Bonjour à tous,Des heures de recherche sur Internet m'ont conduite sur ce forum. Avant d'y déposer ce message, j'ai parcouru plusieurs de vos lignes. A leur lecture, je me suis demandée si j'avais ma place parmi vous, puis ai décidé de vous laisser répondre vous-même à cette question.
Tout d'abord je me présente, je m'appelle Myriam, j'ai 36 ans, et j'aime depuis 3 ans et demi un homme qui présente des troubles schizophréniques. (Je ne l'ai compris que très récemment).
Mon intention n'est pas de venir ici déverser mes problèmes, piocher un conseil et "retourner à mes moutons". Si vous me faites une place parmi vous, je l'accepterai avec fierté.
Ma démarche est de comprendre, d' écouter, d'apprendre à vous écouter et à vous parler.
Les réponses que vous me ferez (ou pas) seront la première pierre apportée à ma recherche, à cette démarche que je fais par amour.
Si je suis là aujourd'hui, ce n'est je pense pas un hasard. Mon père est schizophrène, mais je n'en suis consciente que depuis peu (1 mois et demi !).
C'est en entreprenant une thérapie que toutes les choses se sont emboitées.
J'ai rencontré Paul il y a 3 ans et demi. Nous avons eu ce que l'on appelle un coup de foudre.
J'étais alors en couple et il allait se marier. Nous avons quitté nos conjoints dés le début de notre histoire et parlions d'enfants.
très vite, il a montré des troubles qui auraient peut être alarmé quelqu'un d'autre, comme une énorme angoisse, des réactions contradictoires, une sensibilité extrème...
Ayant vécu jusqu'à l'age de 20 ans auprès d'un père qui avait toujours eu ce genre de réactions (sans savoir de quoi il s'agissait!), je n'ai donc pas trouvé cela "anormal".
Depuis trois ans, notre histoire est chaotique, mais les nombreuses ruptures qui l'ont émaillées, ne traduisent que notre difficulté à communiquer. Nous nous aimons.
Sans m'en rendre compte je me suis transformée petit à petit. je vivais avec une angoisse perpétuel d'un revirement d'attitude. (je l'ai alors surnomé pour moi : Doc jeckill et Mister Hyde , sans voir plus loin. je me disais, il est un peu rigide, très angoissé, il a son monde à lui, il se réfugie dans sa caverne...rien de plus.
Je voulais le protéger mais en même temps je me fragilisais et devenait de plus en plus en attente de preuves d'amour, d'écoute...
Je voulais qu'il me comprenne sans jamais me rendre compte qu'il essayait de me parler de sa souffrance.
En même temps, nous sortions beaucoup, nous buvions (lui, énormément).
Il riait alors beaucoup.
Il y a deux ans, je suis tombée enceinte, j'étais si heureuse. je désirais tant cet enfant avec lui.Son angoisse l'a complètement paralysé et il s'est totalement renfermé, incapable de communiquer avec moi.
j'ai avorté et je suis partie.
Il m'a demandé de revenir. j'ai accepté à la condition qu'il aille voir un psy, qu'il se soigne.
Il a accepté pour lui et pour moi.
Je suis revenue, je l'aimais mais j'étais déjà épuisée.
Nous avons alors repris la vie commune.
Il était toujours très angoissé.
Nous sortions toujours beaucoup, nous buvions beaucoup , il a alors commencé à consommer de la cocaïne de façon systématique.
Il m'était pratiquement impossible de faire autre chose avec lui, que les sorties pour boire dans les bars, et pourtant de plus en plus je ne supportais plus et n'y allais que pour pouvoir le ramener avant l'aube.
nous nous sommes mis à ne fréquenter régulièrement que des gens de ce milieu là.
Il y a un an, son père est décédé.
A ce moment là, tout s'est accéléré.
j'ai tout de suite senti que je ne pouvais plus l'atteindre. j'étais perdue, je ne savais pas quoi faire. Il ne me parlait qu'en état d'ébriété ou sous l'effet de substances. Il me parlait de sa douleur, me demandait de l'aider, me disait le mépris qu'il avait de lui, la peur de sombrer. le reste du temps je n'existais plus.
Je le voyais souffrir devant moi et était totalement impuisante.
Progressivement, les choses ont empiré. Il me repoussait de plus en plus, me rejettait, se refermait sur lui même. Il devenait de plus en plus aggressif. Me reprochait constamment ce que je disais, la façon dont je le disais, mes idées...
Le dialogue était coupé.
J'ai cru alors qu'il ne m'aimait plus et croyez moi j'aurai 100 fois préféré cette explication si simple, Nous ne serions pas là aujourd'hui moi au bout du rouleau, face à mon impuisance et lui prisonnier de sa souffrance.
Par moment il était à nouveau docteur Jeckill (pas sûre de l'orthographe ! , tendre, près au dialogue, détendu...
Les choses se sont encore dégradées.
Il ne me regardait plus, m'ignorait, m'envoyait sur les roses à chaque fois que je faisais une tentative vers lui.
