Bonjour Hermann,Je suis un homme de 30 ans. Je me sens concerné. Je suis tout à fait d'accord pour dire qu'il y a effectivement une problématique "hommes" aujourd'hui. D'accord pour dire que les hommes ont à ré-inventer une manière d'être homme aujourd'hui. D'accord aussi pour dire que la position symbolique des hommes aujourd'hui peut impliquer une véritable souffrance.
Ils sont encore marqués par l'impératif (traditionnel) de performance et de responsabilité, et déjà pris dans le dévoilement social (postmoderne) de leurs fragilités.
J'épingle certains passages de ton post:
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Le premier
>mouvement des hommes, c'est le silence.
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>Dans leur détresse, qu'elle soit sexuelle, conjugale, professionnelle ou spirituelle, les
>hommes sont seuls et isolés, ils ne se relient pas
>à d'autres. Ils ne décrochent pas leur téléphone pour parler
>à d'autres hommes dans la même situation, comme le font
>les femme.
Oui, le silence est un symptome préoccupant, ça me parait juste. Les hommes doivent apprendre à parler. Et ce n'est pas facile pour eux. Ce n'est pas facile pour moi. Mais j'y travaille.
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>"On nous demande d'être performants à tous les niveaux. Aux femmes,
>on ne leur demande rien, alors quand elles réussissent, les
>lauriers sont pour elles.
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Là, je suis nettement moins d'accord. Les femmes ont lutté pour redéfinir leur position. Elles ont eu raison. Elles y sont partiellement parvenues. MAIS: on continue à leur en demander beaucoup. Beaucoup plus qu'aux hommes. Les enquêtes chiffrées montrent bien qu'en moyenne, les femmes continuent à assumer davantage de problèmes domestiques que les hommes, et que cela a pour effet qu'elles sont amenées (contraintes) à moins investir dans leur carrière professionnelle et dans la vie publique.
Les enquêtes montrent aussi qu'à travail égal, en moyenne, les femmes continuent à être moins bien payées que les hommes.
Plus généralement, il me semble sentir dans ton post que la souffrance existentielle des hommes seraient en partie "la faute" des femmes. (Une certaine rancoeur peut-être dans ton chef?) Je ne suis pas d'accord avec cette idée. L'idée de faute voudrait dire qu'il y a un intentionnalité. Or, il s'agit plutôt d'un mouvement culturel d'ensemble dont personne a priori ne pouvait anticiper l'issue.
De toutes façons, la question de savoir "à qui la faute? qui est responsable?" me semble peu intéressante. Puis, ces changements sont aussi une chance pour les hommes, de mon point de vue. Même si cela implique des souffrances. Il y a aussi la possibilité d'une certaine libération des hommes.
La question pertinente à mon avis, c'est plutôt "Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait?"; "comment apprendre à être un homme?"; "comment résoudre certaines souffrances propres à l'homme? (et notamment la question du silence des hommes - qui fait souffrir tant les hommes que les femmes)"? A mon sens, le couple peut être cet espace spécifique d'apprentissage. En même temps, les hommes doivent peut-être apprendre à (oser) parler entre eux. L'idée des groupes de parole est intéressante.
Les hommes doivent apprendre à parler. Mais pas à parler "comme un femme" (y a rien de péjoratif dans mes mots hein ;). Ils doivent apprendre une manière de se dire qui leur est spécifique. (Mais pourquoi pas avec l'aide des femmes?) Parler de sexualité par exemple, cela ne peut se faire à la manière des femmes, parce qu'on ne vit pas la sexualité de la même manière.
Il faut aussi reconnaitre que les femmes aujourd'hui sont beaucoup plus capables que par le passé, de comprendre les hommes. Je pense que les femmes modernes peuvent être un bon allié pour les hommes. Pour autant qu'on évite les risques que tu évoques: ceux du reproche et de la culpabilisation par exemple, car ils alimentent la souffrance et le silence. Je connais pas mal de femmes d'une trentaine d'années qui sont tout à fait surprenantes dans leur capacité à comprendre les hommes, leurs pulsions et leurs fragilités.
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> Je ne suis pas surpris que l'homme
>cherche "refuge dans l'alcool". Et vous?
>
C'est fort possible en effet.
Le monde change. En communauté française de Belgique, le gouvernement est majoriatirement constitué de femmes. Et l'homme politique le plus populaire (et le plus puissant) dans notre monde politique est un homme homosexuel, issu de l'immigration italienne. J'aime bien ce monde, moi. Sans nier les souffrances et les défis qu'il implique.
Amicalement
Niceday