>comme je n'ai rien compris
>expliquez moi en quoi l'alcoolisme est une maladie
>
>car je le repete encore une fois on ne choisi pas
>d'avoir un cancer, d'etre aveugle (d'ailleurs je deviens moi meme
>aveugle d'un oeil)
>mais boire un verre est délibéré, on a le choix celui
>de boire de l'alcool ou de l'eau Bonjour Gling gling
Je ne vous cache pas que ça me fait un peu suer de répéter ce dont j'ai parlé maintes et maintes fois, mais "pour vous", je vais me forcer un peu :
Je ne vais pas vous expliquer celà de façon scientifique car je ne suis pas médecin, mais en fonction de mon vécu.
Lorsque je buvais, (je suis une femme de 48 ans à présent), et ce depuis mes 14 ans environ, je le faisais d'une façon pathologique, c'est à dire que je ne buvais pas de l'alcool parce que j'en avais envie ou parce que j'aimais ça, mais pour m'aider à vivre ce que j'avais à vivre; Ca pouvait aller de ne pas oser aller à une boum sans avoir bu, comme d'avoir besoin d'être alcoolisée pour oser affronter certaines situations comme coucher avec un homme, affronter certaines personnes dans le cadre d'une fête ou d'une sortie, avoir le courage d'être à la hauteur de ce qu'il y avait à faire, plus tard vivre avec un mari qui ne me convenait pas mais que j'avais épousé par imitation de mes parents...
Il ne se passait pas un instant dans ma vie sans que je pense que j'avais l'alcool pour m'aider à vivre; Je m'y accrochais comme à une bouée et en même temps m'en voulais affreusement de ne pas savoir vivre sans ce produit alors que tant de personnes semblaient y parvenir.
Et même si à l'intérieur de moi je culpabilisais énormément, je me sentais fautive, honteuse, sans volonté, j'espérais toujours et je voulais me le faire croire, que je parviendrais à modérer ma consommation d'alcool voire à la stopper si nécessaire comme semblait pouvoir le faire laplupart des gens dits "normaux".
Mais non !
Moi, la tarée, la moins que rien, l'impuissante à la plus élémentaire des facilités pour les autres, lorsque je commençais à boire, je ne savais plus m'arrêter !
Je ne savais que faire des promesses sans savoir les tenir !
Le matin, en me réveillant, je me disais trés souvent : "Allez Sylvie, aujourd'hui, sûr, tu ne bois pas !" et le soir j'étais saoule, à mon plus grand mépris de moi même.
Je me souviens m'être empêchée d'aller assiter au mariage d'un ami où je savais qu'il y aurait plein de gens que j'aimais beaucoup, simplement parce que je savais que je ne saurais pas me modérer dans l'alcool et que je risquais de faire dieu sait quelles idioties comme d'habitude.
J'ai retrouvé un carnet où j'écrivais des phrases pour crier ma douleur comme "Mais pourquoi je fais ça ?! Je ne veux pas, MOI !"
J'ai plusieurs fois penser à me trancher la tête tellement je ne me comprenais pas.
J'ai tenté deux fois de me suicider réellement pour mettre fin à ce que je ressentais comme un cauchemard; J'avais la sensation d'être comme un serpent qui se mord la queue et je ne trouvais pas d'issue pour arrêter cette incohérence.
Un jour, à 36 ans, je ne sais pas pourquoi ce jour là, j'en ai eu marre d'en avoir marre.
Je n'avais plus rien à perdre, j'étais arrivée au bout du bout de mes souffrances dans l'alcool.
J'ai cherché le nom d'un alcooloque dans l'annuaire, aucun.
Je me suis alors souvenue que 10 ans auparavent j'avais lu un entrefilet dans le journal local, disant que les Alcooliques Anonymes tenaient des réunions etc...J'avais ricané ce jour là; Mais là, je les ai appelés et le soir même je suis allée assiter à une de leurs réunions.
Pour la première fois de ma vie je me suis sentie à ma place quelque part.
C'est dans cette réunion que j'ai appris que je n'étais pas tarée mais malade, que ma maladie consistait justement à ne pas pouvoir contrôler ma consommation d'alcool, qu'elle était une sorte d'allergie qui faisait que lorsque je buvais un verre d'alcool, je ne pouvais plus m'arrêter.
Un peu comme lorsqu'on amorce une pompe à eau...Un verre en appelait un suivant dans une totale perte de contrôle de moi même et de toute conscience.
Depuis ce jour là, j'ai pu m'atteler à mon rétablissement en apprenant à vivre sans faire usage de l'alcool, sans perdre mon temps à me sentir coupable, à vouloir me disculper en accusant les autres, ou en ayant honte de mes actes alors que je souffrais simplement d'une maladie, et ce 24 heures à la fois.
Oui, un seul jour à la fois, parce qu'aprés avoir arrêté de boire, fiou ! Dures les prises de conscience, durs les souvenirs remontant de mon passé ! Durs les changements à amorcer dans mes habitudes ! Durs de dire enfin NON à des gens qui étaient habitués à ce que je dise toujours oui...!
Alors, non, je n'ai pas CHOISI de m'alcooliser lorsque j'étais perdue dans ma maladie alcoolique; J'étais MALADE, et j'ai dû me soigner pour comprendre que j'avais le choix.
A présent, oui, j'ai le choix de m'alcooliser ou non, mais pas lorsque j'étais dans mon dysfonctionnement de dépendance; Dans mon dysfonctionnement de dépendance, seule la maladie alcoolique gouvernait ma vie, comme une grippe gouverne la vie d'une personne grippée jusqu'à ce qu'elle en sorte.
Voilà...Je ne sais pas si j'ai éclairé un peu plus votre lanterne, Gling gling, car j'ai beaucoup de mal à faire simple lorsque je veux expliquer quelque chose, mais bon...J'aurai au moins essayé de vous expliquer en quoi je vois l'alcoolisme comme une maladie en ce qui me concerne...
Cordialement,
Poulou