Cette histoire de stewart et d'hôtesse me rappelle quelque chose que j'ai vécu à l'époque où je travaillais dans l'aviation.
J'étais en plein dans une vie de patachon à l'époque, mais laplupart de mes collègues vivaient comme moi : Des horaires décalés, la nouba, pas mal d'alcool...Même si on se comportait plus comme des ados toujours en goguette que comme des adultes, on riait bien, et lorsque je me souviens de certains moments passés, même alcoolisés, j'en ris encore...
On brûlait seulement notre vie à 1000 à l'heure, mais celà ne me posait pas encore trop de problèmes :
J'étais sur le côté "montant" de la pyramide de ma maladie alcoolique, je n'avais pas encore entamé son côté "descendant".Vers 2 heures du matin, lorsque les derniers charters de la journée arrivaient à Orly Sud et que les passagers en débarquaient, un stewart que j'aimais beaucoup et moi nous mettions chacun de chaque côté de la porte de l'avion et, au fur et à mesure que les gens en sortaient, nous les saluiions avec un large sourire en leur disant chacun à notre tour selons qu'ils étaient une femme ou un homme à sortir de l'apareil et sans trop articuler mais en saluant de la tête :
"Bonsoir banane" (pour les madames :p)
"Bonsoir vicieux" (pour les messieurs)
On retenait nos pleurs de rire.
Ce n'est pas du plus haut degré d'humour, j'en conviens, mais lorsque je me souviens de ces moments, j'ai encore plein de rire de sympathie dans la mémoire.
Je ne pense pas que ce soit l'alcool ou l'alcoolisme qui nous rendait ainsi, comme des enfants chahuteurs; Je pense que ma nature profonde (comme l'était celle de ce stewart) est celle de quelqu'un qui aime s'amuser avant tout, et qui ne digèrera jamais le fait que la vie puisse être vécue comme une usine d'enclumes.
Tout le temps que j'ai essayé de vivre "avec sérieux", j'ai eu besoin de m'alcooliser.
Depuis que je m'autorise vivre sérieusement mais avec beaucoup moins de sérieux (méditez la nuance :p), je vis enfin ma vraie vie, celle qui me ressemble à moi, tout au fond.
Poulou