A cette période, j'ai cru mourir. j'ai cru devenir folle.
ces réactions étaient sans cesse paradoxales.
Je lui proposait que l'on se quitte s'il ne m'aimait plus, lui disait que c'était moi qui ne l'aimait plus !!! que j'étais folle.
Il disait qu'il n'avait pas su me rendre heureuse, que je lui reprochait cela, mais que tout venait de moi, que je lui faisait du mal...
Que je voulais le quitter et que je le manipulai pour qu'il provoque la rupture à ma place, que je n'avais même pas le courage de m'avouer à moi même que je ne l'aimais pas !!!!!!
Il sortait seul, ne voulait pas que je sois là, et me laissait prostrée en pleurs à la maison, en me disant que c'était pour effacer le mal que je lui faisait qu'il avait besoin de sortir.
Il rentrait de plus en plus tard (7h, 8h, midi...), me prenait dans ses bras, pleurait, tremblait de tout son corps, avait des spasmes, me demandait de l'aider.
Et le lendemain ça recommençait!
Je devenais dingue, je ne mangeais plus, je n'avais plus d'envie, je ne pouvais plus voir personne, je ne répondais pratiquement plus au téléphone, je ne vous parle même pas de mon implication au boulot! je vivais dans l'attente de ses retours, où après avoir plongé il revenait vers moi, redevenait le Paul sans barrière.
Finalement il m'a chassé le matin du 1° janvier et n'a jamais voulu l'admettre soutenant que JE l'avais quitté.
Je vous passe tous les épisodes intermédiaires, la longueur de mon récit est déjà indécente !
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Aujourd'hui, je suis en thérapie pour me retrouver, nous ne vivons plus ensemble, mais nous nous voyons très régulièrement. nous habitons à quelques mêtres l'un de l'autre.
Nous ne pouvons guère plus dialoguer sauf par msn.
là il pose des questions, me livre des choses, ce qu'il ressent parfois, sa peur...
Mais jamais en termes de maladie.
J'ai compris qu'il souffre, que son amour pour moi n'est pas en cause.
Je n'ai mis un nom sur son mal que depuis quelques jours. Je l'ai toujours su mais était incapable je crois de le formaliser clairement.
Je veux pouvoir lui apporter un environnement stable pendant qu'il continue son travail psychanalityque.
J'ai peur parce que les choses s'accélèrent. Sa paranoïa, sa coupure progressive d'avec les autres, sa perte d'envie et de sentiments, son incapacité à communiquer....
Je le vois souffrir, je ne sais pas quoi faire.
Quoique je fasse (douceur, fermeté, mise en retrait, mots d'amour...) il me le reproche comme cause de sa souffrance....
Il reste charmant, cool, pour les personnes extérieures mais est en train de se renfermer, il reste couché devant la télévisison à regarder des dvd toute la nuit ou la journée,(c'est d'ailleurs, avec l'amour, la seule chose que l'on fait lorsque l'on passe la soirée ensemble. Toutes mes propositions pour un ciné, une expo, allez voir des choses qu'il aimait, sont rejettées ).
Il a été licencié puis a retrouvé un travail dans lequel il n'arrive pas à s'investir (il n'y va plus depuis 3 semaines alors qu'il est le deuxieme actionnaire de la société).
Toute question est source d'angoisse pour lui et pour moi qui ne sais plus ce que je peux dire, ne pas dire, comment le dire ...........
J'ai tellement peur pour lui et je suis sûre que si je sais quoi faire maintenant, sa maladie ne progressera pas.
Mais pour ça, en cherchant et lisant des dizaines et des dizaines de sources d'informations depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, j'ai compris qu'il lui faut un traitement médicamenteux adapté...
Comment l'amener à admettre son état ? il se protège en rejettant tout sur les autres et en particulier sur moi, il est totalement incapable de prendre du recul, il ne se remet jamais en cause.
Si vous êtes arrivés jusqu'à là c'est que vous avez lu mon roman fleuve et je vous en remercie tout en m'excusant de vous infliger ainsi mes problèmes.
Mais ce n'est pas de moi qu'il s'agit.
Malgré mes lectures, j'ai trouvé très peu de choses sur les troubles schyzophréniques et encore moins sur ce que l'entourage doit faire à ce stade de la maladie.
Je ne suis pas la seule à aimer une personne présentant des troubles de ce type ?
Si quelque part quelqu'un peut partager avec moi son expérience (que je pourrai à mon tour partager avec ceux et celles qui en ont besoin), c'est ici, je crois.
Le croyez vous aussi?
Comment aider Paul dans cette étape?
Faut il attendre une première crise? je ne veux pas y croire
Apprenez moi à comprendre ce dont Paul a besoin, ce qu'il ressent, lui qui souffre comme certains d'entre vous, dans ses rapports avec les autres.
Dites moi vous qui avez été comme moi désemparée devant la souffrance de celui ou celle que vous aimez, .
Guidez moi.
Aidez moi à ne pas être par mon ignorance et ma peur, un facteur aggravant pour Paul, aidez moi à le protéger, aidez moi à l'aimer tout simplement.
Myriam