Boujour aux habitués du forum,
courageux travailleurs du pont de l'ascension ou heureux bénéficiaires de congés... Ciel gris et trouble, éclaircies, soleil ? Je continue à faire du prosélytisme pour le sujet qui me tiens à coeur et à remonter ce post vers la partie immergée de l'iceberg d'atoute.
Je sais, mon insistance paraîtra bizarre ou suspecte à certains, mais c'est par ma motivation sur un thème concret que j'ai osé, pour la première fois, parler, même anonymement, sur ce forum. Je crois que cela m'a fait du bien et m'aide à descendre de ce nuage rose où je me trouvais depuis quelques semaines.
J'ai 29 ans, je suis un homme à qui beaucoup de choses ont réussit : métier à responsabilité, avenir prometteur, situation prospère, famille unie et aimante, mais...Mais il y a 6 ans, suite à de multiples échecs et en particulier sentimentaux, d'un joyeux fêtard, organisateur de soirées à succès, je suis devenu un buveur excessif. J'utilisais l'alcool comme un anxiolytique ou un sédatif. Je suis resté durant 3 ans à boire 2 à 3 litres de bière ou 1 à 2 bouteilles de vin, d'abord les week-end, puis en semaine, lors de soirées (toutes les occasions et toutes les compagnies étaient bonnes) puis enfin seul, systématiquement, sans plaisir et sans ivresse. Les jours où je ne travaillais pas, je les occupais à boire 1 litre d'alcool fort, jusqu'à l'oubli. J'ai vite compris ma dépendance, mais n'avait aucune raison d'arrêter, alors je puisais dans mes ressources de déni pour continuer.
Il aura fallut deux ou trois inquiétudes majeures "où suis-je ?" "comment suis-je rentré en voiture sans m'en souvenir? " et un déclic lors d'une maladie d'un proche pour modérer ma consommation il y a 3ans, sans trop de difficultés. Depuis, ma vie a changé du tout au tout et pour un gros mieux : mariage, réussite familiale, spirituelle (je ne lance aucune polémique idéologique ou religieuse), professionnelle et matérielle.
Mais pendant deux ans, j'avais pu diminuer à 2 ou 3 verres par occasion, 2 à 3 occasions par mois, jamais plus d'une par semaine, c'était faisable, mais c'était l'enfer : la peur, l'appréhension, la tentation, la crainte permanente de chuter, de replonger, de retomber dans ces ivresses sans nom, qui duraient parfois plus de 24 heures, la perspective d'un repas de famille ou avec des amis m'empêchait de dormir une semaine avant, c'était l'enfer. J'ai alors fait un premier essai pendant 2 mois, l'été dernier, de sevrage complet : réussite mais sollicitations multiples et hésitations, troubles, peur du jugement de l'autre.
Il y a 139 fois 24H maintenant que je suis abstinent et je sais que je ne me pose plus de question : pas aujourd'hui et pas la prochaine fois ! Plus tard, dans 30 ans, dans 40 ans, on verra, mais pas actuellemnt et si je ne boit pas d'alcool, je ne me pose plus de question, ni sur ce que je suis (abstinent et non pas ancien, futur ou transitoirement abstinent), ni sur ce que j'ai décidé de faire : être heureux et cesser de me poser des questions sans réponse, destinées à me donner bonne conscience alors que je ne suis plus dupe : ma dépendance est une réalité et j'ai perdu la capacité à maintenir une consommation modérée et épanouie d'alcool.
Merci à ce forum d'être là et de m'avoir permis de m'exprimer (ce que j'avais déjà fait auprès de mon entourage, mais jamais avec d'autres anciens buveurs).
Anonymat