre ce type d'individus. Dire que nous avons des difficultés à ressentir comme tout le monde des affects serait plus juste. NON, nous ne sommes pas des bêtes ! La bêtise humaine ( ou l'opportunisme, quand il s'agit de vendre un bouquin à une époque où les malades mentaux criminels des séries tv réveillent les fantasmes les plus malsains des générations " petit écran mon amour " ) génère des clichés trompeurs. C'est malheureux. ça ne fait que renforcer notre peur d'aller vers les autres, qui est une autre explication à nos problèmes relationnels ( en plus des mécanismes psychiques fortement perturbés ).
Autre chose : même si je me suis très mal documenté, je reste méfiant à l'égard de la psychanalyse. Du moins, à l'égard de l'utilisation qu'en fait monsieur tout le monde. Demandez-vous si c'est le bon pied qui appuie sur la pédale d'accélérateur, et vous risquerez de faire un accident. Et quel est le pied idéal ( à une bonne accélération ) ? Non, sérieusement, s'il y a un domaine dans lequel nous n'avons pas besoin de la psychanalyse, c'est bien celui des relations amoureuses ! Pourquoi se poser tant de questions avant même de laisser le temps faire naître une complicité entre deux personnes ? On parlait d'eugénisme il y a un mois, et donc de recherche de la perfection. Devrions-nous systématiquement demander le rapport du psychanaliste généraliste de celui ou celle qui pourrait devenir notre partenaire ? " Alors, très chère, racontez-moi votre enfance. Confiez-moi vos peurs infantiles. Puis nous verrons bien si notre couple peut fonctionner. Vous n'êtes pas Sagitaire ! Oh, mais quel est votre type de personnalité, on ne sais jamais. "
L'amour se vit nom de diou ! A force de se poser des questions quand elles ne sont pas nécessaires, on se méfie de ses propres parents ( ou comment psychanalyser notre psychanalyste
). Il ne faut pas tout mélanger, notre capacité à aimer est particulière, mais cela ne nous empèche pas d'avoir une relation amoureuse satisfaisante ! Quel importance de savoir si ce qui m'attire en toi est l'image de ma mère ou celle de la putain ? Ces questions ne font qu'envenimer la relation. Dans tous les cas, quelque soit la raison ou la manifestation d'un amour, l'essentiel est que la relation soit sincère, constructive et fortement agréable. Nous nous demandons depuis très jeunes ce qu'est le véritable amour. Soyons adultes désormais, l'amour se découvre au fil du temps. Nous pensons que nous avons cru aimer, mais nous aimions réellement !!! La question de savoir si une vie en concubinage est possible ou pas est une question technique. On doit savoir s'adapter, obtenir la reconnaissance de nos pairs, et donc se conformer AUX modèleS de notre époque. On doit aussi faire face à la mort, envisager notre vie dans un temps limité, et donc se donner les moyens d'être heureux, comme vivre à deux sous le même toît. Mais l'amour est tout autre chose. Il se vit, le reste n'est que réflexion sur l'amour. Alors oui, nos comportements ne correspondent pas à l'idée que les gens se font de l'amour, mais ce dernier existe bel et bien. Tout comme Internouille, je pense qu'il suffit simplement de trouver chaussure à son pied. La manière dont nous nous exprimons intéresse les médecins, c'est très bien. Mais la réalité est que certains d'entre nous vivent en couple et s'aiment tendrement. Ils se comprennent.
Sergi, je voudrais te dire que la réciprocité dans un couple n'est pas forcément explicite. Evidemment ( mais je ne dis pas çà pour toi ), si on attend toujours quelque chose de l'autre, il y a de fortes chances que l'on n'obtiennent pas ce que nous désirons, ou alors, nous possédons une âme chétive, ce qui n'est pas un mal d'ailleurs, puisque l'essentiel est l'harmonie du couple ( qui n'implique pas nécessairement une relation d'égal à égal ). Non, on peut trouver les conditions qui permettent d'obtenir une satisfaction, mais ce moment de plaisir apparaîtra comme bon lui semble ( on peut décider conjointement de faire une promenade en forêt le week-end prochain, mais rien ne nous dit que nous serons de bonne humeur ce jour là, ou que notre partenaire le sera ).
A propos des moments vécus ( dans la réciprocité, j'avais bien compris ), quel importance ? Nous ne pouvons pas tout partager ! Moi, ce qui me plaisait chez mon ancienne partenaire, c'est, pour prendre un exemple, son acharnement au travail. On n'avait rien à partager à ce sujet, mais je l'aimais pour cela ( entre autres ). Notre bonheur venait aussi de ce que nous savions de l'autre mais que nous ne pouvions pas partager.
Bien, je vous laisse...
Felipe.