bonjour,Je m’appelle sophie, j’ai bientôt 30 ans et mon frère, de 6 ans mon aîné, que j’aime, est schizophrène.
La maladie semble s’être déclarée au sortir de son adolescence. Malgré tout, à ce moment là, tout ce comprenait comme un conflit ouvert avec mes parents. Après son Bac, il a fait une première année en fac et habitait avec sa petite amie. Tous 2 ont commencé à fumer un peu (ou beaucoup je ne sais pas). Ils ont raté leur année et en ont recommencé une autre dans une autre fac. D’après ce que j’ai comprit, la vie en commun devenait impossible pour sa copine, ils se sont séparé et mon frère et revenu vivre à la maison quelques temps, avant de partir à l’armée.
A cette période, et pour long moment, la vie à la maison était devenue impossible. Seule ma mère (infirmière) considérait mon frère comme ayant une maladie pouvant être traité, mon père refusait catégoriquement l’idée, mes parents étaient en train de divorcer . Quant à moi, j’avais 12, 13, 14 puis 15 ans, je voyais que mon frère n’allait pas bien, mais c’était mon grand frère, celui que j’admirais quoiqu’il fasse, que j’aimais quoiqu’il arrive, mais que je ne comprenais pas malgré tout. Je crois aussi que j’avais peur de cette maladie dont, chez moi, personne n’a jamais vraiment parlé…Je suis donc tombé amoureuse d’un garçon que j’ai rejoint pour poursuivre mes études, me construire loin de tout ça sûrement aussi, à 700 km de chez moi…
Mon frère a donc fait son armée, avec une schizophrénie non diagnostiquée alors, qui s’accompagnait de délire paranoïaques, de bouffées délirantes…je pense qu’ils ont du le mettre aux arrêts au moins 20 jours sur 1 an de service. Le résultat a évidemment été catastrophique. Son armée terminée, mon frère est revenu vivre chez nos parents, qui eux, étaient toujours en train de divorcer. Conflits à répétition. Un jour il a disparu, pendant un an, les seules nouvelles provenaient des amendes RATP, un avis d’emprisonnement en Allemagne, amendes SNCF…
Il est revenu 1 an après, le jour de son anniversaire. Ma mère, toujours seule, l’a tout de suite fait hospitalisé. Petit à petit, il est revenu à lui, à nous, il a comprit la maladie (sans pour autant l’accepter), a accepté un traitement. Il est sorti de l’hosto au bout de 3 mois, a entreprit des études d’infirmier qu’il a réussi haut la main. Pour commencer sa vie professionnelle, il a choisi de venir travailler à paris, en interim. Au début ça allait bien puis il a rechuté. Arrêt du traitement, paranoïa qui revient, hostilité envers tout et tous. Je ne sais comment, ma mère l’a convaincu de redescendre plus près de chez nous, lui a trouvé un appartement, lui envoyait de l’argent, allait le voir toutes les semaines, sans que son état ne s’améliore. Mon frère a commencé a devenir violent. C’est à ce moment là qu’il a rencontré sa femme. Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre instantanément. Ils ont vécu pendant quelques mois en autarcie sociale totale, chez elle. Lui, lui parlait de sa mère et de sa famille qui l’avait abandonné, l’avait maltraité…Elle a toujours reconnu sa souffrance. Malgré tout, elle a su prendre contact avec ma mère qui croyait que son fils avait à nouveau disparu (puisqu’il n’était plus chez lui et ne donnait pas de nouvelles). 5 mois de plus ont passé, jusqu’au moment où mon frère était dangereux pour les autres et pour lui même. Ensemble, elles ont su organiser une HDT à la demande de ma mère. Il est resté hospitalisé 1 mois et demi. Reprise du traitement heureuse, mais pas de suivi psy, sans parole de la part des soignants, sans parole de notre part. Il a toujours parlé ouvertement de sa maladie avec sa femme, un peu avec moi, jamais avec mes parents. Il acceptait le traitement, mais n’a jamais accepté la maladie, n’a peut-être pas eu l’aide pour ça.
Toujours est-il se soignait, acceptait le traitement. Il a recommencé à travaillé, en allant tous les mois voir son psychiatre, puis tous les 2 mois, puis tous les 4 mois…histoire de renouveler l’ordonnance. Avec le traitement, c’est un super bon professionnel, meilleur que beaucoup d’autres, plus sensibles que d’autres…En parallèle à son travail, il s’est inscrit pour passer une licence par correspondance, qu’il a eu avec mention.
