Bonjour,Je suis d'accord avec le fait que l'écriture sms ne facilite pas la lecture. En tous cas, celle des personnes qui n'y sont pas habituées. D'accord aussi pour dire que certaines personnes utilisent ce langage alors qu'elles son capables d'écrire selon les normes scolaires habituelles. Et qu'on peut le leur faire remarquer. Mais il faut le faire avec beaucoup prudence car on risque toujours de se faire le complice involontaire de la re-constitution sur internet, de la structure sociale qui existe dans la "vraie" vie.
Je donne mon avis sans parler du message incriminé, mais bien en parlant plus généralement du langage. On est pas tous égaux dans notre rapport à la langue. Je me dis que face à des personnes qui ont un rapport au langage qui n'est pas celui du monde scolaire, qui par ailleurs sont souvent isolées avec des difficultés d'accès à des aides pertinentes, voire une peur de demander de l'aide, et qui enfin, font face à des difficultés sérieuses dans leur vie... un peu de tolérance de la part des lecteurs classiques s'impose. Les lecteurs classiques font en général partie de catégories sociales qui bénéficient déjà de pas mal d'avantages (au niveau social, pécunier et/ou culturel).
Certaines personnes sont victimes d'une accumulation de précarités: en terme de santé, en terme d'argent, en terme de ressources sociales, en terme de rapport au savoir légitime (scolaire), en terme de capacité à manier le net ou même à y accéder financièrement, etc. Ces précarités s'appellent et se renforcent les unes les autres. Il faut parfois éviter de rajouter une couche au processus d'exclusion (en particulier sur internet qui est un nouvel espace social où l'on pourrait imaginer - rêver - un monde qui ne re-produise pas simplement les dominations ordinaires).
N'oublions pas que lorsque l'on impose, au nom du respect (Poulou) ou de l'efficacité (citation du doc Dupagne), le mode d'écriture scolastique à des personnes qui n'en ont pas la maitrise "spontanée" (= en fait acquise familialement et scolairement), on opère sur eux une violence symbolique qui les renvoient à leur situation éventuellement précaire. L'écriture scolastique est un "arbitraire culturel" au même titre que les autres formes d'écriture (même si elle bénéficie de la légitimité de ceux qui sont déjà plus les plus avantagés sur une série d'autres plans).
Bien souvent, les conflits de type culturel (tel ou tel langage par ex) ne sont que le reflet de la structuire sociale objective (disparité des revenus et des diplomes et autres acquis symboliques), et contribuent à la re-produire. Plus rarement, à la transformer.
Niceday