Bonjour,Personnellement, je pense que la réinsertion sociale peut prendre beaucoup de temps, ça dépend de la gravité de la décompensation, et puis de sa durée. Bien souvent même, après une première crise, notre santé dégénère rapidement, donc il y a rarement réinsertion sociale après la première crise.
Sinon, ce qui m'a aidé à reprendre le cap, c'est de pouvoir vivre de façon autonome. J'ai pu quitter le domicile familial et me voir capable d'assumer les tâches ménagères les plus élémentaires. C'est important quand on nous a privé de liberté durant l'hospitalisation ( d'autant plus qu'on nous demande de nous lever ou coucher à telle heure et de prendre une douche une fois par jour. L'heure des repas est toujours la même aussi, là où j'habitais, on mangeait à 6 heures, à la tombée de la nuit ). On se sent libre.
Ce qui m'a aidé aussi, c'est de pouvoir me réconcilier avec mes parents. Ils m'ont accordé beaucoup de temps, nous avons fait un voyage ensemble, ça m'a fait du bien de faire du tourisme, même sous 1200 mg de Solian. Bon, ma mère était infirmière, elle a vite compris qu'il fallait parfois ne pas réagir quand je délirais et que je m'emportais. Ne pas être rancunier, pardonner nos emportements.
Je n'ai jamais retrouvé mes camarades du lycée. Par contre, j'ai pu compter sur la présence de deux ou trois amis qui travaillaient et n'étaient pas entouré comme on l'est au lycée, où l'on voit essentiellement ses copains. Je veux dire qu'au lycée, on reste entre lycéen, alors qu'ailleurs, on fréquente certes les collègues de boulot, mais on peut se permettre d'élargir ses connaissances ( il n'y a plus les parents derrière nous, on peut sortir plus souvent le soir ).
J'ai bien tenté de reprendre les études ( au lycée ), mais j'ai tout de suite rechuté. J'ai tenté les cours du CNED, ça ne m'a pas réussi. Et puis j'ai passé un diplôme équivalent au Bac ( le DAEU, pour ceux qui souhaitent reprendre les études plusieurs années après qu'ils les aient interrompu ), avec moins d'heure de cours qu'au lycée, et en présence de personnes de mon âge ( plusieurs années s'étaient écoulées après ma première décompensation ).
Mon psy m'avait proposé de poursuivre mes études dans un centre spécialisé, mais je n'ai pas voulu quitter mon ïle.
Cordialement.
Felipe.