Depuis l’été dernier, son traitement était au minimum.
Au début de cette année, mon frère et sa femme ont fait le projet de venir s’installer à Paris (pour de bonnes raisons que je ne détaillerai pas). Tout était planifié. Il a organisé sa semaine d’entretiens d’embauche, tous se sont bien passé. Peut-être a-t-il commencé à ce moment là à oublier de prendre son traitement, peut-être que le stress, bien normal, de passer tous ces entretiens aurait-il pu être planifié par son psychiatre qui savait tout de ces changements de vie…toujours est-il qu’à partir de ce moment là, mon frère ne m’a plus jamais appelé au téléphone, a perdu toute émotions, ne réagissait pas aux discussions, semblait ne plus rien ressentir…il a rechuté.
Comme prévu, il a pris son poste à Paris au début de ce mois. Ca a duré 10 jours, ils lui ont donné une semaine d’essai de plus pour qu’il se ressaisisse (ils ignoraient tout de sa maladie), mon frère n’a pas supporté et a donné sa démission dans l’après-midi. C’était il y a 2 semaines. Sa femme et moi-même sommes en contact quotidien depuis 2 mois. Je me suis un peu renseigné sur cette maladie dont j’ignorais tout. Dès que sa femme abordait l’idée du traitement qu’il ne prenait plus, dès qu’elle lui disait qu’ils manquaient peut-être de sommeil, bref dès qu’elle parlait d’un truc pouvant, de près ou de loin évoquer la maladie, mon frère devenait agressif. 2 jours après sa démission (dont il refusait que sa femme parle), j’ai tenté de lui dire que je sentais qu’il repartait, ou que la maladie était revenue. Il s’est braqué, est devenu méprisant, impossible de discuter. Avec sa femme, nous avons organisé une HDT à ma demande. Devant le psychiatre de garde, il a accepté de rester à l’hopital est y est en hospitalisation libre. Il a reprit, semble-t-il, le traitement mais on ne voit pas vraiment d’amélioration : il me dit que c’est moi qui devrait m’occuper de ma tête, qu’une fois sorti, avec sa femme, ils prendront du recul, qu’il ne souhaite pas me revoir. A sa femme, il dit que c’est pas la peine qu’une fois sorti elle lui parle de traitement, il ne le prendra pas. Il dit vouloir partir en vacances dès sa sortie, avec ou sans elle, en voiture (sans traitement, il est loin de rouler prudemment), il n’a pas du tout accepté sa maladie. Et pour des raisons qui nous échappe, le psychiatre de l’hopital lui a parlé d’une sortie pour la fin de la semaine.
voilà.
Sa femme et moi-même voyons le psychiatre demain (puisqu’au moins ce psychiatre là accepte de nous parler et de nous entendre).
Malgré tout, si mon frère sort sans avoir pris conscience de sa maladie, je vois vraiment pas où on va et j’ai peur.
Peur d’avoir fait ça pour rien. Une HDT c’est pas facile, en la faisant je savais que j’allais perdre un peu de mon frère, que ça allait mettre du temps pour que la confiance revienne. Mais s’il sort maintenant, sans avoir comprit pourquoi j’ai fait ça, j’ai l’impression que je le perdrai pour toujours. Et ça me fait mal et peur. Sa femme aussi a peur. Nous n’avons pas peur de lui, mais peur de le perdre, sans être vraiment aidées.
Je n’étais pas là avant et j’assume mon retrait. Je me refuse à juger mes parents pour la façon dont les choses se sont passées : je n’y étais pas. Mais aujourd’hui, j’y suis et je ne sais plus trop quoi faire.
Je l’aime vraiment très fort, je lui dit même s’il ne m’entend plus. C’est mon grand-frère et c’est comme si je l’avais humilié en faisant cette HDT. Que pouvais-je faire d’autre ? Et que faire maintenant ? J’ai un enfant, je souhaite qu’il grandisse en connaissant son oncle (qui le chérissait vraiment jusqu’à la rechute). Bien sûr, j’ai jamais pensé que parce que c’était moi qui prenait un peu les choses en main tout allait changer, mais aujourd’hui, mon père a mûri, il a comprit la maladie qu’a mon frère, ma mère n’est plus seule, mon frère a une vie de couple, une femme qui l’aime et qu’il aime…Comment faire pour qu’il ne soit pas trop tard…