Bonsoir à tous, Avant ma crise de bouffées délirantes, je me masturbais beaucoup (trois fois par jour en moyenne). Je n'avais aucun problème pour fantasmer, les images excitantes me venaient toutes seules, sans efforts. Tout était prétexte à la masturbation: le regard d'une fille à qui j'avais eu l'air de plaire, les formes agréables des filles que je connaissais...etc.
Mais j'ai toujours eu peur du sexe "réel": à chaque fois que j'ai eu une occasion d'avoir des rapports sexuels, la peur de ne pas "assurer" me bloquait et me faisait fuir. Depuis que j'ai dix-huit ans (j'en ai vingt-six), je culpabilise à l'idée d'avouer à une fille que c'est ma première fois, ou pire, qu'elle s'en rende compte pendant l'acte. Je me souviens d'une fois, quand j'étais en angleterre, où j'avais invité une étudiante espagnole à dormir chez moi: quand elle est allée se coucher, elle m'a demandé avec un grand sourire de la rejoindre: j'ai fui comme un lapin dans ma chambre en faisant semblant de ne pas avoir entendu, terrorisé. J'ai passé toute la nuit dans mon lit, éveillé, à me demander si je trouverais la force de la rejoindre. Je me souviens aussi d'une fois où j'étais en train de regarder la télé avec une amie: nous étions blottis l'un contre l'autre, j'avais une érection "de fou", je ne tenais plus, mais j'étais terrorisé et il ne s'est rien passé.
J'ai aussi essayé d'aller voir des prostituées (je n'en suis pas fier), mais comme je me saoulais avant de trouver le courage de les faire monter dans ma voiture, je ne pouvais pas avoir d'érection (peur + alcool). En plus une fois je suis tombé sur un homme sans le faire exprès, mais ça c'est une autre histoire...J'étais jeune et immature.
Avant ma crise, je vivais la séduction comme un travail de longue haleine. Quand je parlais avec une fille, j'étais toujours trop pressé de coucher avec. Et quand l'occasion se présentait clairement, encore un coup de panique...
Je ne sais pas, ça doit être une sorte de narcissisme de ma part, je n'ose pas me confronter à la réalité, j'ai toujours peur d'être ridicule. Il faudrait que je m'accepte tel que je suis, que j'aie moins peur des femmes.
Avec le risperdal, ma libido a chuté: au début je regrettais mes plaisirs solitaires, mes érections "légendaires". Ca fait un choc pour un homme de ne plus être "dur" à ce niveau là. Pardonnez mon langage, mais c'est la réalité des faits.
Et puis mes médicaments m'ont coupé presque tout désir sexuel: je ne pouvais avoir d'érection à peu près correcte que devant une vidéo, et encore j'avais du mal à la tenir: il fallait que je rembobine pour me passer les meilleurs moments (de la vidéo). C'est un peu ridicule, je sais, mais je me masturbais plus "par devoir" que par envie.
Je pense qu'il y a un lien entre la capacité à fantasmer par l'imagination et le délire...Et que le neuroleptique, en supprimant l'un, supprime l'autre.
Puis ma psy a divisé ma dose quotidienne de risperdal par deux et, depuis, je peux de nouveau fantasmer tout seul. Je me suis masturbé trois fois cette nuit. Ca fait du bien, je me sens un peu revivre.
Mais la diminution de mon traitement a aussi un autre effet: la part de moi-même que je croyais disparue définitivement semble revenir: panique à l'idée de ne jamais avoir eu de rapports sexuels, peur de ne jamais trouver une compagne, de ne jamais avoir d'enfants...etc. D'où un besoin de sortir et une souffrance due à un vide affectif...Mais sans ami, pas de sortie, et sans sortie, pas de rencontre, et sans rencontre, pas de rapports sexuels...etc.
Avec une plus forte dose de risperdal, au moins, je ne ressentais pas ce manque et je supportais ma situation sans souci. Maintenant, j'ai besoin d'une confrontation avec le réel.
Voilà, c'était le récit de mon expérience personnelle, j'espère que certains s'y seront reconnus. Je rappelle, une fois de plus, que je ne suis pas reconnu schizophrène et que j'ai juste fait une bouffée délirante.
A bientôt,
Nicolas.