Et puis d'abord, depuis quand "C'EST UNE MALADIE HONTEUSE ??"
Hé oui, depuis la nuit des temps, me direz-vous. Et puis, ça fait tellement peur : "les fous" !!!Avoir un enfant qui a "une tare", comme dit mon cher père que je déteste, ça ne fait pas bien dans le paysage !! Avec un enfant "comme çà", quel malheur, mon brave monsieur, on ne peut plus faire partie "des gens bien" !!
Tu parles, Max, à l'hosto, surtout à la clinique psychiatrique où j'ai séjourné un mois en compagnie d'alcooliques et d'anoréxiques, j'en ai rencontré des vrais "des gens bien" et je ne vous parle pas des infirmières qui ne lacherait pas leur métier pour rien au monde car, je cite' : "je rencontre tous les jours de vraies valeurs", fin de citation.
Alors, évidemment , ne vous mettez pas à croire que je me mets à faire l'apologie des maladies mentales !!!!
Au premier psychiatre de mon fils, lors de sa toute première hospitalisation, alors que je lui demandais (bêtement, car j'étais "bouffée", "crétinisée", par la peur), pourquoi n'arrive-t-on pas à gérer dans notre esprit cette maladie comme le font les diabétiques qui sont obligés de se piquer 3 fois par jour ?, ou les cardiaques qui ne doivent surtout pas oublier leurs pilules sous peine de mort ? :
Psychiatres, nos médecins, vous savez bien que vos "regards", vos yeux dans nos yeux sont terriblement importants, hé bien, celui-là m'a regardé très.... "doucement" dans les yeux et m'a répondu aussi posément, et j'emploie ce terme exprès, car, il ne me touchait pas, bien sûr, mais j'avais l'impression que ses mains étaient posées sur mes épaules : "mais parce que cela fait partie "du domaine de la folie".....Ca fait peur".
Ah ! Je n'avais jamais réfléchi "au domaine de la folie" si ce n'est les "histoires drôles", avec le "fou" qui a son entonoir sur la tête. Ah, ah, ah, que c'est rigolo...
Je suis très timide à l'oral, je voudrais faire partie de toutes les associations du monde pour aider tous les souffrants, je voudrais être milliardaire pour donner je ne sais combien de ma fortune à ceux qui n'ont rien, et je ne fais partie d'aucune association car j'ai la trouille de devoir parler en public.
MAIS, dès que j'ai du m'absenter plus d'une fois en catastrophe de mon travail, dès que j'ai cessé mon travail pendant 7 mois pour cause de dépression majeur en raison du diagnostic de schizophrénie de mon fils et dès que j'ai repris mon travail, mes abscences brutales reprenant aussitôt que mon fils allait mal, j'ai décidé que ma petite action à moi serait de ne rien cacher des manifestations de la maladie de mon fils. ET, JE DIS ce qui se passe, ce qui s'est passé, où on en est. CAR, à l'hôpital où j'ai cotoyé dans le jardin ou dans les salons de visite nombre de malades, je sais que ce sont d'abord DES GENS QUI SOUFFRENT. Il faut assister, les bras ballants, impuissant, à une crise d'angoisse d'un schizophrène, ou bien à un discours délirant, effrayant (mysticisme...) pendant des nuits entières, pendant qu'on attendait SOS PSY (qui n'est jamais venu...), voir son corps qui lui fait mal parce que sa tête a mal et que dedans c'est un chaos que nous n'imaginons même pas.
Alors, STOP! CA SUFFIT !
Moi, j'ai beaucoup de chance, car mon fils n'est pas violent, dans ses crises, mais, comme je fais partie d'un groupe de parents avec qui je vais discuter tous les mois à peu près au CMP d'autres parents en effet ont des enfants violents (il cassent tout dans la maison, par exemple). Mais après, quand l'enfant se "réveille",C'est ATROCE POUR LUI. Il ne voulait surtout pas çà. C'est de sa faute ? c'est "honteux? Quelque chose dans sa tête lui a complètement échappé en dehors de sa volonté et une souffrance colossale lui a fait faire des choses très impressionnantes pour nous autres, mais qu'il n'a pas prémédité.Mais si on pensait d'abord qu'il souffre d'une maladie, comme d'autres de ces autres maladies et qu'il a autant droit au RESPECT que les autres malades, A LA COMPREHENSION.
Quand il m'arrive de parler de toutes ces choses au bureau, les collègues écoutent, muets.Quand ils repartent, je vous assure qu'ils ne sont plus pareils : "ils ne savaient pas tout çà".
Un jour, on m'a demandé "ah! il se prend pour qui ?" C'est tellement drôle d'aller colporter que le fils de la secrétaire de machin se prend pour Napoléon !!
Et "les voix" ? Le phénomène des "voix". Allez comprendre cette drôle de chose. Quand je voyais mon fils "à l'écoute" (il penche la tête légèrement et ses yeux "regarde son interlocuteur".... comme je me dis), j'étais terrorisée. Bonsoir de bon sang, que se passait-il vraiment, comment ce phénomène se manifeste-t-il vraiment. QU'EST-CE-QUE C'EST, scientifiquement parlant ? Cette réponse-là, je ne l'ai pas encore, mais c'est une petite jeune-fille de 22 ans, schizo elle-même et consciente et d'accord pour parler qui m'a EX - PLI - QUE comment "CA" faisait. Depuis, quand je vois mon fils "à l'écoute", JE N'AI PLUS PEUR. Je suis attentive, très attentive, car la jeune-fille m'a expliqué que c'était très dur de résister aux injonctions des voix, et là, je suis présente à mille pour cent. Ca aussi je l'ai expliqué aux collègues, car, quand je partais "comme une folle " du bureau en laissant tout commme çà, car on m'appelait au secours, j'aurai bien pu passer au Conseil de Discipline....
Jusqu'à présent, j'ai été comprise du plus grand nombre. Dans mon boulot quand j'ai la tête à l'envers ou que j'arrive le matin à 9h30 ou 11h on me laisse tranquille, ils savent maintantant que c'est parce que j'ai dû "faire face" et on me dit et on me répète "qu'on a besoin de moi", car j'ai déjà été virée une fois après ma dépression, et que l'on me gardera.
Mais çà, c'est un détail, le plus important c'est qu'en disant la vérité, en expliquant avec mes mots simples, mes mots de maman qui soufre, je crois mettre mon tout petit caillou dans une meilleure "reconnaissance" de cette si douloureuse maladie, tellement "bafouée" par le plus grand nombre.
Maintenant, mes collègues ne rigolent plus, ne me jettent plus la pierre.
Quant aux C...rétins qui ne veulent rien comprendre ou qui rient encore, je les toise sans ménagement, dans les couloirs sans leur dire bonjour, mais ils n'ont pas intérêt du tout, mais pas du tout à me marcher sur la moitié du petit doigt de pied.
Voilà
En ce moment, monsieur mon fils schizophrène a décidé de plus continuer ses démarches pour son dossier COTOREP, ca fait deux soirs qu'il "oublie" de prendre ses comprimés de lithium, et à partir de demain, il passe au ZYPREXA, en comprimé..... Va y avoir du sport !!!
Il est tout sucre tout miel avec son psy et dès qu'il est dehors, il est guéri !!! Et pourtant, il en est à sa 5ème ou 6ème hospitalisation ou à chaque fois il a souffert de se retrouver là, mais n'empêche.
Mais je sais, je sais que je ne comprends pas les shizophrènes......
Salut tout le monde.
PS: Docteur DUPAGNE, j'espère que je n'ai pas dit des choses "choquantes", ou traumatisantes....