Forum Médical

Attention : cette archive du forum est en lecture seule.
Page d'accueil du site

"Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "

Envoyer ce sujet à un(e) ami(e)
Format d'impression
Mettre en signet (membres seulement)
 
Précédente | Suivante 
Accueil Général des Forums
Forum : Arrêter l'alcool (Protected)
Message d'origine

ACRO (2475 messages) Envoyer message email à: ACRO Envoyer message privé à: ACRO Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-06-04, 20:39  (GMT)
"Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
Modifié le 21-06-04 à 20:43  (GMT)

En France, deux millions de personnes sont dépendantes. Certaines luttent pour en sortir. Rencontres dans un service spécialisé de l'hôpital de Saint-Cloud, en région parisienne.
L'homme agité s'assoit face au médecin. On l'appellera Jean. Il a 57 ans, il est cadre dans une importante société pharmaceutique. Ses bras désarticulés coupent l'air par saccades. C'est toute sa vie qui semble désarticulée. Très vite, il lâche : "Je ne supporte plus d'être comme je suis.
" Jean a commencé par des kirs, enchaînés avec du vin blanc, il en est au whisky. "Le soir, je rentre... et hop !" Il fait le geste de boire. "Les week-ends, c'est toute la journée." Le médecin du travail l'a envoyé vers son médecin traitant, qui l'a dirigé ici, à l'hôpital de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Détours de phrase : solitude, possible perte d'emploi, angoisse de se retrouver seul face à ses bouteilles, sa dépendance.
Ondine, 45 ans, est éducatrice pour enfants, en arrêt-maladie depuis trois ans. Elle pleure : "J'ai hâte, j'ai hâte... prenez-moi !" Arrimée au bureau, cette femme aux cheveux emmêlés insiste pour être hospitalisée. Elle tremble, se plaint de pertes de mémoire, fouille dans son sac, avale un tranquillisant. Elle est "à moins 600 euros" sur son compte, se sent rejetée, évoque son père, dépressif depuis trente ans. Elle se redresse : "Je veux me battre."


Que ce soit au coeur d'un désert, au bord de la mer, au pied d'une montagne, il y a toujours un oiseau pour nous annoncer l'aube nouvelle...

  Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

  Liste des réponses à ce message

  Sujet     Auteur     Posté le:     ID  
 RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé ACRO 21-06-04 1
   RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé ACRO 21-06-04 2
       RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé ACRO 21-06-04 3
           RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé ACRO 21-06-04 4
           RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé RVCat 22-06-04 6
 RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé yanou51 21-06-04 5

Lobby | Retour au Forum | Précédente | Suivante

Texte des réponses

ACRO (2475 messages) Envoyer message email à: ACRO Envoyer message privé à: ACRO Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-06-04, 20:44  (GMT)
1. "RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
René, 62 ans, est un retraité du bâtiment habillé de velours côtelé. Au début, ce furent des bières. Ensuite, du whisky. Il a suivi une première cure voilà quinze ans. Puis l'abstinence pendant dix ans. Il parle de sa femme, de ses deux filles, qui le tiendraient "sous haute surveillance". Mais il a rechuté. Explication : "C'est difficile de lutter." Re-cure. C'était il y a deux mois. Il résiste. Mais la communion de sa filleule, le mois dernier... "Vous savez ce que c'est, ils insistent... Ça fait vingt ans que je lutte, je suis fatigué."


Que ce soit au coeur d'un désert, au bord de la mer, au pied d'une montagne, il y a toujours un oiseau pour nous annoncer l'aube nouvelle...

  Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

ACRO (2475 messages) Envoyer message email à: ACRO Envoyer message privé à: ACRO Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-06-04, 20:44  (GMT)
2. "RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
Traînant leurs vies d'écorchés vifs, ils défilent ainsi devant les médecins : enseignants, employés, professions libérales, cadres, ouvriers, mères au foyer... L'alcool ne connaît pas de frontières sociales, ni d'âge, ni d'intelligence. Pour se soigner, il y a d'abord le premier pas, le premier rendez-vous à Saint-Cloud : une demande d'aide, souvent aussi violente que l'espérance, d'un côté, et la honte, de l'autre, de se voir "au fond du trou" et d'avoir à affronter le regard des autres. Vies de fuite. La moitié, d'ailleurs, ne viennent pas à ce premier rendez-vous.
Au final, ils sont tout de même plus d'un millier à consulter chaque année dans cet hôpital considéré comme l'un des principaux centres d'accueil de la région parisienne. Ils déboulent, poussés là par la famille, les amis, ou encore le monde du travail, "aujourd'hui plus exigeant sur la question". En France, on estime à 2 millions le nombre de personnes "alcoolo-dépendantes" et à 45 000 celui, annuel, des décès directement liés à ce fléau. Historiquement pionnier, l'hôpital de Saint-Cloud a développé l'alcoologie à l'ombre de la gastro-entérologie, dans les années 1950, sous la houlette d'un médecin, Michel-Raymond Haas, et l'influence des travaux d'un psychiatre, Pierre Fouquet. Ici, l'alcoolique est considéré comme un malade à part entière. La prise en charge y est à la fois médicale, psychologique et sociale.


