Bonjour à tousCe matin, un jeune couple qui a choisi de vivre en pleine campagne une vie la plus proche possible avec la nature, m'a amené leur petit garçon de 15 mois à garder, comme je le leur avais proposé, afin d'être libres d'aller cueillir quelques cerises pour se faire des sous.
Ils ont une vache, quelques poules, une petite source comme eau potable, un ruisseau pour l'eau courante, on doit marcher à pied environ 10 minutes pour accéder à leur maisonnette, un petit abri pour les bergers qu'ils ont agrandi afin d'y vivre avec leurs trois enfants. (Leur fille est l'amie de la mienne à l'école)
La mère a accouché de son petit dernier dans cette maisonnette, aidée par son mari, la sage femme étant arrivée aprés la naissance. Tout s'est trés bien passé.
Et moi je suis là ce matin, béate devant les cadeaux que je reçois :
Tout d'abord et en premier, la CONFIANCE qu'ils me font en me confiant leur enfant.
Ils savent que j'ai traversé des problèmes d'alcool et de boulimie vomitive, ils savent que je vivais il y a seulement quelques années une vie de bourgeoise tenancière d'une entreprise de renom dans la région, que je n'étais pas du tout de leur monde, un monde où l'on danse, chante et joue un peu de musique en tappant sur un tronc creux, accompagnés du chant du ruisseau, en mangeant du miel et en buvant du lait, applaudis par le soleil, et l'ombre des feuilles des arbres, au milieu des rires et des pleurs des enfants. Mon monde était bien moins simple que ça.
Ensuite la confiance que me fait ce petit bout de chou lorsqu'il se blottit dans mes bras et s'y abandonne comme s'il me connaissait de toujours (il dort à poings fermés sur de grands coussins non loin de moi en ce moment même ); Je me sens tante éléphante avec lui, et c'est si bon !
Et puis il y a enfin tout ce que je découvre et qui est destiné à ma famille au fond du sac du petit :
- Les premières fèves pour manger à la croque-sel avec des radis, comme quand j'étais chez mes parents et que mon père les posait fièrement sur la table de la cuisine car elles étaient le fruit de son travail,
- Une poignée de petits pois primeurs, tout tendres, que je suis en train de laisser cuire tout doucement avec trois petites carottes nouvelles,
- Du sucrin tout frais qui abritait un petit escargot avant que je le nettoie, preuve qu'il a poussé sainement et n'a pas été "mal"traité
- 4 oeufs des poules naines, un pour chacun
- Un petit fromage bien rond de la vache,
- Et pour finir, O joie rare aussi : Un gros morceau de beurre, mais pas n'importe lequel, du beurre qui sent le beurre, le lait frais, les prés et les vaches, du beurre de quand j'étais petite, qu'on fait soi même en tournant trés vite et longtemps, la crème du lait dans une baratte !!
Jamais je ne me serais arrêtée pour voir tous ces détails merveilleux de la Vie, lorsque j'étais dans l'alcool, comme je peux le faire aujourd'hui.
Ces petites choses, aujourd'hui, remplissent mon âme et mon coeur.
Dans l'alcool, mon coeur et mon âme saignaient car je cherchais toujours plus haut, toujours plus loin, toujours ailleurs, ce qui pouvait faire mon bonheur et qui était là, devant moi, à portée de mes doigts et de mes yeux...
J'ai presqu'envie de pleurer lorsque je vois tout ce que j'ai laissé passer de l'enfance de mes premiers enfants, mais je ne veux pas me laisser aller à ce sentiment de tristesse.
Et puis je me dis que je préfère avoir des regrets que des remords; Concernant mes regrets, je sais que je ne suis pas ni n'étais pas parfaite, je suis humaine...Mais par contre, je ne me sens plus de remords, je me sens à jour face aux torts que j'ai pu causer aux autres dans mon passé, et c'est ça l'important pour moi.
Ma vie me va bien aujourd'hui, je voulais vous en faire profiter un peu...
Amicalement,
Poulou