Modifié le 07-01-04 à 19:11 (GMT)>En revanche je n'autorise personne à me
>juger pour tenter de me rendre coupable et pas seulement
>pour l'alcool. Le chantage ne m'enchante pas!
Je suis d'accord avec toi aussi, Jacquot :
Je n'aime pas qu'on me juge ni qu'on me fasse du chantage affectif ou autre...Mais j'ai compris en fin de compte, que je ne pouvais changer que moi même, et que si les gens voulaient me juger, me jeter la pierre, ou exercer des pressions sur moi, je ne pouvais pas les en empécher...Ou si :
Seulement en ne les fréquentant plus ou de trés loin.
Je me suis longtemps épuisée à vouloir changer les gens par rapport à ça; J'ai voulu leur expliquer, me justifier, me réhabiliter à leurs yeux en paroles ou en actions...J'ai voulu leur "prouver" que je n'étais pas forcément tordue, que j'étais honnête, que je n'étais pas forcément méchante mais que j'étais malade...
Mais ils ne voulaient voir de moi que ce qui les faisait me critiquer, ou voulaient que j'entre dans leur moule mais pas dans le mien...
Et le pire, c'est que sans m'en rendre compte, trés souvent, je me jugeais autant qu'eux et me jetais la pierre qui me faisait le plus mal.
Même aprés avoir arrêté l'alcool j'ai trés longtemps souffert de cet auto-condamnation enfouie en moi depuis mon enfance.
Ma culpabilité m'a trés souvent plongée dans des déprimes et des idées suicidaires.
Je me rejetais dès que je n'étais pas au top, dès que j'avais blessé quelqu'un, que je me sentais seule dans mon cas, différente des autres...
Je culpabilisais d'être douillette, d'être une femme, de cottoyer certaines personnes plutôt que d'autres...
J'avais imprimé dans mon cerveau les données de mes "éleveurs", et leurs données étaient :
"Tu n'es pas conforme à la norme telle que tu es.
Tu ressembles à telle personne que je n'apprécie pas, ça n'est pas bien.
Tu ne penses pas comme nous, tu n'as pas les mêmes envies, valeurs, goûts que nous, ça n'est pas bien."
Dès que je m'autorisais à être un peu moi même, à vivre selon mes idées ou mes valeurs pendant un certain temps sans me soucier du reste du monde, Vlaaam ! :
La culpabilité arrivait comme une lame de fond pour balayer ma paix intérieure.
Je suis entièrement de ton avis lorsque tu dis, Jacquot, que "C'est parce que je suis responsable que je ne suis pas coupable", tu résumes en quelque sorte le noeud du problème de la culpabilité...:
Le jour où j'ai commencé à devenir responsable de ma vie en me reconnaissant malade alcoolique et non coupable (fautive) de boire avec excés, le jour où je n'ai plus porté de jugement sur mon alcoolisme, j'ai pu commencer à avancer dans ma vie, alors que jusque là je faisais du sur place en tournant en rond.
Ce jour là, j'ai mis le pied à l'étrier de ma responsabilité face à moi même.
Petit à petit, un jour à la fois, j'ai commencé à remplacer ma fichue culpabilité qui, elle aussi, me faisait tourner en rond dans tous les domaines de ma vie, par ma responsabilité d'être celle que je suis, et d'assumer les choix et les actes que je pose ou que j'ai posés.
Ca fait drôlement du bien de se sentir dans des baskets à la bonne pointure, enfin ! :p
Un dernier exemple concret de cette histoire :
Un jour que j'avais bu, j'avais volé une bague avec un diamant de plusieurs carats à un huissier de justice...
Sur le coup, avec ma mentalité de malade alcoolique alcoolisée, j'étais assez fière de ma prouesse et en riais.
Je suis allée faire ressertir la bague à mon goût et à mon doigt, sans aucune gêne aparente...
Deux ou trois ans aprés cet épisode, j'ai arrêté de boire...
Je me sentais responsable de ma vie...Mais il y avait cette bague (entre autres bien sûr :p)...
Et je me sentais coupable, fautive de ma bétise passée, je me jugeais, me trouvais idiote d'avoir commis ce vol, m'en voulais...Je tournais en rond...
Mais ça n'a pas duré longtemps, heureusement :
Je savais que je n'étais pas sortie de l'alcool pour me mettre mal trop longtemps avec d'autres choses, que si je me mettais mal trop longtemps, je risquais de retourner à l'alcool.
Je me suis alors demandé ce que je pourrais faire par rapport à cette histoire de bague...
Une petite voix en moi m'a répondu :
"Il faut rendre à César ce qui apartient à César"
Je me suis dit alors que j'avais des enfants, que la personne était un huissier de justice, que je risquais la prison si j allais me dénoncer pour rendre la bague, je m'étonnais moi même d'avoir une idée pareille ...
Et la même petite voix de ma Conscience m'a répondu :
"Et alors ? Tes enfants viendront te porter des oranges si tu vas en prison, mais tu as volé cette bague, ta responsabilité est d'en assumer les conséquences quelles qu'elles soient"
Forte de cette réponse, j'ai téléphoné le jour même à l'huissier en question, suis allée à son étude, et j'ai posé la bague sur son bureau en lui disant que je venais lui rendre ce qui lui apartenait.
Je lui ai dit que je lui avais volé cette bague et l'avais faite ressertir...
L'huissier s'est souvenue de ce vol...
Elle a fait le tour de son bureau, et m'a prise dans ses bras alors qu'elle ne me connaissait pratiquement pas, en me disant que ce que je venais de faire était exceptionnel.
Et j'ai su, à la fierté qui remplissait ma poitrine à ce moment là, que ça l'était 
Ca me fait du bien de vous avoir raconté cet épisode de ma vie pour étayer ce thème de la culpabilité et de la responsabilité...Je n'ai pas l'habitude d'être fière de moi, ce serait plutôt l'inverse...Alors si je peux être fière en vous racontant des histoires commes celle là, ben...Ca me fait du bien, soit dit sans fausse modestie ! lol
Poulou