Moi aussi ai l'impression de n'avoir connu que des hommes alcooliques. Ai un oncle qui n'a jamais bu, ou du moins, n'a pas ce problème et semble plus fûté que mon père, lequel n'arrivait pas à mettre une limite à sa consommation, dans le cadre d'une invitation par cet oncle justement. Alternativement, une famille recevait l'autre, chaque dimanche midi et après-midi, voire en début de soirée. Me souviens de mon oncle qui donnait le signal de départ vers 19 heures, alors que notre famille n'arrivait pas à "décoller", j'étais adolescente à l'époque. Or, il semble que mon père ait toujours eu complexe d'infériorité par rapport à cet oncle, qui serait plus doué que lui pour emberlificoter les gens. Donc, je n'ai pas de familiarité avec cet oncle, mais beaucoup avec mon père, encore, qui est veuf, et qui, depuis quelques semaines, réussit à ne plus consommer d'alcool. Ce n'est que la xième fois qu'il s'arrête, mais toujours seul, à chaque fois. Pour te situer dans le temps, les invitations dominicales ont eu lieu il y a environ trente-cinq ans. Ma tante, femme trompée, de notoriété publique, est toujours mariée avec mon oncle ; je n'ai jamais abordé le sujet avec elle. Ils semblent toujours complices. Tandis que mon père est veuf depuis dix-sept ans. Je me suis mariée avec un homme qui s'est révélé alcoolique dès après le mariage. Mais je n'en ai pris conscience que quelques années après. Ce que je veux te dire, c'est que l'on aurait dû me dire :"Mets-toi à l'abri, à l'abri de l'incohérence, de la précarité". Précarité, car un alcoolique est instable. Voilà comme je dis les choses : il a une souffrance au départ, complètement indépendamment de toi, qui a sa racine dans la construction de son être et il n'a pas trouvé autre chose que cette drogue, en auto-médication. Il ne sait pas gérer autrement qu'en prenant de l'alcool, sa souffrance d'être un être humain. Or, toi aussi, tu dois gérer ta souffrance personnelle qui t'est léguée par ton passé. Or cette drogue a des effets secondaires : elle rend fou par moments. Et la précarité résulte que dans ses moments de lucidité, ton partenaire t'inspire confiance ; mais tu vas être déçue par le prochain moment où il sera insensé. Là, il ne va pas t'aider, il va t'entraîner dans ... sa folie ? Or toi aussi, tu as le droit d'être soulagée dans ta souffrance qui pourrait éventuellement remonter à la surface. En tous cas, il me semble qu'il va capter trop de ton énergie psychique, alors qu'il ne va pas tellement t'aider à en renouveler les stocks. Bref, il est dans l'incapacité, la plupart du temps, de t'aimer, car aimer (définition de Thich Nath Hahn, dans son livre : Au coeur des enseignements du Bouddha, c'est se demander, en regardant l'autre : "Mais qui es-tu, toi, ma chérie (mon chéri), qui est assis à côté de moi", c'est lui porter l'attention de la meilleure qualité possible. Si c'était à refaire, car maintenant mon ex-mari (j'en avais divorcé) est mort, comme suite à deux agressions liées au contexte alcoolique ? à l'hôpital en juillet. Il m'avait fait prévenir en février. Donc, si c'était à refaire, il serait peut-être encore en vie actuellement, j'aurais dit et fait, dès que j'aurais compris qu'il était alcoolique, sans lui en faire reproche, car il aurait bien voulu s'arrêter de boire : "Je ne saurai vivre avec toi tant que tu continueras à consommer,tant que tu ne te feras pas soigner. Je ne te donne plus d'argent, d'ailleurs, tu ne m'as jamais payé la pension alimentaire que tu me devais pour notre fille". J'aurais mis de l'argent de côté pour acheter une maison. Mais, au lieu de cela, je fus incapable -- ou me sentais incapable de couper radicalement les ponts d'avec lui, avec des sentiments d'impuissance, comme par exemple, d'avoir mon permis de conduire que j'ai seulement passé à quarante-sept ans. Je pense aussi que j'en avais un sérieux petit grain. Et ma fille dans tout cela ? Alors, elle n'héritera pas de bien immobilier de moi ? En tout cas, pas de lui.I Non, je ne suis pas responsable du malheur du monde, des Africains en tous cas. Je mets facilement la main à la poche pour eux, mais je déshabille Pierre pour habiller Paul, ma fille ou moi-même pour soi-disant aider des inconnus.
|