Le conjoint par contre ne vit pas cette abstinence de la même façon. Nous, nous sommes content(e)s que tout va bien, mais j'avoue que beaucoup d'entre nous (j'en fais partie, malheureusement) ont énormément de mal à oublier ce qui s'est passé AVANT, à oublier la souffrance endurée dont on n'était pas responsable non plus. Pendant l'alcoolisation, nous avons été à tour de rôle le paratonnerre, le souffre-douleur, la serpière, la personne responsable de tous les maux, le punching-ball sur lequel on pouvait se défouler à volonté et je t'en passe ... J'imagine ce que tu as pu ressentir, mais - est-ce parce que je suis une femme ? - JAMAIS mes enfants ni mon mari n'ont été "le paratonnerre, le souffre-douleur, la serpillère, la personne responsable de tous les maux, le punching-ball sur lequel on pouvait se défouler à volonté". Ils n'ont pas eu à palier mon absence, j'ai toujours rempli mon rôle au point de devenir la bonne.
Il n'y a jamais eu de violence de ma part, au contraire, comme je culpabilisais je faisais tout, j'acceptais tout, et très rarement, quand j'osais râler car c'était le b***** et que personne ne faisait rien dans cette maison on me faisait parfois comprendre que je n'avais pas grand chose à dire
Attention, je ne veux pas dire que mon mari ou mes enfants sont des monstres, NON, tout ceci est de MA faute. C'est ma culpabilité qui me poussait à tout faire et à ne rien demander. Enfin, jamais je ne les ai accusés d'être la cause de ma dépendance ni de tous mes maux.
Jamais - je le répète - je n'ai été violente, ni blessante, ni absente ; j'ai toujours été disponible pour les écouter, les soutenir, les aider (devoirs ou autres), je ne les ai jamais laissés tomber. Mais je buvais le soir, lors de ma 2ème journée de boulot, après une 1ère plutôt stressante et dense (+ 12 h quotidiennes)et après je dormais....
Ils ont souffert de mon alcoolisme : c'est toujours dur de voir quelqu'un qu'on aime se détruire et de ne pas savoir comment l'en empêcher.
Mais j'ai toujours été là, mère et épouse - même si souvent je m'endormais tôt, ce qui est d'ailleurs toujours le cas, n'en déplaise...car mes journées sont toujours aussi fatiguantes, malgrè le coup de main donné maintenant par tous !
Si j'ai arrêté, c'est pour moi avant tout: il s'agit de MA santé et maintenant effectivement je ne me laisse plus faire.
Un autre problème se trouve dans le fait que la personne nouvellement abstinente fait totalement abstraction de sa période d'alcoolisation, c'est comme une renaissance, un nouveau départ dans sa vie et le début d'une vie nouvelle et riche.(...) Peut-être pourriez-vous m'expliquer comment vous faites pour faire abstraction de toute une tranche de vie du jour au lendemain, chose que nous avons tant de mal à faire, comment faire pour oublier car j'aimerais bien résoudre ce problème que j'ai pour pouvoir digérer enfin tant d'humiliations encaissées.
Je ne fais absolument pas abstraction de ma période d'alcoolisation, bien au contraire - c'est un combat de tous les jours - mais effectivement c'est une renaissance, car j'apprends à m'aimer, à ne plus me considérer comme une merde, à ne plus accepter d'être considérée comme la bonne ..... et à essayer - moi aussi - de digérer les humiliations encaissées, même si je les ai cherchées ....
Mon mari m'aime, il m'aide car il sait le courage qu'il m'a fallu et qu'il me faut encore. Mes enfants aussi et maintenant ils savent que quand je râle parce que c'est le bazar, et bien je ne laisserais pas tomber et qu'ils m'auront sur le dos jusqu'à ce que ce soit fait Et puis ils sont contents d'avoir une mère de nouveau féminine (je recommence à mettre des robes)et plus jolie car avec une meilleure mine.
Voilà, tout ça pour dire que les alcooliques ne sont pas tous des monstres et que les conjoints et enfants ne sont pas tous des martyrs. Chaque histoire est différente et celle de notre famille n'est pas dramatique, loin de là, c'est notre chance et tant mieux.
Bon courage à toi. J'espère que tu pourras parler avec ton mari de toutes ces humiliations qu'il t'a fait subir et te fait - si j'ai bien compris - encore subir.... Bats-toi, ne te laisse pas faire !
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Souris