Bonjour Lunenoire,avec quels mots? C'est une bonne question, moi je ne n'ai pas encore trouvé la réponse. Je dit souvent que je n'ai pas les mots, que je ne sais pas comment expliquer, comment dire, etc... J'ai l'impression qu'il n'y a pas de mots corrects pour décrire les troubles psychotiques (je veux dire la souffrance, car des mots savants il y en a plein, mais que disent-ils de la souffrance?), peut-être est-ce parce que ça ne concerne qu'une minorité de gens, on ne s'est pas donné la peine d'"inventer" des mots pour ça car ça ne concerne pas la majorité des gens.
Je dis souvent que je n'ai jamais fini d'en parler, d'expliquer la schizophrénie, parce que je n'ai pas les mots et aussi parce que c'est si compliqué, si dense, si long, comment parler de tout ça, comment le resumer, on n'a jamais tout dit, on n'a jamais assez dit, donc il faut toujours recommencer. Je sais que le langagae ne colle pas aux monde, mais dans la schizophrènie j'ai l'impression que l'écart est encore plus grand.
Mais je ne déspère jamais d'avancer, même si tout n'est jamais dit, il faut quand même essayer. D'ailleurs, à ce propos j'ai un projet que je vais réaliser cette semaine. Après ma crise de la semaine passée, ma psy m'avait demandé de l'exprimer avec le support que je voulais. J'ai fait un collage, elle a dit qu'elle trouvait ça brillant et m'a demandé si je ne voulais pas faire un fascicule qui exprimerait ce que ressens une personne psychotique, fascicule qu'elle pourrait utiliser avec ses patients. Je me suis dit que c'était une bonne idée, une façon de faire quelque chose de constructif de ma souffrance, quelque chose qui irait à la rencontre des autres. J'ai choisis hier les textes, dessins et collages que j'allais utilisé. Là aussi je me suis dit que je ne disais pas tout, qu'il manquait tellement de choses. Tant pis, je crois qu'il faut l'accepter, on n'a pas les mots qu'il faut, mais il faut se lancer, tatônner, et on finit petit à petit par se faire comprendre.
Amitiés,
Laurence