>Vous qui avez donc l'expérience et le recul suffisant, avez vous
>toujours des envies d'alcool après des années d'abstinence ?
>Vous est-ils arrivés de reprendre un verre et de gerer votre
>abstinence par la suite ?
>Amitiés ChristineBonjour théocap
Je ne sais pas si je figure parmi les personnes "anciennes" qui t'ont un peu aidée, mais j'ai quand même envie de répondre à tes questions, aprés 12 ans d'une vie sans alcool :
A ta première question :
Il m'est arrivé d'avoir envie de m'alcooliser (pas de boire de l'alcool, je n'aime pas particulièrement l'alcool, mais j'ai eu envie de l'ivresse qu'il procure) il y a un peu plus d'un an de celà, lorsque j'étais allée au chevet de ma grand mère qui était hospitalisée aux urgences.
Ce jour là, je m'étais préparée mentalement à une longue attente, à avoir à faire à des médecins "pressés", mais ça n'a pas suffi, et malgré mes préparatifs, quelque chose en moi a tellement étouffé face à l'indifférence inhumaine d'un urgentiste et à son manque du plus élémentaire respect de l'Autre dans sa dimension d'être humain et pas seulement de corps physique, qu'au sortir de ces fameuses urgences, j'étais fermement déterminée à m'alcooliser.
Je n'avais même pas envie d'appeler un autre alcoolique pour m'en dissuader comme les A.A. le conseillaient.
Je me suis demandée où est ce que j'allais acheter de l'alcool; J'ai pensé au grand magasin proche, ça ne m'allait pas; J'ai pensé à aller dans un café, ça ne m'allait pas non plus...Je me suis alors dit que j'allais prendre ma voiture et que j'aviserais en roulant.
Et là, j'ai eu envie d'ouvrir les fenêtres de la voiture en grand et de rouler assez vite (la route était trés droite), ce que j'ai fait.
En roulant, j'ai alors pensé à ma moto, et me suis dit qu'en rentrant, j'allais en faire; Mon envie de m'alcooliser s'est commuée en envie de faire de la moto; En arrivant, mon homme m'attendait sur le pas de la porte, le sourire aux lèvres; Je me suis pressée tout contre lui...Il avait remplacé mon envie de faire de la moto...
Suite à cette anecdote, j'ai senti qu'une croyance inconsciente ancrée profondément en moi depuis des années, venait de tomber :
Jusque là, sans que j'en sois consciente et malgré mes nombreuses années d'abstinence et de "travail" sur moi, l'alcool était resté mon ultime bouée de sauvetage en cas de trop forte asphyxie morale; Grâce à ce qu'il venait de m'arriver, et parce que j'avais eu le courage de m'accepter telle que j'étais dans le moment présent, "une alcoolique abstinente depuis plus de 10 ans qui voulait s'alcooliser", ce besoin d'ivresse a disparu et a fait place à une profonde confiance en mon conjoint.
A ta deuxième question :
Le 8 Juillet 1992, j'ai décidé de commencer une vie nouvelle sans faire usage de l'alcool.
Je n'éprouve plus le besoin de boire de l'alcool pour boire de l'alcool depuis ce jour là; Mes habitudes de vie ont changé, mes intérêts aussi.
Par exemple, je préfère boire en apéritif une boisson sans alcool que j'aime en grande quantité parce que j'aime beaucoup boire et que je suis trés gourmande de ce côté là, plutôt qu'un fond de verre d'un apéritif alcoolisé que j'apprécierais mais dont la quantité ne ferait qu'aiguiser ma gourmandise sans la contenter.
Lorsque nous allons au restaurant, je prends mon temps pour choisir un coktail sans alcool, et une boisson pour accompagner mon repas. J'ai ainsi découvert un coktail que j'apprécie beaucoup, servi sans restriction dans un verre immense joliment décoré, et une eau pétillante trés agréable à boire en mangeant qui, servie bien fraîche, me donne plein de plaisir.
En fait, je me suis rendue compte qu'en ce qui concerne la gourmandise, je suis comme une enfant, je n'aime pas me restreindre, et je fais en sorte de m'écouter de ce côté là à présent, dés l'instant où je peux me le permettre.
Amicalement.
Poulou