Modifié le 05-11-04 à 12:10 (GMT)Bonjour,
Il a pas mal de temps que je n'ai pas donné de mes nouvelles. En voici donc. C'est long, désolé. Pour ceux qui ne me connaissent pas: je suis Niceday, j'ai trente ans, et je suis alcoolique.
Début janvier, j'ai essayé d'arrêter de boire. Seul, sans médecin, avec l'aide du forum, et en compensant le manque par des bières sans alcool et du cannabis. Je me suis senti mieux (pas "bien", mais mieux, un peu mieux, même si je restais dans une sensation de lutte à l'intérieur). J'ai tenu deux ou trois semaines.
Mi juin, j'ai été voir un généraliste, une femme. Je lui ai expliqué ma situation, ma consommation, etc. Je lui ai dit que j'avais essayé d'arreté seul, que je n'y étais pas parvenu, que je me sentais mal par rapport à l'alcool. Elle m'a proposé de faire d'abord une tentative sans médicament. Mais surtout, elle m'a dit la chose suivante: essayer d'arreter pendant 15 jours; et, dans 15 jours exactement, revenez me voir (on a fixé la date ensemble); et si vous craquez avant, revenez me voir immédiatement. Ce petit contrat entre nous m'a beaucoup aidé à tenir les 15 premiers jours. Je n'ai pas repris depuis. Cela fera bientôt 3 mois.
Parrallèlement à ça, j'ai opéré des changements dans mes habitudes. L'absence de gueule de bois me rendait plus disponible et me donnait plus d'énergie pour "faire des choses".
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Des journées fatiguantes et au terme desquelles on pouvait voir qu'on avait avancé, qu'on avait construit des choses. Sensation très bonne pour moi. Peu ou pas de difficultés à ne pas boire. Aucune compensation par du cannabis ou autre. Je compensais par l'activité physiques. Ces activités m'aidaient fondamentalement à ne pas boire.
En travaillant avec une disqueuse sur le chantier, j'ai pris un éclat dans l'oeil qui m'a blessé sans gravité. J'ai du porter un pansement deux jours, Puis, j'ai repris le travail. Et tous les jours, la perspective des travaux du lendemain était enthousiamante pour moi. Et une fois la journée terminée, une bonne sensation de satisfaction, "d'accomplissement". Je me suis croqué le dos, mais cela est passé aussi.
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Il y a eu l'un ou l'autre moment plus durs, hier notamment, mais qui sont vite passé, avec quelques exercices de respiration. Je me dis alors "l'important, c'est que je n'ai pas bu hier", et ça m'aide. Dans ces moments-là, et aussi dans les autres moments, le souvenir de la souffrance dans l'alcool m'aide d'une certaine manière. Il est là comme un point de référence qui donne sens à mon bien-être d'aujourd'hui, qui me permet de jouir d'autant mieux de mon bien-être d'aujourd'hui, qui me fait surtout sentir que je me suis véritablement (re)construit depuis mon arret. Le souvenir de la souffrance donne de la dimension à mon bien-être.
J'ai découvert le calme. J'ai découvert à quel point le calme augmentait mon écoute, ma présence aux autres, mes capacités intellectuelles et mes capacités émotionnelles. Ma liberté aussi.
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Voila où j'en suis
Bien amicalement
Niceday