>Cela dit Jean-Paul rien ne vous empêche de venir nous parler
>de vous en tant qu’homme, pourquoi avoir choisi d’être psychiatre,
>c’est quelque chose qui m’intéresserait d’entendre, après tout n’avez vous
>pas dit que nous étions à égalité de parole ?
>Pourquoi serait-ce toujours aux mêmes de se dévoiler ? Parce que la relation psychiatre-client est asymétrique, que je me suis présenté dans mon message d'arrivée du 18 septembre comme psychiatre, et enfin que je me suis inscrit sur ce site sous mon identité, consultable par les autres membres.
Je délimitais mon champ d'intervention dans ce message d'arrivée comme suit:
« je ne m'y considère que comme un participant parmi les autres, ayant autant à apprendre de la part de patients qui peuvent s'exprimer librement qu'à apporter en échange quelques précisions techniques. »
Nous sommes à égalité de parole *en valeur*, Isabelle, ceci ne veut pas dire que nous ayons obligation de symétrie quant à la quantité ou aux thèmes de cette parole. Chacun s'exprime comme il le sent.
Et pour répondre à Eugène, personne ne va "laisser regarder son âme" sur un forum d'accès public et sous son identité propre.
Ces précisions étant posées, je ne vois pas d'inconvénient à répondre à votre question "pourquoi avoir choisi d’être psychiatre" (pour autant que je connaisse moi-même cette réponse).
Je suppose que j'ai fait au départ des études de médecine parce que ma mère avait une révérence toute particulière pour le monde médical, et que j'avais une affection toute particulière pour ma mère.
Puis, quand j'étais étudiant en médecine, à l'âge où ceux qui souhaitaient une carrière hospitalo-universitaire se mettaient à préparer le "concours d'internat", ce qui pouvait personnellement m'arriver de plus douloureux m'est arrivé: ma mère est morte en 3 mois d'un cancer. Je me suis retrouvé en menus morceaux pour pas mal de temps, donc exit le concours d'internat.
Lorsque je me suis un peu récupéré, il me restait la possibilité, pour poursuivre un exercice hospitalier, de préparer le concours d'internat des hôpitaux psychiatriques, qui était quelque chose de tout à fait à part.
Ceci m'est apparu une bonne solution pour deux ordres de raisons:
- dans mon exercice médical "somaticien" dans les hôpitaux, les patients n'arrêtaient pas de me faire "perdre mon temps" en me racontant leur vie au lieu de répondre simplement à mes questions sur leurs symptômes, si bien que j'ai fini par me dire "les gens recherchent autre chose que des simples soins médicaux"
- le fonctionnement de l'esprit humain m'intriguait de longue date, et travailler sur ses "dérapages" m'est apparu comme un moyen précieux de pénétrer ses mécanismes.
Aujourd'hui, je ne regrette pas ce choix. Même si je suis parfois gêné par l'impression que mes clients m'apportent plus que je ne peux leur apporter.
A propos, bravo pour la mise en ligne de votre récit sur votre site.
http://perso.wanadoo.fr/schizo-monhistoire/recit%20suite.htm
Ah, et bravo à Rémi pour sa prose, je serais bien incapable de dire s'il s'agit de poésie "schizophrénique", mais c'est de la poésie avec de vrais morceaux de talent dedans !
Cordialement.
Jean-Paul