Bonsoir à tousLorsque tu parles de ce poids sur les épaules que l'alcool allégeait, je ressentais la même chose, Moun; En plus d'être sur les épaules, ce poids m'étouffait littéralement, comme si je manquais d'oxygène et que seul l'alcool "ventilait" cette asphyxie, sur l'instant.
Aprés avoir arrêté de boire, je n'avais plus l'alcool pour "ventiler", mais le poids était toujours là, l'asphyxie aussi...
Pour remplacer mon ventilateur qu'était l'alcool lorsque je buvais, j'ai appelé au téléphone d'autres malades alcooliques comme moi dont j'avais pris les numéros dans mes réunions d'Alcooliques Anonymes, et j'ai parlé, parlé, parlé...Je m'étais tuée par la bouche en buvant, je me soignais par la bouche en parlant...
Au fur et à mesure que je parlais, la lourdeur, l'étouffement s'estompait et lorsque je raccrochais, bien souvent, j'allais mieux et pouvais retourner à mes occupations jusqu'à la crise prochaine d'étouffement où je retournais à mon téléphone.
Tous les Mercredis soir, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, j'allais assiter à MES réunions chez les A.A.
Mes enfants pleurnichaient au début car ils n'avaient pas l'habitude que je m'occupe de moi, mais ils ont appris à s'en réjouir au fur et à mesure qu'ils ont vu que j'allais de mieux en mieux.
Mon ex mari et ma mère pestaient, ralaient, disant que je devais faire partie d'une secte, mais même si leurs réflexions me faisaient trés mal, je ne me lachais pas :
Je m'occupais de moi et de ma sobriété, coûte que coûte, vaille que vaille, et bien souvent c'était trés difficile car ils ne me faisaient aucun cadeau tant leurs réflexions étaient blessantes.
Mais j'ai tenu mon abstinence comme on tient fermement un pillier dans une tourmente; Elle a été un choix librement consenti entre moi et moi, jour aprés jour, et parfois instant aprés instant, avec l'aide d'autres malades alcooliques comme moi, puis d'autres personnes qui m'appréciaient telle que j'étais.
Tu sais, Moun, arrêter de boire ne fait pas tout; Si on boit, c'est que quelque chose ne va pas dans notre façon de vivre, de penser, dans nos habitudes, dans nos fréquentations, dans notre entourage...
En arrêtant de boire on s'ouvre à une lucidité qui nous permet de poser des actes pour faire du ménage dans notre vie afin de pouvoir la vivre libre de tout besoin de compulsion, et ça va sans dire qu'on doit forcément changer nos habitudes, notre façon de penser, nos fréquentations, qu'on doit essayer de s'ouvrir au fait de chercher et de demander de l'aide...
Tu as déjà le réflexe qui t'allège du poids sur tes épaules en venant sur ce forum Moun...Multiplie tes posibilités d'ancrage dans ta sobriété (psy, centre d'alcoologie, alcoologue, groupes d'entraide de malades alcooliques en voie de rétablissement...)Plus tu auras d'outils, plus tu te donneras de chances de ne pas retourner vers l'alcool lorsque le poids sera trop lourd à porter seule...
Bonne continuation
Poulou