Bonjours à tous, Elzide, bravo pour ta réussite contre la bouteille, une autre étape de franchie J
Je ne pensais pas que mon vécu pouvait aider, je suis cependant bien contente si ceci peut apporter quelque chose pour toi et ton mari!!
J’ai décidé de continuer ce que François avait débuté, je ne sais pas si c’est une bonne chose mais je pense que si certains alcooliques abstinents ou non peuvent comprendre un peut ce que leur entourage ressent, peut-être que ça peut aider un petit peut!!
Je désirait commencer par vous dire que le témoignage de carensac était intéressant, le problème c’est que c’est devenus un peut trop personnel.
J’ai décidé de me remettre dans le contexte, depuis le début de ma relation avec mon copain alcoolique, l’évolution des choses, de mon point de vue. Je pense que ça peut éclaircir certaines réactions que nous avons quelques fois.
Lorsque j’ai rencontré mon petit ami, ça fait maintenant 5 ans. Au début il ne consommait pas beaucoup, un verre occasionnellement, sans plus. Il était généreux, attentionné, on discutait de beaucoup de choses et étions très amoureux. Pour moi, c’était vraiment l’homme idéal. Je ne le savais pas, mais il avait déjà de gros problèmes de consommation d’alcool. Il a seulement fait ce que plusieurs d’entre vous ont sûrement déjà fait, l’ivresse du début d’une relation amoureuse avait temporairement remplacé l’ivresse de l’alcool! Je crois qu’il pensait sincèrement que cet amour allait le libérer définitivement de ses problèmes…
Avec le temps, lorsque cet amour s’est transformé, l’alcool est tranquillement revenu dans sa vie. Ça m’a pris un certain temps pour réaliser qu’il avait réellement un problème avec l’alcool (comme plusieurs, je m’étais mis des œillères!). Il y avait toujours beaucoup d’amour entre nous deux, aussi beaucoup de souffrance. Je vivais avec deux hommes, celui sobre qui était toujours gentil, attentionné, compréhensif, qui ne disait jamais un mot plus haut que l’autre. D’un autre côté celui qui était malheureux, souvent en colère, très pessimiste, celui pour qui je ne semblais n’être qu’une merde!!! Bien sur, combiné à tout cela les promesses de changements, les difficultés de communications, les craintes et les inquiétudes.
Mes comportements sont devenus très changeants. J’ai passé de la tentative de compréhension à la colère, aux crises de larmes… J’ai tout fait, j’ai tout ressentis mais rien ne changeait. Pourquoi je suis resté? La seule réponse que j’avais à l’époque c’était : parce que je l’aime. Je me disait toujours, au moins il n’est pas violent, c’est ce qui compte. Je n’avais pas réalisé que la souffrance morale est aussi épouvantable.
Maintenant je vous dirais que ce n’est pas que par amour que je suis restée, c’est aussi parce que j’y trouvais mon compte. Je me sentait tellement utile en étant près de lui. Je m’occupait de la maison, de lui, je travaillais fort. C’était valorisant! De plus, il était si merveilleux lorsqu’il avait pris une cuite la veille et qu’il le regrettait!! Il me donnait des cadeaux, était chaleureux… J’étais dépendante de sa maladie, comme lui était dépendant de sa bouteille. Malgré toutes les douleurs, j’avais besoin du malade. J’avais aussi toujours l’espoir qu’un jour je combattrais la maladie, qu’il comprendrait grâce à moi qu’il devait laisser l’alcool! J’étais remplie de belles illusions.
Un jour, un ensemble de facteurs dans sa vie ont fait qu’il a décidé de cesser de consommer. Il est allé en cure et fait du « meeting ». Au début il y a eu la blessure du fait que ce n’est pas moi qui a provoqué son désir de s’en sortir. Ensuite, le choc de constater que l’homme avec qui je vivais n’était pas celui que j’avait connus au début, ni celui avec qui je vivais lors de ses petits moments sobres pendant notre vie. Parce que, pour moi, si il cessait de boire, il devenait l’homme qu’il avait été lors de ses moment de sobriété.
Ce moment là fut très difficile, il avait ses opinions, il se permettait de me faire des critiques… En parallèle, mes blessures n’étaient pas encore pensées, je n’acceptais pas qu’il me juge après tout le mal qu’il m’avait fait! L À ce moment, j’ai été plutôt méchante avec lui, à un certain niveau je voulais qu’il paie pour ce qu’il m’avait fait. Ce moment à été très pénible pour nous deux.
Un jour il m’a fait comprendre, par ses mots, qu’il ne vivrait pas ces insultes seulement pour me permettre de me défouler que ça n’apportait rien de bon, et j’ai compris.
Je suis allé chercher de l’aide d’un psychologue, j’ai rencontré des femmes qui avaient vécus les mêmes choses, j’ai avancé dans ma vie.
Ça fait maintenant quatre mois qu’il ne consomme plus. Il y a des jours plus difficiles que d’autres. Quelques fois, l’angoisse de le voir arriver bourré me fige, j’ai appris à faire des exercices de respirations pour faire passer cette angoisse. Il y a des jours où les reproches des douleurs passées prend le dessus, je prends le téléphone et j’en parle avec une amie.
Je pense que l’homme que j’ai dans ma vie en ce moment n’est pas le même que celui qui consommait de l’alcool à tous les jours, j’apprends tranquillement à le redécouvrir, j’ai souvent d’agréables surprises, et quelques fois des moins agréables. J’apprends aussi à lui pardonner. Les blessures seront toujours en moi mais je pense qu’un jours elles feront moins mal.
Je ne sais pas encore si notre couple va survivre à cette épreuve. Mais si on ne survis pas, je sais que ce sera parce que nos chemins sont dus pour se séparer et pas de la lâcheté.
Je voudrais ajouter que ce qui rend la transition difficile c’est qu’on a l’habitude de se dire, ce n’est pas moi qui est malade, c’est lui. Donc on n’essais pas d’avancer et de comprendre ce qui se passe dans nos vies.
Bonne journée!
Nounours