Bonjour Axolon,J'éspère bien sûr que mon message sera assez pertinent pour que les modérateurs du site aient la gentillesse de l'autoriser au moins quelques temps.
J'ai choisi d'intervenir à propos de ton premier post, Axolon, bien que ma réponse arrive peut-être un peu tard : J'ai lu quelques-uns de tes posts les plus récents et il me semble que tes préoccupations ont quelque-peu changer ces dernières semaines, ce qui est probablement mieux ainsi d'ailleurs.
Pour en revenir au sujet d'origine, je dois me présenter comme étant un ancien consommateur de psychotropes : Il y a deux ans de cela, j'ai arrêté, en quelques mois, le tabac, le cannabis, la coke, le LSD, les amphets et tout un tas de cochonneries qui faisaient mon quotidien d'alors. Cela pourrait faire l'objet d'un Topic sur d'autres forums, mais il se peut que la suite contribue d'avantage à l'édification de celui-ci.
Si je remonte encore un peu plus loin, il serait utile que je rajoute que pendant plusieurs années il m'a fallu vendre de ces stupéfiants, pour pouvoir assurer cette boulimique consommation de "trompe-la-vie", mais aussi, tout simplement, garantir un minimum la satisfaction de mes besoins vitaux car j'étais moi aussi "en dessous du seuil de pauvreté".
Il devient alors difficile d'avoir une vie professionnelle, sentimentale ou sociale "normale" : C'est souvent là que vient se nicher la plus affreuse "médiocrité", quand le raport au produit prends indéniablement le pas sur le rapport que l'on a au monde.
Mon frêre cadet avait à l'époque été diagnostiqué schizophrène : Il avait 32 ans; j'en avais seulement 18 (j'en ai aujourd'hui 25, comme toi, et tout cela me paraît bien loin). C'était moi qui lui revendait.
Je n'attendais pas qu'il me fasse tourner car je prélevais, comme tous le font, déjà ma part avant : Le produit avant les gens.
C'est une balle de son propre flingue qui l'a tué et non l'une de ces doses "pré-réduites", et malgré les promesses que je m'étais, du coup, fait d'arrêter, il a fallu encore quelques années, un séjour en hôpital psy, et que je tombe amoureux, pour que je parvienne à ralentir, puis à arrêter complètement.
J'ai quitté la rue, essayé en vain des études durant lesquelles mes pré-dispositions au délire, abondamment arrosées de LSD m'ont conduites à des hallucinations, parfois douces, souvent terribles, et dont certaines furent prémonitoires ( Ce constat n'est pas anodin : Certains parleront de coïncidences, d'autres d'hyper-sensibilté, d'autres encore d'extra-perceptions; quoiqu'il en soit, quand le peu probable prends corps dans l'esprit avant de le faire dans la réalité, il devient difficile de douter de ses propres visions ! Les plus déroutantes sont ainsi certainement celles où l'on se voit soi-même comme un étranger, plus vieux ou simplement séparé de nous par une imperceptible frontière de conscience ) Tout cela a donc fini, à ma demande, dans un petit pavillon, par lequel était passé mon frère, noyé dans des brumes médicamenteuses d'incertitudes et les râles de patients encore plus atteints que moi, si tant est qu'un comparatif ait pu être possible.
Quand je me suis senti un peu plus solide, j'ai trouvé du boulot et bossé dans le bâtiment, où je me suis endurci au contact de costauds qui faisaient passer leurs petites frustrations sur leurs manoeuvres, tout en les sur-exploitant autant que possible au passage.
Pas que du noir toutefois dans cela, car l'exercice physique m'a aguerri, la fatigue qui allait avec, et la nécéssité d'assurer derrière, étaient tous deux des facteurs déterminant au ralentissement de mes prises de stupéfiants, et mon caractère se trempait autant que mes bottes...
Quelques petites rechutes, puis incartades et le tabac était devenu mon seul vrai fléau : L'époque où mes copains surveillaient les joints qui passaient pour voir qui fumait quoi, qui fumait combien, qui fumait comment, et surtout qui fumait pour combien, venait, non sans mal, de s'achever. Je ne voyais plus du tout ces copains, à part pour quelques sorties en boîte de nuit, mais j'étais déjà habitué à la solitude du fait de mes éxpériences passées et bien qu'elle continue à peser quoiqu'il advienne, on s'y fait.
J'ai alors eu un accident du travail, une mauvaise chute, et mon dos ne me portait plus (aujourd'hui, ça n'a que trés peu évolué de ce côté là).
J'ai replongé dans le cannabis (seulement!) car cela rendait mes journées allongées moins longues, moins difficiles.
Mais, dans le même temps, je redevenais une loque et je m'en apercevais.
J'ai eu la chance de tomber (vraiment) amoureux à ce moment-là et de me dire que cela pouvait suffire à me discréditer aux yeux de l'être aimé.
Du jour au lendemain, je suis devenu clean.
Et, petit à petit, les visions, parfois mystiques, que j'avais encore à l'occasion, les voix tourmentées que j'entendais souvent dans ma tête, se sont atténuées : Les remords que j'entretenais, à bien des égards, sont devenus plus abordables au fur et à mesure que ma réflexion pouvait se faire plus librement sur les choix que j'avais fait, sans avoir à combattre la barrière de confusion qu'impose le cannabis pris trop fréquemment. L'introspection devenait possible : C'était le premier pas vers l'extraversion et qui sait, l'épanouissement ?
L'histoire d'amour fut brêve, douloureuse et sans intêret, mais le reste est toujours en l'état; je n'ai pas replongé et l'Amour a remplacé en moi l'espace qu'occupaient les manques toxo-affectifs !
Aujourd'hui, je me sens à peu prés bien dans ma peau.
Je n'ai plus le sentiment de "médiocrité", dont tu parles, qui vient m'abattre ou me harceler, comme si souvent auparavant.
Je n'ai pas mené la vie d'un "grand", et il ne me reste peut-être que peu de belles choses à faire de mon vivant; toutefois, cela ne me mine plus comme avant : L'essentiel est de continuer le plus sereinement possible, de déterminer ce qui peut empêcher cette sérenité, et de se battre contre, au maximum de nos forces.
J'ai suivi une formation de programmateur informatique à l'AFPA dans le cadre de mon reclassement professionnel : En tant que COTOREP, le salaire y était plus que correct et l'enseignement intéressant, même pour un novice. Il y a quelques années, ce même enseignement me serait rentré par le nez et ressorti par les yeux. Evidemment, il n'y a pas toujours un boulot à la clé, mais aujourd'hui, je suis fier de me demander comment je vais "créer" plutôt que d'être assis sur un banc, à regarder dans le vide, et à lutter contre la voix dans ma tête qui demande à mon vide cérè-brale, avec urgence et insistance, si le joint va revenir ou non jusqu'à moi; tout ça pour garder "bonne" figure devant les autres fumeurs : Pour ne pas qu'ils me gratifient d'une réputation "d'endormeur".
Axolon, est-ce que mes paroles t'atteignent ?