Bonjour, Je ne suis ni psychotique, ni parent d'un enfant psychotique, alors je ne sais pas si mon post sera publié..peu importe, j'ecris quand même.
J'ai été très ému des différents témoignages sur ce forum, que ce soit l'expression de la souffrance des malades ( mais aussi leur formidable énergie et espoir ! )ou de celle des parents d'enfants atteints de cette maladie, et c'est surtout à eux que je m'adresse :
J'ai lu beaucoup de frustration, de colère même, et une très grande demande d'aide vis à vis des psychiatres et de l'institution hospitalière.
Je suis étudiant en médecine, et connaissant bien ce système que vous décrivez, je me permets de vous livrer en vrac quelques observations qui je l'espère vous aideront peut-être:
La psychiatrie est sans doute la discipline médicale la plus "fumeuse", la pathologie est pour ainsi dire "invisible" puisqu'on ne peux pas s'appuyer sur des dosages sanguins, de l'imagerie médicale, ou tout autre aide qui oriente sur le diagnostic et son traitement. Il y a simplement ce que le patient dit ( ou ses proches ) et ce qu'il a fait. C'est mince, inconfortable, et sans doute même hasardeux pour répondre rapidement à la demande de soins. A l'heure actuelle, la schizophrénie ( grand sac ou on range certaines psychoses ) ne se "guérit" pas, mais se traite avec plus ou moins de succès. C'est le combat d'une vie, pour le patient, pour ses proches, et aussi pour le psychiatre qui choisit de s'investir durablement dans un processus de soin et de "mieux-être". J'ai fini pour les généralités, je passe à la réalité...
C'est vrai que la psychiatrie française ne va pas très bien...entre certains "patrons" ancienne formule, vestiges d'un système féodal ou on menait sa carrière hospitalière comme une carrière politique ( et les patients on verra après ), les gueguerres de certains services entre ceux qui croient à la force du langage et de la psychanalyse, ou les autres qui ne jurent que par les médicaments...et oui, la psy ne se soustrait pas aux règles qui régissent les hommes...
Il faut arrêter de mettre le corps médical en place de "celui qui sauve", ne dites pas LE psychiatre, ni même UN psychiatre, mais dites : c'est le docteur Machin, diplômé de psychiatrie, peut-être peut il nous aider. Chez les psys, comme chez tout le monde, vous trouverez des gens honnêtes, d'autres moins, des gens compétents, d'autres moins, des gens humains et sincères, d'autres moins...il s'agit de trouver celui avec qui les rapports seront bons, qui saura expliquer la maladie, proposer d'essayer des traitements, et suivre les evolutions et progrès. Et si, vraiment, vous ne vous sentez pas en confiance, et bien il faudra peut-être prendre rendez-vous avec le docteur Truc. Mais ce n'est pas parce que le docteur Machin vous a semblé "incompétent" que TOUS les psychiatres sont mauvais, ni que la psychiatrie ne peut pas vous aider.
Le psychiatre sera une aide, mais rien de plus. Il saura reconnaître les signes de la maladie, l'expliquer, préscrire des médicaments pour réduire les symptômes les plus génants, apporter une aide psychologique au malade et à ses proches, pallier à l'urgence si celle ci devait survenir. Rien de plus hélas : aucun psychiatre sur cette planète ne saura vous dire d'ou vient la maladie, et surtout il ne saura pas la guérir totalement, même si il saura souvent la stabiliser. La solution pour vivre le mieux possible ne viendra pas de lui, mais du malade et de vous.
Concernant la position des pouvoirs publics sur ces questions de la prise en charge de ce qu'ils appellent " le handicap mental " ( quel affreux terme pour qualifier la nature du problème ! ), elle n'est pas mauvaise à mon sens. Du moins sur le papier. Evidemment, jamais l' Etat ne saura consacrer assez d'argent à la question, à la recherche qui en découle, aux structures d'accueil associées...mais ce sont les réalités du monde économique dans lequel nous vivons. Evidemment aussi, il suffit de rencontrer dans ce cursus de soin un seul imbécile ou incompétent pour que le monde s'écroule, tant l'urgence de la situation réclamait autre chose...mais celà aussi c'est la vie, un autre obstacle à surmonter, il faut repartir..Bien sûr que se constituer en association est profitable, déjà pour partager son expérience, se sentir moins isolé, et gueuler un grand coup ! plus on gêne, plus on obtient ce que l'on veut des pouvoirs publics, c'est regrettable mais archi-connu...
Pour finir, une note d'optimisme, teintée d'une pointe de cynisme : cette maladie est fréquente, et donc intéresse beaucoup l'industrie pharmaceutique...les crédits pour la recherche de nouvelles molécules suivent, et on peut espérer des progrès sensibles dans les traitements proposés. Le mode de sélection des médecins change aussi : plus tôt au contact du patient, plus de reflexion et de recul quand à cette relation qui est au coeur de toute thérapie...autant de facteurs qui feront des médecins plus "humains", à l'opposé de cette "froideur technique" que beaucoup ont rencontré dans leur parcours, et dont ils parlent ici.