Que ce soit au coeur d'un désert, au bord de la mer, au pied d'une montagne, il y a toujours un oiseau pour nous annoncer l'aube nouvelle...

  Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

ACRO (2475 messages) Envoyer message email à: ACRO Envoyer message privé à: ACRO Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-06-04, 20:45  (GMT)
3. "RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
Le plus souvent, le traitement est ambulatoire, avec un suivi en consultation. L'hôpital propose aussi des cures en hospitalisation d'une durée de dix-huit jours. Concrètement, il ne faut guère plus de soixante-douze heures pour être sevré physiquement. Le temps des cures de dégoût, avec cuvette de vomi dans la chambre, est bien loin. L'eau remplace ex abrupto l'alcool ; les antidépresseurs, les tranquillisants viennent en accompagnement.
Si le sevrage physique est rapide, le vrai problème est ailleurs, dans la dépendance psychique, que de rares médicaments parviennent à atténuer. "Le grand souhait des alcooliques, ce serait d'oublier. Or il ne faut jamais oublier. L'alcoolisme, ce n'est pas tant une question de quantité, ce n'est pas non plus un problème de volonté, mais c'est une maladie émotionnelle qui se soigne en passant par l'affectif. Au-delà, le but n'est pas seulement de se détacher de l'alcool, mais de vivre mieux." Au fil des ans, l'alcoolisme culturel, fruit de la simple habitude de boire, aurait massivement cédé la place à un alcoolisme plus névrotique, produit de la peur des autres et de l'incapacité à communiquer.
A Saint-Cloud, l'accent est mis sur le partage des expériences, des soignés comme des soignants. Une fois par mois, anciens rétablis, nouveaux patients, médecins, infirmiers et psychologues se rencontrent. Ils appellent cela "le grand cirque".


Que ce soit au coeur d'un désert, au bord de la mer, au pied d'une montagne, il y a toujours un oiseau pour nous annoncer l'aube nouvelle...

  Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

ACRO (2475 messages) Envoyer message email à: ACRO Envoyer message privé à: ACRO Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-06-04, 20:45  (GMT)
4. "RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
A Saint-Cloud, le service d'alcoologie disposait d'une cinquantaine de lits à sa création. Pour des raisons budgétaires, il en compte moitié moins aujourd'hui, et le nombre pourrait diminuer. Trois semaines d'attente sont nécessaires pour obtenir une place en hospitalisation. D'un à trois mois pour en trouver une autre, ensuite, dans un centre de postcure. Autant de laps de temps propices aux rechutes.
A Saint-Cloud, visages et vies se succèdent à la consultation, tantôt pavillon haut, tantôt pavillon bas. Chacun se souvient de la date de son premier jour d'abstinence comme d'une nouvelle naissance. Et incarne cet étonnant paradoxe qui veut que c'est souvent au moment où l'on s'ancre dans cette abstinence qu'on accepte enfin de dire sans honte, parce qu'on sait le problème au fond de soi présent : "Je suis alcoolique."


Que ce soit au coeur d'un désert, au bord de la mer, au pied d'une montagne, il y a toujours un oiseau pour nous annoncer l'aube nouvelle...

  Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

RVCat (1444 messages) Envoyer message email à: RVCat Envoyer message privé à: RVCat Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
22-06-04, 12:36  (GMT)
6. "RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
Bonjour ACRO,


>Si le sevrage physique est rapide, le vrai problème est ailleurs,
>dans la dépendance psychique, que de rares médicaments parviennent à
>atténuer. "Le grand souhait des alcooliques, ce serait d'oublier. Or
>il ne faut jamais oublier. L'alcoolisme, ce n'est pas tant
>une question de quantité, ce n'est pas non plus un
>problème de volonté, mais c'est une maladie émotionnelle qui se
>soigne en passant par l'affectif. Au-delà, le but n'est pas
>seulement de se détacher de l'alcool, mais de vivre mieux."

Pour ceux qui sont en recherche de mots pour nommer leur maladie, aucun n'étant satisfaisant, ton texte est rempli de sagesse de justesse et de pertinence.
".... une maladie émotionnelle qui se soigne en passant par l'affectif ..."

Merci

RVCat
aqualique pratiquant

  Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour

yanou51 (660 messages) Envoyer message email à: yanou51 Envoyer message privé à: yanou51 Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-06-04, 20:50  (GMT)
5. "RE: Vaincre l'alcool - Rencontres dans un service spécialisé "
Bonsoir Accro,

Je ne sais pas qu'elle est la source de ce texte. Mais tellement criant de vérité.
Je connais l'hopital de Saint Cloud de renom.
A l'hopital où je suis suivie, l'alcoologue organise aussi une réunion hebdomadaire avec les malades abstinents et les malades hospitalisés. Ces réunions sont toujours très fortes, remplies de plein d'espoir d'où l'on sort toujours un peu plus grandi.

Merci beaucoup à toi de nous avoir fait partager ce texte.

Amicalement
Yanou

  Effacer | Alerte Modifier | Répondre | Répondre en citant | Retour


Fermer | Archiver | Effacer

Lobby | Retour au Forum | Précédente | Suivante

Rechercher sur le site Atoute.org: