Bonjour Romain,Je ne suis pas d'avis qu'il faille lui dire qu'il est schizo. D'abord, vous n'en savez rien, et puis c'est peut-être trop tôt pour qu'il l'apprenne. C'est vrai que pour se soigner, il faut prendre conscience de sa maladie, mais il ne s'agit pas de savoir de quoi on souffre précisément ( sauf pour l'équipe médicale ). En fait, il faut surtout réaliser qu'on est malade, accepter que nous sommes envahis par des idées délirantes, iréelles.
Je crois que votre ami est beaucoup trop fragile pour pouvoir gérer psychologiquement un tel diagnostic. Je dis ça alors que j'aurais préféré qu'on me dise de quoi je souffre dès le début. Pourtant, je ne pense pas que ça aurait été vraiment utile. L'important est d'abord de savoir qu'on est malade, qu'il faut se soigner. Le diagnostic viendra plus tard, de toutes façons, il est souvent difficile à établir.
Tu sais que quand on délire, il n'y a pas moyen de nous raisonner. Charly, je crois que de se documenter sur la schizophrénie, même en sachant qu'elle n'a rien à voir avec la folie criminelle, peut aussi acroître les délires. Je crois qu'à un certain stade de la maladie, il n'y a pas grand chose à faire, à part continuer d'apporter son amour et de contraindre à suivre une chimiothérapie, qui mettra progressivement le malade dans les conditions favorables à une prise en charge plus globale.
Ce qu'il faut, à mon avis, c'est faire comprendre à votre ami qu'il est malade et qu'il ira mieux avec un traitement, mais pas parler de schizophrénie ou autres ( pas pour le moment ). Il a besoin d'amour, de reconnaissance. Il lui faut partager vos peines comme vos joies, car c'est ainsi qu'il comprendra qu'il n'est pas comme vous. Dure réalité ! Oui, le mot " schizophrénie " n'a pas d'importance au début. La réalité, c'est le décalage entre sa vie et celle de son entourage. Dire à quelqu'un qu'il est schizophrène alors qu'il n'a pas encore pris conscience du caractère pathologique de son comportement est inutile, voire dangereux. C'est dans son quotidien, à travers des choses bien réelles, qu'il apprendra qu'il doit se soigner. Le mot " schizophrénie " ne veut rien dire, sinon qu'on a de bonnes raisons de se suicider. Au début du moins. Il faut être patient, apporter du bonheur à l'autre comme on peut ( je me souviens encore de ce musicien qui passait me voir tous les soirs et jouait de la guitare pendant des heures, comme ça, gratuitement si on peut dire car j'étais plutôt aphone. Il venait soit disant tester ma guitare, alors qu'il était professionnel et en possédait plusieurs ). Du bonheur, oui, il faut trouver ce qui peut faire sourire votre ami, le faire sortir, lui faire découvrir les belles choses de la vie, lui donner goût à la vie en quelque sorte. C'est long, mais aucune expérience est inutile. Aujourd'hui, je suis en vie, j'ai un toît et de quoi me nourrir, j'ai donc la possibilité d'éprouver du plaisir. Je le sais, alors je prends soin de moi, comme je peux.
Essayez d'entretenir ce rapport privilégié que vous avez avec lui, même s'il vous semble qu'il ne réagit pas. Montrez-lui qu'il existe !!! Il ne réagit pas, c'est pas grave, faites comme si il était content. Tant que vous vous comporterez avec lui comme à l'ordinaire ( en essayant de ne pas entretenir ses délires ), il saura qu'il existe, et donc que des moments de bonheur sont à sa portée.
Felipe.